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Категория: La France Orthodoxe
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L’œcuménisme en passe de devenir la norme au sein du Patriarcat de Moscou

Dans son allocution le jour de son sacre épiscopal en septembre 1993, notre regretté Archevêque Séraphime avait fort justement souligné qu’un des moments essentiels du rite du sacre d’un nouvel évêque est la confession solennelle du Symbole de foi par celui qui se voit élevé à la dignité épiscopale. Mais cette confession, est-elle aujourd’hui suffisante ? – poursuivait Mgr Séraphime. En effet, tous les évêques confessent le même Symbole de foi, mais cela signifie-t-il que tous possèdent une foi identique ? Tous les participants à ce sacre présidé par le regretté Métropolite Vitaly – notamment Mgr Mark, Mgr Varnava, le futur Mgr Michel, à l'époque p. Siméon Donskov et aujourd'hui frappé d'anathème, et tout le reste du clergé présent – comprenaient parfaitement ce que voulait dire Mgr Séraphime et ne pouvaient que partager son sentiment sur le fait que selon notre attitude concernant le sergianisme et l'œcuménisme, nous pouvions en effet croire différemment tout en confessant un Symbole de foi identique.
Cela a amené Mgr Séraphime а souligné à propos de l'њcumйnisme l’utilité manifeste de l’existence salutaire de l’Eglise Hors-Frontières car « tant que nous existons, le Patriarcat de Moscou est obligé de s’orienter par rapport а nous ». En effet, nous sommes en quelque sorte « un frein salutaire dans son glissement aveugle et insensé ». Paroles en or.

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Les fruits de la trahison du 17 mai ne se sont pas faits attendre longtemps.

Actuellement, sur internet, le voyage récent en France d’Alexis II et sa réception à la cathédrale Notre-Dame de Paris, ainsi que les prières qui y ont été dites, sont l’objet d’une furieuse critique, tout spécialement de la part de l’évêque Diomède de Tchoukotka qui accuse son propre patriarche ainsi que le Patriarcat qu’il préside, de nombreux mensonges canoniques et moraux.

Démarche courageuse, assurément digne d’approbation et d’encouragement, mais que, à dire vrai, nous ne comprenons pas totalement. Pourquoi, soudain, pareille sainte colère ? On serait tenté de dire à la suite de Shakespeare, « beaucoup de bruit pour rien ». Car, en effet, il ne s’est à Notre-Dame rien passé de si "terrible", ou plus exactement d’extraordinaire. Le Patriarcat de Moscou nous a habitués depuis longtemps à ce genre de prières communes, et à bien pire même, depuis qu’il est entré au Conseil Œcuménique des Eglises sur l’injonction du pouvoir khroutchevien au plus fort des persécutions contre l’Eglise, et qu’il a sombré sans gloire dans un œcuménisme débridé. Et de fait, il n’y a pas eu de concélébration а Notre-Dame, il y a eu "seulement" des prières en commun.

Espérons que personne n’ira imaginer que ce disant nous approuvons le comportement d’Alexis II et des autres hiérarques du PdM, ou que nous le considérons comme admissible du point de vue orthodoxe. Nous voulons simplement souligner le fait que rien d’extraordinaire ne s’est passé par rapport à la pratique habituelle du Patriarcat et que nous avons été bien plus surpris par la vigueur de la réaction et par l’indignation de cet évêque issu du Patriarcat de Moscou et rompu, donc, à ces pratiques, que par le comportement du patriarche soviétique qui est resté dans son rôle d’évêque soviétique.

Mais il est évident que la réaction courageuse et orthodoxe de l’évêque Diomède doit réjouir tout un chacun. Peut-on en déduire que la chute de la plupart des évêques Hors-Frontières aurait fait l’effet d’un contre-exemple et que la défense de l’Orthodoxie soit en train de passer maintenant dans le camp du PdM ? S’il en était ainsi, il faudrait en rendre grâce à Dieu. Nous savons qu’il y a parmi le clergé du Patriarcat un grand nombre de prêtres animés de sentiments les plus orthodoxes, refusant tout modernisme et œcumйnisme, mais le fait est que pour l’instant les appels de l’évêque Diomède à ses confrères résonnent comme une voix qui crie dans le désert...

Pour tous ceux qui refusent l’hérésie de l’œcuménisme, et tous ceux qui depuis le 17 mai – volontairement ou non – participent à cette hérésie par leur fusion dans le PdM, il convient de rappeler les paroles proclamées, pourrait-on même dire confessées, par le "métropolite" Cyrille Gundiaev, éminence grise du Patriarcat et souvent présenté comme le probable futur "patriarche", lors de la V° Conférence internationale de théologie réunie à la mi-novembre à Moscou où, sans l’ombre d’une hésitation il a ouvertement réfuté les saints canons, prétendant que l’interdiction clairement spécifiée par les canons de prier avec « les soi-disant hérétiques » ne concerne pas « la situation interchrétienne actuelle » ... Pareille tentative de théoriser la pratique œcuménique aurait, elle, mérité de se heurter à une indignation et une protestation véhémente. Il n’en fut rien.

