DIMANCHE du JUGEMENT


Matines : Marc XVI, 9-20
Liturgie : 1 Cor. VIII, 8 - IX, 2 ; Matt. XXV, 31-46


AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT ESPRIT !
Bien aimés Frères et Sœurs,


I – Ce dimanche qui est celui du Jugement, est également le dimanche de « Carnaval » - ce qui veut dire : « adieu, la viande ! » - et marque l’accès dans le jeûne, relativement limité, de la « Semaine des Laitages ».

Ceci nous explique immédiatement le thème de l’épître aux Corinthiens qui vient d’être lue. L’apôtre parle du jeûne, d’une certaine manière quant au fond : la nourriture ne nous rapproche ni ne nous éloigne de Dieu : si nous mangeons, nous n’aurons rien de plus, et si nous ne mangeons pas, rien de moins. Cela remet les choses au point : le jeûne n’est pas un concours d’athlétisme, on ne regarde pas qui jeûne plus ou moins.

Mais attention : il peut arriver qu’un croyant pieux soit amené un jour – par telle circonstance momentanée – à ne pas jeûner ... Mais si un fidèle moins averti, le voit ne pas jeûner en un lieu public (comme étaient les temples païens) et s’il est scandalisé, alors il faut s’abstenir de ce repas afin de ne pas scandaliser ce fidèle innocent pour lequel Christ est mort !

Plutôt que de scandaliser un frère, conclut l’apôtre, j’aime mieux ne plus jamais manger de viande.

L’abstention de certaines nourritures reste également dans le Carême une règle de spiritualité : il s’agit, pour nous, de nous priver des nourritures carnées – qui sont des excitants et qui, comme telles, contrarient la prière.

II – Le Carême est une période bénie d’affinement dans notre acheminement annuel et perpétuel, vers le Seigneur, Pâques, d’abord, qui est la fête de notre Salut, et ensuite le Jour Terrible du Jugement celui qui nous attend au-delà de notre vie. Dans la péricope d’aujourd’hui, le Christ évoque Son retour, avec tous les anges, lorsqu’Il viendra pour juger tous les hommes. Le monde actuel, fondamentalement païen, n’y pense pas, mais il y aura ce Jugement final où certains seront condamnés, tandis que d’autres seront sauvés.

« Tous les hommes seront sauvés ! » disent aujourd’hui les sots, les jouisseurs, certains « intellos », voire certaines pseudo églises. Du tout ! Le Christ notre Dieu dit explicitement le contraire ! Au jour terrible, il séparera Lui-même les brebis d’avec les boucs, les bons qui donnent du fruit et les mauvais qui n’en donnent pas !

Le critère de discernement du Juge est explicité. Aux brebis Il dira : « Venez les bénis de mon Père au Royaume préparé pour vous dès le commencement du monde » car, poursuit-Il, « j’ai eu faim et vous m’avez nourri, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire, j’étais nu et vous m’avez vêtu, malade et vous m’avez soigné, prisonnier et vous m’avez visité » … Mais ces bons répondront avec stupeur : « quand t’avons-nous trouvé affamé et t’avons-nous nourri ? Quand, assoiffé et t’avons-nous désaltéré » … et ainsi de suite pour tous les autres secours évoqués. Ils sont ébahis, mais le Christ leur répond : « Quand vous l’avez fait au plus petit d’entre mes frères, c’est à Moi que vous l’avez fait ».

« Au plus petit D’ENTRE MES FRÈRES … » : C’est généreux, sans aucun doute, d’envoyer de l’argent à Haïti ou ailleurs. Mais les frères du Christ c’est ceux qui se rattachent à Lui, ecclésiastiques et fidèles, et qui, par suite, reçoivent et donnent A CAUSE DE LUI.

Comme nous le savons, et comme je le rappelais plus haut, le jeûne est un moyen privilégié d’affinement et d’approfondissement spirituel. Mais, comme il est dit ailleurs dans les évangiles, il ne s’agit pas de s’isoler dans son propre ascétisme, de prendre la mine contrite et de se replier sur soi : ayez au contraire un comportement bienveillant et souriant comme si vous ne jeûniez pas : pratiquons le jeûne, mais n’oublions pas le prochain – c’est-à-dire les plus proches, au sens étymologique du terme. Le jeûne ne doit pas se disjoindre de la charité.

Ainsi armés par ces commandements salutaires, acheminons-nous fraternellement vers un SAINT CARÊME !

AMIN

 


 

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