Orthodoxie Russe et Côte d'Azur
On est souvent questionné sur la situation de notre église de Cannes. Plus d'une fois, nous avons vu, sur des forums notamment francophones sur l'Orthodoxie, des internautes s'étonner de n'avoir aucune information sur la situation cannoise, contrairement au problème de la cathédrale de Nice, très largement commenté du fait, sans doute, de la décision contre-nature rendue par les tribunaux français, décision pourtant très massivement saluée par les tenants d'une forme de realpolitik à l'égard de la Russie post-soviétique. Décision contre-nature, car comment qualifier autrement le fait que cette cathédrale, construite sur la cassette personnelle de notre saint Tsar-Martyr Nicolas, soit attribuée aux héritiers politiques et idéologiques de ceux qui ont assassiné la Famille Impériale en en faisant leurs héritiers juridiques ? Cette décision est non seulement contre-nature et immorale, mais encore elle est en contradiction avec une règle traditionnelle du droit français – l'usucapion – selon laquelle on devient propriétaire d'un bien, dont le propriétaire est inconnu ou disparu, lorsque l'on occupe ce bien de manière ininterrompue durant trente années et dont on a acquitté sur cette période tous les droits et taxes afférents. En l'occurrence, à Nice, il s'agissait non de trente années, mais de plus de quatre-vingt-dix ans et néanmoins l'Archevêché Russe du Patriarcat de Constantinople a été sur décision de Justice contraint de rendre ce bien lui appartenant à la Fédération de Russie, qui s'est empressée de le transmettre au Patriarcat de Moscou avec toutes les conséquences que chacun peut aisément imaginer.
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A Cannes, la situation est quelque peu différente, l'église Saint Michel Archange, fondée par des particuliers en 1894 pour les besoins religieux des résidents Russes de la Côte d'Azur, se trouve depuis de nombreuses décennies sous l'autorité de l'Église Orthodoxe Russe Hors-Frontières et est tout naturellement régie par le droit français relatif aux Associations cultuelles. Notre église de Cannes, au même titre que toute l'Émigration Russe blanche, a été secouée par les événements qui, à la fin du XX° siècle, ont ébranlé le colosse soviétique, et a été touchée par l'action déstabilisatrice téléguidée de Moscou. De nombreux émigrés Russes ont mordu à l'hameçon tendu par ceux que leurs parents et eux-mêmes avaient combattu militairement, puis idéologiquement, durant plus de 80 ans. Cette déstabilisation a tout naturellement affecté notre paroisse cannoise où, dans la plus grande transparence, une Assemblée générale extraordinaire des paroissiens, réunie en avril 2002 sous la présidence d'un huissier de justice, a tranché souverainement la question de l'orientation et du choix juridictionnel de l'Association. Avec une majorité significative, l'Assemblée s'est prononcée en faveur de la ligne traditionnelle de l'Église Hors-Frontières, refusant explicitement la ligne d'un rapprochement avec le Patriarcat de Moscou (qui a inévitablement abouti en 2007 à une union-absorption) initiée par Mgr Lavr.
En avril 2006, l'évêque Varnava (Prokofieff) décida à titre personnel, vraisemblablement plus pour des motifs crapuleux qu'idéologiques, de changer radicalement de position, tournant le dos à la ligne qu'il avait lui-même défendue ouvertement quatre ans plus tôt, et de se mettre sous l'autorité de Mgr Lavr. C'est à cette époque que les paroissiens, sidérés, apprennent que leur ancien évêque a contracté un pacs avec le moine-prêtre Seraphim (Barantchikov) (!), et que des sommes astronomiques d'origine douteuse arrivent sur un « compte-bis », sommes que l'évêque tenta de détourner sur son compte personnel qui sera à temps bloqué par les autorités publiques. Il s'en suivra une condamnation, confirmée en appel, de six mois de prison avec sursis pour tentative de détournement de fonds. Nullement assagi par sa condamnation, Varnava Prokofieff continue d'ailleurs à dilapider à son profit personnel l'argent de l'Association sans pour autant être nullement inquiété par la Justice. Entre temps, il s'adresse personnellement au Patriarche de Moscou et au Président Poutine qu'il appelle « à prendre sous sa protection ce patrimoine de la Russie » qui serait en danger du fait que les membres de l'Association le considéreraient comme leur bien personnel et voudraient en disposer à leur guise ... C'est l'hôpital qui se moque de la charité, dirait la sagesse populaire.
