SERMON du 18-e DIMANCHE après Pentecôte



Matines : Jean XX, 1-10
Liturgie : 2 Cor. IX, 6-11 ; Luc VI, 31-36



AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !

Bien-aimés Frères et Sœurs,


Le septième « évangile de la Résurrection » évoque Marie-Madeleine qui voit que la lourde pierre placée devant le Tombeau a été ôtée. Elle constate aussi que le Corps du Seigneur a disparu. Elle va avertir Pierre qui vient en compagnie de Jean. Jean, plus jeune, court plus vite, il arrive le premier, voit les bandelettes, mais n’entre pas. Pierre arrive, voit d’un côté les bandelettes, de l’autre le voile du visage, et il entre. Jean raconte qu’il entre aussi : il voit et il croit. Car, ajoute-t-il, il n’avait pas encore pénétré le sens des Écritures et compris que le Christ devait ressusciter des morts.

Nous assistons ainsi à la deuxième Conversion de Jean, à son Illumination, survenue – ne l’oublions pas, en particulier en ce jour ! – dans un Tombeau …

I – La Miséricorde de Dieu est inépuisable, paradoxale même : que notre charité s’en inspire !

Celui qui sème peu, dit l’Épître aux Corinthiens, récoltera peu et celui qui sème largement récoltera en abondance. On a toujours tendance à donner chichement, éventuellement parce qu’on redoute de manquer. Mais Dieu, enseigne cette péricope, vous donnera toujours suffisamment de biens pour que vous donniez en abondance. Pourquoi ? Parce qu’il est un Dieu bon et miséricordieux et que par suite il ne laisse pas manquer de biens celui qui donne.

Me revient à l’esprit l’exemple de ce saint Cottolengo qui recueillait tous les pauvres, les malades, les infirmes … Son Hospice prenait de l’extension, il y avait toujours plus de gens dans le besoin et qui n’avaient pas d’autres recours. Il y avait aussi des dons, généreux et imprévisible, car ce grand saint n’était pas un gestionnaire. Il vivait au jour le jour de la charité et il donnait, il donnait inépuisablement. La sœur trésorière s’affolait : un jour à bout de ressources, elle lui apporte un napoléon, un seul : c’est tout ce qui nous reste, Père ! « C’est le dernier ? » - « Oui, Père … » - « Donnez-le moi ! » Et il le jette par la fenêtre ! Dans l’après-midi même arrivent un don généreux qui suffisait à faire vivre l’Hospice pendant plusieurs mois !

Ne donnez pas en retenant, donnez abondamment et le Seigneur vous donnera toujours assez de biens pour que votre charité ne s’épuise pas. De l’ombre, comme nous le voyons par l’exemple de saint Jean, procède toujours la Lumière !

II – L’Évangile de ce jour, commence par une maxime, pourrait-on dire, « de bonne compagnie » : Ce que vous voulez que les hommes vous fassent, faites-le leur aussi ! Mais le Seigneur ne s’en tient pas à ces banalités de bonne compagnie, il les transcende aussitôt en passant au cas limite : « Si vous n’aimez que ceux qui vous aiment, quel gré vous en saura-t-on ? » Les pécheurs aussi font de même. « Si vous ne faites du bien, qu’à ceux qui vous en font, quel gré vous en saura-t-on ? Les pécheurs et les méchants font de même … Moi, je vous dis, poursuit le Seigneur, aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans espoir de retour »!

Donnez, en somme, à fonds perdu !

Vous sombrerez selon le monde, mais votre récompense sera grande ET VOUS SEREZ LES ENFANTS DU TRÈS-HAUT !… parce qu’Il est bon envers les ingrats et les méchants …

L’ombre n’arrête pas la Lumière.

SOYEZ DONC MISÉRICORDIEUX COMME VOTRE PÈRE CÈLESTE EST MISÉRICORDIEUX !


