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Категория: La France Orthodoxe
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La fille de Jaïrus et la femme atteinte de perte de sang

 

Bien-aimés frères et sœurs en Christ, l’Évangile du jour nous présente deux miracles inséparables, deux récits où se manifeste la puissance vivifiante de notre Seigneur Jésus-Christ : la guérison de la femme atteinte d’une perte de sang et la résurrection de la fille de Jaïrus. Deux situations humaines désespérées, mais un seul Sauveur, une seule lumière : la foi qui ouvre le cœur à la grâce.

Cette femme, depuis douze ans, portait un fardeau d’humiliation et de souffrance. Elle était rejetée à cause de sa maladie, considérée comme impure, privée de contact humain et de vie liturgique. Pourtant, dans le secret de son âme, elle nourrit une espérance : si je touche seulement la frange de Son vêtement, je serai guérie. C’est la foi qui parle, non la raison. C’est le cri silencieux du cœur qui croit à la miséricorde de Dieu. Et voici que, dès qu’elle touche le vêtement du Seigneur, la puissance divine agit, et la femme retrouve la santé. Le Seigneur s’arrête et demande : qui m’a touché ? Non pas parce qu’Il l’ignore, mais, comme dit saint Jean Chrysostome, « afin de manifester la foi de cette femme, de rendre son acte public, et de faire de sa guérison un enseignement pour tous ». Car le Christ ne veut pas seulement guérir en secret, Il veut que la foi soit confessée devant les hommes pour glorifier Dieu.

Lorsque la femme, tremblante, se jette à Ses pieds, Jésus lui dit : ma fille, ta foi t’a sauvée, va en paix. Saint Cyrille d’Alexandrie commente : « Le Seigneur appelle fille celle qu’Il adopte par la foi ; elle qui était exclue devient enfant de Dieu. » Quelle merveille ! Le Christ ne se contente pas de rendre la santé au corps, Il restaure la communion perdue, Il transforme la honte en dignité, la solitude en filiation.

Mais voici que la scène se déplace. Tandis que la joie éclaire le visage de cette femme, une autre douleur surgit : on vient dire à Jaïrus que sa fille est morte. Tout semble fini, l’espoir s’effondre. Mais Jésus dit au père abattu : ne crains pas, crois seulement, et elle sera sauvée. Dans ces quelques mots se trouve tout l’Évangile. Ne crains pas : car la peur est l’arme du démon. Crois seulement : car la foi ouvre la porte à la vie éternelle.

Arrivé à la maison, Jésus trouve les pleurs et la dérision. Il dit : ne pleurez pas, elle n’est pas morte, mais elle dort. Et tous se moquent de Lui, car ils ne comprennent pas. Saint Grégoire le Théologien écrit : « Pour Dieu, la mort n’est qu’un sommeil, car Celui qui a créé la vie peut la réveiller à Sa parole. » Et Jésus, prenant la main de la jeune fille, prononce : Mon enfant, lève-toi. Aussitôt l’esprit revient, et la vie renaît. Ce geste du Seigneur est plein de tendresse et de puissance. Il touche la main d’un mort, ce que la Loi interdisait, mais Lui, le Seigneur de la Loi, n’est pas souillé par la mort ; c’est la mort qui est vaincue par Son contact. Comme le dit saint Éphrem le Syrien : « Le Christ est entré dans la maison de la mort, et la mort s’est enfuie. »

Ces deux miracles sont le miroir d’un même mystère. La femme et la jeune fille ont toutes deux douze ans d’histoire : douze ans de souffrance d’un côté, douze ans de vie interrompue de l’autre. L’une perdait son sang, signe de la vie qui s’écoule, l’autre perd la vie elle-même. L’une symbolise l’âme malade du péché, l’autre l’âme morte par le désespoir. Et dans les deux cas, le Christ se manifeste comme le médecin et le "ressusciteur". La femme guérie figure l’humanité lavée de son impureté par la foi et par la grâce ; la fille relevée figure l’humanité ressuscitée par la puissance de la Résurrection.

Frères et sœurs, l’enseignement de cet Évangile est clair. Ce n’est pas la proximité physique du Christ qui sauve, mais la foi. Beaucoup Le pressaient, une seule L’a touché. Beaucoup L’écoutent, mais peu ouvrent vraiment leur cœur. Saint Jean Chrysostome disait encore : « La foule entoure le Christ, mais c’est la foi qui Le retient. » Nous pouvons venir à l’église, entendre les lectures, nous approcher des sacrements, mais si notre cœur n’est pas tourné vers Lui, nous ne recevons pas la grâce.

Le Seigneur nous dit aujourd’hui à chacun : ne crains pas, crois seulement. Dans nos douleurs, dans nos épreuves, dans nos angoisses, il nous suffit de tendre la main de la foi. Quand tout semble perdu, le Christ nous dit encore : elle n’est pas morte, elle dort. Ainsi parle Celui qui a vaincu la mort. Rien n’est vraiment perdu si nous gardons la foi.

Approchons-nous donc du Seigneur comme la femme de l’Évangile, avec humilité et confiance. Touchons-Le dans la prière, dans le repentir, dans la Sainte Communion. Car chaque fois que nous Le touchons avec foi, une force sort de Lui et nous guérit. Et si la mort elle-même frappe à notre porte, souvenons-nous qu’elle n’a pas le dernier mot, car le Christ a pris la main de la jeune fille, et par ce geste Il a pris la main de toute l’humanité.

Alors, frères et sœurs, que notre cœur s’ouvre à la parole du Seigneur. Que nous entendions intérieurement Sa voix qui nous dit aussi : mon enfant, ta foi t’a sauvée. Ne crains pas, crois seulement. Et nous aussi, nous ressusciterons à Sa lumière. Amen.

 

Père Zhivko Zhelev