Sermon sur LA NATIVITÉ de la T. S. MÈRE DE DIEU


Vêpres : Genèse XXVIII, 10-17 ; Ezéch. XLIII, 27 et XLIV, 1-4 ; Prov. IX, 1-11
Matines : Luc I, 39-49, 56.
Liturgie : Philip. II, 5-11 ; Luc X, 38-42 et XI, 27-28



AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !
Bien aimés Frères et Sœurs,


La Nativité est une des très grandes fêtes de la Mère de Dieu, nous y retrouvons les textes cardinaux que nous venons d’entendre, mais en outre cette solennité est très proche de celle de la Déposition de la précieuse Ceinture à Chalcoprateia, ce qui nous invite à méditer ce qu’a de fondamental la suréminente pureté de la Vierge et Mère de Dieu - ce que notre époque a oublié.

I - La Lecture de la Genèse relate le Songe de Jacob. Le saint Patriarche s’était étendu dans un lieu aride, il fait d’une pierre son oreiller, il s’endort et il voit en songe une immense échelle s’élevant jusqu’au ciel et sur laquelle montaient et descendaient les anges et sur laquelle s’appuyait Dieu, c’est-à-dire le Christ. Cette échelle est l’image de l’ascension spirituelle à laquelle nous sommes tous appelés. Ce sont les degrés de la vie contemplative et ascétique. Elle repose sur la terre, cette terre promise dont Dieu fait explicitement don à Jacob Israël auquel il dit que sa descendance sera innombrable. Cette terre promise, c’est l’Israël de Dieu, c’est-à-dire l’Église, car nous somme tous la descendance d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, comme le dit l’apôtre Paul aux Galates, mais c’est aussi – car c’est une lecture mariale – la vie contemplative de la Marie évangélique, sœur de Marthe et de Lazare, et comme nous le comprendrons par les textes qui suivent, de la Mère de Dieu et toujours Vierge Marie.

La Prophétie d’Ézéchiel, les sept jours du sacrifice étant accomplis, se situe au huitième jour – c’est-à-dire, selon la transmission, à l’accomplissement : et là vient ce qui a trait au Christ et au Dimanche, temporel, mystique et éternel. C’est donc ici que se situe la révélation ayant trait à Marie et à la maternité divine : cette porte, est-il dit au Prophète, restera fermée et c’est par là que passera le Seigneur, il y prendra son repas (Il S’incarnera) et Il ressortira par le même chemin, la porte restant fermée. C’est la virginité perpétuelle de Marie, avant et après l’enfantement. Et le prophète voit le temple plein de la Gloire de Dieu et tombe la face contre terre. Les Proverbes évoquent la maison de la Sagesse – c’est-à-dire du Verbe notre Dieu – Sa maison a sept piliers – les Dons du Saint Esprit –, elle aussi, la Sagesse, a accompli un sacrifice – le sacrifice rédempteur – et elle convie à son repas – la sainte Cène –, par l’envoi de ses servantes, les humbles et les ignorants, autant et plus que les sages qui cependant deviendront plus sages encore.

II - Des jours, néanmoins, seront ajoutés à leur vie, ce qui est l’annonce de l’éternité, mais prioritaire est l’humilité. L’épître aux Philippiens, en liaison avec cette option de la Sagesse, propose l’exemple éternel de l’humilité du Christ, qui, étant égal à Dieu, ne craignit pas de S’humilier, de Se faire homme, d’endurer les souffrances des hommes, la mort et quelle mort : la mort sur la croix ! Mais Dieu donna à Jésus un nom qui est plus grand que tout nom et devant lequel fléchit tout genou, sur la terre et au ciel !

III - L’évangile de la veille va dans le même sens. Marie n’est-elle pas, elle la plus glorieuse de toutes les créatures, l’exemple même de l’humilité ? Cet évangile est celui de la Visitation. L’ange Gabriel vient de se retirer, et Marie court vers la montagne chez sa parente Élisabeth, naguère stérile, et dont l’archange venait de lui dire qu’elle attendait un enfant – le baptiste Jean. Marie sans désemparer se rend donc chez Élisabeth – où elle resta trois mois pour la servir et l’assister …

Mais, à la salutation de Marie, l’enfant tressaille dans le sein de sa mère qui, animée par l’Esprit, dit : « Tu es bénie entre les femmes et béni est le fruit de ton sein ! Mais comment se fait-il que la Mère de mon Seigneur vienne vers moi ? » Or Marie répond par ces mots éternels : « Mon âme magnifie le Seigneur et mon esprit se réjouit en Dieu mon Sauveur, parce qu’il a regardé l’humilité de sa servante. Voici que désormais toutes les générations m’appelleront bienheureuse, car le Tout Puissant a fait en moi de grandes choses ». Dieu a regardé l’humilité de sa servante …

IV - Tellement humble en effet que – en apparence – l’évangile de la fête (comme des autres grandes fêtes mariales) ne parle pas d’elle ! Il parle, en effet, d’une autre Marie, la sœur de Marthe et de Lazare ! Vous venez de l’entendre. Ce n’est pas une inadvertance de notre Tradition orthodoxe : c’est en effet la tradition de toute l’Église chrétienne, bien antérieure au schisme du XIe siècle. Les Catholiques aussi avaient cet évangile apparemment paradoxal jusqu’en 1950 où Pie XII choisit un autre évangile de l’« Assomption ». Cela nous montre que, comme nous l’avons compris par la Lecture des Proverbes, la Sagesse transcende les intelligences humaines. « Je Te loue, dit le Christ à son Père, d’avoir caché ces choses aux sages », les intelligenty, dont on connaît les prétentions. Mais le mystère est clair pour celui qui lit humblement. L’évangile de ce jour s’achève par ces paroles que vous avez entendues : « Une voix de femme s’éleva de la foule et dit : Bienheureuses les entrailles qui t’ont porté et bienheureuse la poitrine qui t’a allaité … » Mais, bien aimés Frères et Sœurs, il n’y avait pas de foule ! puisque le Christ se trouvait dans la maison de Marthe et de Marie. Cette exclamation de la femme au milieu de la foule, elle marque la fin d’un autre épisode ! La Sagesse de l’Église une sainte catholique et apostolique a accolé deux parties qui ne faisaient pas un tout et elle en a fait cet évangile marial.

Et la réponse du Christ notre Dieu montre bien que cet évangile ainsi rassemblé s’applique parfaitement, non pas à la sœur de Marthe, mais à Sa Mère : « Dites plutôt : Heureux ceux qui reçoivent la Parole de Dieu et qui la gardent » Qui a mieux gardé la Parole de Dieu que celle en qui le Verbe S’est incarné ?

Tels sont les trésors que la liturgie nous donne. Mais je ne veux pas terminer sans revenir sur cet autre enseignement inhérent à la proximité des deux fêtes que j’ai évoquée en commençant. La précieuse Ceinture, c’est l’emblème visible de la Pureté de celle que nous appelons justement « la toute pure ». Marie la Vierge avait grandi dans le Temple comme dans un couvent. C’est là que le juste Joseph, veuf, père de Jacques, était venu la chercher. Marie devait avoir tout juste treize ou quatorze ans et elle est restée toujours vierge et toujours pure.

Combien notre triste époque a perdu la notion même de cette valeur ! Or de la virginité de Marie est né notre Salut.
En ce jour de sa Nativité, vénérons la virginité de la « toute pure »


AMIN

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