AMIN

 

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SERMON de la FÊTE du « POKROV »
[du « VOILE » ou « PROTECTION » de la Mère de Dieu]



Vêpres : Gen. XXVIII, 10-17 ; Ezéch. XLIII, 27 et XLIV, 1-4 ; Prov. IX, 1-11
Matines : Lc IV, 1, 39-49, 56.
Liturgie : Hébr. IX 1-7 ; Lc X, 38-42 et XI, 27-28

 


La Fête du POKROV est une des plus grandes fêtes de la Mère de Dieu, une de celles auxquelles le peuple russe est particulièrement attaché : tout le peuple orthodoxe se sent sous le voile protecteur de la Mère de Dieu, comme lors du miracle que nous célébrons. La Mère de Dieu est apparue dans l’église des Blachernes, au dessus des Portes Royales. Elle tenait son voile sous lequel se trouvait tout le peuple.

Et nous savons et nous espérons que la Mère de Dieu avec la merveilleuse procession, vienne chercher notre âme à notre mort.

L’église des Blachernes se trouve à « Tsargrad » – la ville de l’empereur qui en l’occurrence est Constantinople.

I - Les lectures et les textes de ce jour sont, en général, ceux des fêtes de la Mère de Dieu. Toutefois l’Epître est tirée de la Lettre aux Hébreux. Dans cette péricope, saint Paul présente la disposition du Temple de la Première Alliance. Celui-ci comportait deux parties, deux tentes, comme l’on disait, qui rappelaient la disposition du Temple dans le désert. Ces deux parties, vous n’avez pas peine à vous les représenter, car ce sont, après le narthex ou vestibule, les deux parties de nos églises orthodoxes, la nef où se tiennent les fidèles et le sanctuaire. La nef était appelé [lieu] saint, et, au-delà du voile de séparation que nous avons toujours aux portes royales, il y avait le saint des saints. Mais si, dans le saint les prêtres se tenaient généralement pour accomplir le service liturgique – ce que nous faisons toujours pour les mariages, baptêmes, enterrement panikhide, moleben -, dans le saint des saints, seul le grand prêtre pouvait entrer, une fois par an, et non sans s’être muni de SANG.

Chez nous aussi, le sanctuaire est réservé au clergé et acolytes, qui y entrent pour célébrer et qui sont munis du Sang de Jésus-Christ, l’agneau sans tâche.

Mais dans cette partie de la péricope d’aujourd’hui qui se limite à la description des deux parties du Temple, l’Eglise n’a pas le souci de marquer la continuité entre les deux alliances, elle donne simplement et sans commentaire l’épître de cette fête de la Mère de Dieu.

C’est dire que cette description du Temple s’applique à la Mère de Dieu. Il y a le saint où sont les fidèles, mais au-delà de l’iconostase se trouve le saint des saints où est Dieu et où s’accomplit la Consécration. « Christ est parmi nous » /po sredi nas/, disent lors de la Communion, prêtre et diacres.

Le saint des saints est image de la Mère de Dieu, puisque c’est en elle que Dieu est venu PARMI NOUS.

II – L’icône du POKROV qui est devant vous et que vous vénérez avec nous est aussi le récit de l’apparition. La Mère de Dieu tenant son voile déployé est apparue au dessus de l’ambon, mais seul la voyait saint André qui faisait de grands gestes pour la montrer – car il était muet. Ce bienheureux André était un Fou de Dieu. Il y en avait donc en ce temps là à Byzance, comme il y en a eu beaucoup en Russie, au point que les Fous de Dieu apparaissent comme des saints propres au peuple russe. On en compte beaucoup en effet, parmi les saints de la Russie, l’une des plus récentes étant sainte Xénia.

Saint André faisait de grands gestes pour attirer l’attention de son compagnon d’ascèse, Epiphane. Saint Romanos le Mélode qui prêchait alors comme le représente l’icône l’a vue aussi.