Un souvenir nous revient. Nous étions au chevet de notre regretté Archevêque Antony qui reposait, gravement malade, à l’hôpital lorsque Mgr Ambroise, qui à l’époque était encore p. Pierre Cantacuzène, arriva, sourire aux lèvres, et tendit un article de presse dans lequel il était dit que Cyrille Gundiaev était en réalité un cardinal catholique clandestin. C’était en septembre 1993. Evidemment, nous ne nous prononçons aucunement sur la réalité de cette information, mais le simple fait de sa publication en dit long de la suspicion que peut faire naître ce favori du "métropolite" de Leningrad Nicodème Rotov, mort, rappelons-le, dans les bras de l’éphémère pape Jean-Paul I qui, avant de mourir subitement lui-même 3 semaines plus tard, avait rapporté qu’avant de trépasser Nicodème avait eu le temps de lui dire « des paroles merveilleuses sur l’Eglise » (on ne saura jamais lesquelles, toutes les hypothèses sont permises). Ce que l’on sait en revanche, c’est que c’est le pape (!) qui lut la prière des mourants sur le corps agonisant du "métropolite" "orthodoxe" et qui lui administra l’absolution de ses péchés ... (!)

Mais, revenons à Cyrille Gundiaev, qui est un homme logique et qui sait où il va. Après avoir théorisé ses vues hérétiques, il les dogmatise aussitôt.

Nous sommes stupéfaits de voir que le fait invraisemblable, révoltant, inconnu de toute l’histoire bimillénaire de l’Eglise et que nous allons relater, n’ait été relevé par personne.

Grâce à une information parue dans l’agence d’informations catholique Zenit /www.zenit.org/, dont la devise est « Le monde vu de Rome » nous apprenons que le 11 novembre (c’est-à-dire quelques jours avant la conférence évoquée ci-dessus), le même Cyrille Gundiaev s’est rendu à Alicante où a été érigée la première église du PdM en Espagne. Comme toujours en pareille occasion, les autorités civiles et religieuses de la ville avaient été invitées pour la consécration et la première Liturgie. Lorsque vint le moment de consacrer l’église, le "métropolite" Cyrille se tourna vers l’évêque catholique, Mgr Rafael Palmero Ramos, en disant textuellement : « Etant donné que nous sommes dans ce diocèse dont vous avez la charge, je vous demande de bien vouloir procéder à la bénédiction de cette église ». Ni plus, ni moins. Le père Emilio Benedett, prêtre jésuite, afin de dissiper le moindre doute, a tenu à fournir l’éclaircissement suivant : « En disant cela, il avait voulu être explicite, et faire comprendre que Mgr Palmero est l’évêque du lieu et qu’en tant que successeur des apôtres, il préside la communauté chrétienne de l’Eglise d’Orihuela-Alicante ».

Selon l’expression consacrée : tout commentaire serait superflu.

Nous proposons cette information scandaleuse à l’auditoire le plus large, notamment à l’évêque Diomède, dans l’espoir qu’elle puisse le renforcer dans sa conviction du caractère hérétique de l’Eglise à laquelle il appartient. Nous la proposons de même à nos anciens et malheureux frères qui, hier encore, confessaient que l’œcuménisme était l’hérésie des hérésies et qui aujourd’hui se trouvent sous l’autorité de tels hérétiques éhontés. Et qu’ils cessent de se mentir à eux-mêmes, et aux autres, en prétendant qu’ils sont toujours l’Eglise Hors-Frontières et ne seraient soumis au Patriarcat de Moscou que de façon formelle. Cyrille Gundiaev, décidément très en verve, n’a-t-il pas dit ces jours-ci avec une satisfaction non feinte que dorénavant, depuis la "réconciliation" avec l’Eglise Hors-Frontières, le Patriarcat de Moscou disposait de plus de 600 églises au-delà des frontières de l’ex-URSS. Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende.

Combien Mgr Séraphime avait raison lorsqu’il disait : «Que l’Eglise Hors-Frontières vienne à disparaître ou à se fondre dans la masse informe de l’Eglise officielle, nous perdrions immédiatement tout notre sel, toute notre force et notre aptitude à servir de frein. Cela ne manquerait pas de délier les mains du Patriarcat, et pas seulement dans le domaine de l’œcuménisme... Qui peut dire vers quels abîmes il pourrait alors être entraîné... Qu’en adviendrait-il et du Patriarcat et de l’Orthodoxie en Russie?». Mgr Séraphime nous avait également raconté un trait particulier de Mgr Mark officiant lors du rite du Triomphe de l’Orthodoxie. Il paraitt que cet idéologue et praticien de la destruction de l’EORHF, se tenant sur sa chaire au milieu de sa cathédrale, frappait violemment le sol de sa crosse au moment où le Protodiacre proclamait les anathèmes, comme s’il voulait par ce geste faire fuir les démons ! Il serait intéressant de savoir si, dans 3 mois, à l’occasion du prochain Triomphe de l’Orthodoxie, il frappera encore le sol de sa crosse avec le même air terrifiant lorsque dans sa cathédrale (où il vient de concélébrer avec le "patriarche" Alexis devant notre hodiguitria, l’icône miraculeuse de Koursk) le Protodiacre proclamera à haute voix l’anathème contre l’hérésie de l’œcuménisme ?

Mais, soyons sérieux : de quelle hérésie parlons-nous ?! Des personnes éclairées et hautement spirituelles nous ont clairement fait comprendre que l’œcuménisme n’est en rien une hérésie, mais une confession commune des valeurs chrétiennes dans ce monde qui en a tant besoin. D’ailleurs, le 14 août dernier, le "métropolite" Cyrille, en sa qualité de Président des Relations extérieures du Patriarcat, avait déjà déclaré : « Il n’y a plus de divergences entre le PdM et l’EORHF concernant l’œcuménisme ».

Protodiacre Germain Ivanoff-Trinadtzaty