C'est pourtant cet évêque Varnava et son compère Seraphim Barantchikov que le Synode de Mgr Hilarion, qui depuis la mort de Lavr préside aujourd'hui la partie de l'Église de l'émigration ralliée au Patriarcat de Moscou, rétablit dans leurs titres et fonctions et installe arbitrairement et de façon parfaitement illégale à la tête de la paroisse et de l'Association après les avoir auparavant interdits et réduits à l'état laïc pour fautes multiples et manquements graves ! Ce qui en dit long sur les principes moraux de ce Synode ...
mais que ne ferait-on pas pour garder la main sur l'alléchant patrimoine mobilier et immobilier de l'église de Cannes !
Pendant ce temps, les membres véritables du Conseil d'administration soutenus par les fidèles sont l'objet de menaces, même de mort, sont molestés et physiquement empêchés de pénétrer dans leur église et d'en assurer la gestion conformément à la législation française. Le clergé de l'Église Hors-Frontières, venu suppléer la défaillance de Varnava et Seraphim, est physiquement empêché de pénétrer dans l'église et de célébrer.
Cette situation inique et en tous points scandaleuse dure depuis plus de six ans. Depuis plus de six ans les membres véritables de l'Association mènent en Justice un combat s'apparentant à celui du pot de terre contre le pot de fer contre un adversaire à plusieurs têtes : officiellement le Synode présidé par Mgr Hilarion, mais soutenu et œuvrant de concert avec le Patriarcat de Moscou, et donc la Fédération de Russie, ainsi qu'avec la mafia soviétique installée sur la Côte d'Azur.
Un premier jugement prononcé en 2009 rétablit le droit, mais est aussitôt contesté en appel par la partie adverse. Après de multiples reports, la Cour d'appel d'Aix-en-Provence confirmera le 2 février 2012 la décision de 2009 et rétablira pleinement et définitivement dans ses droits le Conseil d'administration tel qu'il était au moment du changement de cap opéré sans et contre l'avis du Conseil par l'évêque Varnava. Toutefois, forts de leur sentiment de totale impunité et forts de leurs soutiens occultes, les usurpateurs font fi des décisions de Justice et refusent de restituer l'Association et l'église à ceux qui doivent légalement en assurer la gestion et la responsabilité. Un Administrateur judiciaire spécialement missionné, mais avec des pouvoirs insuffisants, ne parvient pas plus à faire appliquer la décision du 2 février 2012. Un nouvel appel présenté la semaine dernière devrait, espérons-le, étendre ses droits et permettre la restitution des clés à leurs propriétaires légitimes. Un audit des comptes depuis 2006 devra être effectué et les responsabilités de chacun établies. Ceux qui occupent sans aucun droit la maison paroissiale, et dont personne ne connaît l'identité, ni le nombre réel, devront quitter ce logement gratuit qu'ils squattent depuis des années. Enfin, et c'est l'essentiel, le clergé de l'Église Orthodoxe Russe Hors-Frontières devra être en mesure de reprendre des célébrations liturgiques qui seront ouvertes à tous les orthodoxes qui désireront y participer. Ainsi sera rétablie la légalité, la justice et, espérons-le, la paix dans la communauté orthodoxe de Cannes, ce qui ne serait que la moindre des choses dans un pays de droit comme l'est et doit l'être la France.
C'est avec plaisir que nous constatons une évolution perceptible en ce sens de l'opinion publique que chacun peut constater en prenant connaissance de l'enquête de l'édition spéciale de l'Express N° 3227, semaine du 8 au 14 mai 2013. Cette étude courageuse et objective devrait permettre à chacun, notamment à Monsieur Brochard, maire UMP de Cannes, à ne pas se résigner devant le coup de force perpétré par Moscou.
Protodiacre Germain Ivanoff-Trinadtzaty
Secrétaire du Diocèse d'Europe Occidentale
Église Orthodoxe Russe Hors-Frontières
Ouvrir les trois pièces jointes ci-dessous de l'édition spéciale de l'Express N° 3227, semaine du 8 au 14 mai 2013