Il y a eu en somme deux ou trois témoins privilégiés, le Fou de Dieu André, Epiphane son disciple en ascèse, Romanos le Mélode, qui est un poète, car la composition d’hymne relève de la poésie …

Des « marginaux », en un sens, alors qu’il y avait dans cette église, beaucoup de gens « très bien », pourrait-on dire, des fidèles pieux également et sages.

Mais ce « privilège » des Fous de Dieu, des poètes ne nous surprend pas. Dans les Proverbes lus hier pour cette fête, la Sagesse elle-même a préparé son repas, elle a envoyé ses servantes et elle crie : « Que celui qui est simple entre ici ». Elle dit à ceux qui manquent d’intelligence : « Venez, mangez de mon pain et buvez de mon vin … ».

Il y a les vanités de l’intelligence, et il y a la rectitude des fous de Dieu.

Mais il est dit également : « Laissez la sottise et vous vivrez, marchez dans le chemin de la prudenceLe commencement de la sagesse est la crainte de Dieu et le conseil des saints c’est l’intelligence ».

Par l’intercession de saint André, le Fou de Dieu, de saint Romanos le Mélode et de saint Epiphane, marchons dans le chemin de la prudence sous le POKROV de la Toute Sainte Mère de Dieu !


AMIN

 

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SERMON du 17-e DIMANCHE après la PENTECÔTE
et trépas de St Jean le Théologien




Matines : Luc XXIV, 36-53
Liturgie : 2 Cor. VI, 16 – VII, 1 ; Luc V, 1-11
1 Jean IV, 12-19 ; Jean XIX, 25-27, 21, 24-25



AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,


Dans le sixième évangile de la Résurrection lu aux matines, Christ apparaît à nouveau à tous Ses apôtres. Ceux-ci croient d’abord voir un fantôme. Il leur dit qu’il n’en est rien, leur montre Ses mains et Ses pieds, et comme ils doutaient encore dans leur joie, Il leur demande s’ils avaient quelque chose à manger. Les apôtres Lui donnent des poissons et un rayon de miel qu’Il mange devant eux, et c’est après leur avoir rappelé tous les passages des Écritures Le concernant qu’Il les conduit sur la route de Béthanie … Il les bénit alors, et, sous leurs yeux, Il s’élève vers le ciel. Un nuage Le dérobe à leur vue, et ils rentrent à Jérusalem dans une joie totale car ils ont vu Dieu !

I Dans le texte de l’épître au Corinthien, prescrite en ce jour, Dieu en incitant les convertis à quitter totalement les idoles, dit en propres termes : « Vous êtes le Temple de Dieu », et à ce peuple réuni et purifié, Il ajoute : « Je serai votre Père et vous serez mes fils et mes filles ! » Quelle surhumaine tendresse ! Avec raison et dans son émotion, l’Apôtre ajoute et conclut : « Purifions-nous ! »

« Personne n’a jamais vu Dieu », commence à rappeler l’apôtre Jean, mais il ajoute aussitôt : « Si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous ! » et il poursuit explicitement : « Nous, nous L’avons vu et nous rendons témoignage que le Père a envoyé Son Fils pour être le Sauveur du monde. Quiconque confesse que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui, et lui demeure en Dieu ».

Nous avons vu, poursuit-il, l’amour que Dieu a pour nous, d’où il affirme cette vérité suprême : « Dieu est charité ».

Soyons donc sans crainte ! Si quelqu’un dit qu’il aime Dieu et qu’il n’aime pas son frère, c’est un menteur !

Que celui qui aime Dieu, aime aussi son frère !

II La péricope de l’évangile de Luc prend en apparence les choses de très loin. Christ monte dans la barque de Simon et lui demande de s’éloigner un peu du rivage de manière à ce qu’Il puisse prêcher au peuple. Après Son enseignement, Il dit à Simon de jeter son filet à droite de la barque. Simon témoigne qu’ils avaient travaillé toute la nuit sans rien prendre, mais que, sur la foi du Maître, il jettera ses filets. Ce qu’il fait et les filets se remplirent tellement de poissons qu’il est obligé d’appeler ses collègues pour l’aider à tirer ce filet. Les autres viennent, l’aident, tirent les filets jusqu’au rivage. Simon dans une sage humilité dit au Seigneur : « Retire-Toi, Maître, car je suis pécheur ». Mais le Seigneur dans sa bienveillance lui dit : « Ne crains pas ! Je te ferai pécheur d’hommes ! ».

C’est ainsi le récit de la vocation de Simon et d’André et également de leurs compagnons, Jean et Jacques.

Ils ont rencontré Dieu et à sa suite, ils participent à la pêche miraculeuse de leurs frères, les hommes que le Christ est venu sauver.

III L’évangile de Jean, en ce jour de sa fête, est d’une singulière brièveté. En ce soir de Sa Passion, Christ a été abandonné de tous. Pierre L’a renié trois fois, les autres ont disparu. Au pied de la Croix, il y a seulement l’apôtre Jean, Marie, la Toute Sainte et deux ou trois saintes femmes … Christ dit à l’apôtre : « Voici ta mère ! » et à la Toute Sainte : « Voici ton fils ! ».

A partir de ce moment-là, l’apôtre la prit chez lui.

DÉRÉLICTION SUPRÊME DU CHRIST NOTRE DIEU QUI A DONNÉ SA VIE POUR NOUS LES HOMMES.
ADORONS-LE !


AMIN

 

 

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SERMON du 16-e DIMANCHE après la PENTECÔTE


Matines : Luc XXIV, 12-35
Liturgie : 2 Cor. VI, 1-10 ; Matt. XXV, 14-30
Gal. II, 16-20 ; Marc VIII, 34 – IX, 1



AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT
Bien aimés Frères et Sœurs



Nous sommes en ce Dimanche, comme l’attestent tous les ornements de l’Église, dans ce temps béni d’après l’Exaltation de la Croix. L’Épître aux Galates, dans la péricope concernée montre catégoriquement que c’est par la foi en Jésus-Christ que l’homme est justifié. Mais, par les œuvres de la loi – l’apôtre, Juif lui-même, s’adressait à des Juifs – personne ne sera justifié. On peut faire, par la loi ou par d’autres prescriptions, des œuvres convenables, mais elles ne nous rendent pas justes devant Dieu. C’est par la foi en Jésus-Christ seulement que nous parvenons à cette exaltation suprême et à la vie éternelle. Je suis mort à la Loi, poursuit-il, afin que je vive en Dieu.

Mais le passage de Marc propre à ce jour est singulièrement précis et explicite ce qu’implique l’adhésion à la foi en Jésus-Christ : «Quiconque veut venir à moi, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive». Vous comprenez ce que cela veut dire : se charger de sa croix ? C’est tourner le dos aux facilités et aux jouissances du monde, et assumer la rigueur et la douleur, ce n’est pas facile, la tranquillité et une vie sans problèmes seraient notre vœu, mais le Christ notre Dieu précise : «Quiconque voudra sauver sa vie, la perdra, mais quiconque perdra sa vie pour l’amour de moi et de l’évangile, la sauvera» !

La vie chrétienne n’est pas un chemin semé de pétales de roses. Nous le savons même si c’est dur. Mais la fin de cette péricope est bouleversante : «Il en est qui sont ici présents, qui ne mourront pas sans avoir vu le règne de Dieu venir avec puissance». L’ascétisme est nécessaire, mais la consolation mystique est sans prix !

I – Dans le passage de ce jour de la Deuxième Épître aux Corinthiens, l’apôtre Paul évoque les fruits de la Grâce : puisque donc nous avons reçu la Grâce de Dieu, que ce ne soit pas en vain que nous travaillons ! Le Seigneur a dit : «Je t’ai exaucé au temps favorable et je t’ai secouru au jour du salut». Ce temps favorable est arrivé ! Ne donnons donc aucun scandale, soyons recommandables en toute chose comme d’authentiques serviteurs de Dieu. Soyons patients dans les épreuves et les afflictions, faisons-nous connaître en tout par notre douceur et notre charité. Ayons les paroles de la vérité et les armes de la justice. Glissant insensiblement à l’évocation de son expérience et de ses tourments, il dit : nous sommes tenus pour des séducteurs - les chrétiens n’ébranlaient-ils pas les fondements mêmes de la société païenne ? -, alors que, au contraire, nous sommes véridiques. On nous tient pour dépassés, comme voués à la disparition alors que nous vivons, comme «liquidés» par les persécutions – alors que nous subsistons, comme justement affligés alors que nous sommes dans la joie, comme misérables et sans importance alors que nous possédons tout !

Les chrétiens ne font pas de bruit, point d’esclandres, ils se bornent à pratiquer leurs vertus et cependant la plénitude de leur joie fructifie …

II – Cette fructification d’un comportement sage est au cœur de la péricope évangélique de ce jour. Il s’agit de la parabole – puisque le Christ enseignait fondamentalement par ces récits imagés – du maître qui, partant en voyage, confie une certaine somme d’argent à ses serviteurs. Ces attributions sont inégales selon les forces de chacun se borne à dire l’évangile. L’un reçoit donc cinq talents, un autre deux, un troisième un seul.

Le maître ne donne aucune explication et part. Dieu, de la même manière, ne donne pas d’explication à chaque homme qu’il dote inégalement de «talents» - et ici, il ne s’agit pas d’argent, mais d’aptitudes. L’un est porté vers la réflexion, un autre est un manuel plus versé dans les techniques, un autre encore a des aptitudes esthétiques ou artistiques : bref, vous avez eu des enfants, vous connaissez les hommes et les femmes, et dans ces diverses capacités, vous les reconnaissez.

Au bout d’un assez long temps – la vie, en effet, qui s’écoule –, le maître revient et demande des comptes à chacun de ces serviteurs inégalement dotés. L’existence s’est déroulée, pour chacun, travailleur ou insouciant, mais tous auront des comptes à rendre à Dieu à qui nous devons tout.

Les serviteurs comparaissent devant le maître.

Celui qui avait reçu cinq talents en rapporte cinq autres en plus : l’argent que tu m’avais laissé, explique-t-il, je l’ai placé, et il a fructifié. Le maître loue ce serviteur diligent. Tu as été fidèle en peu de choses et je t’établirai au-dessus de beaucoup : entre dans la joie de ton seigneur ! Il félicite pareillement celui qui avait reçu deux talents, qui les avait fait fructifier et qui en rapporte deux autres. Ils avaient inégalement reçu et ils sont également loués et récompensés. Dante, suivant des Pères de l’Église, explique en effet que les élus ont eu des grâces diverses, mais que tous sont également remplis à pleins bords – comme des vases de diverses dimension.

Paraît enfin le serviteur qui n’avait reçu qu’un talent, mais qui, au lieu de le faire travailler chez le changeur, l’avait enterré. Il rapporte ce talent unique et infructueux. «Je sais, explique-t-il, que tu es un homme dur et que tu récoltes où tu n’as pas semé et que tu recueilles où tu n’as pas répandu : voilà donc ton bien … ». Le maître lui répond : «Tu sais que je récolte où je n’ai point semé, que je recueille où je n’ai point répandu : tu aurais donc dû, comme tes compagnons, placer cet argent chez le banquier

Il fait ôter cet unique talent au serviteur paresseux et le donne à celui qui en a dix autres en disant : «On donnera davantage à celui qui possède et on enlèvera à celui qui a peu même ce qu’il a», et il fait jeter ce serviteur infécond dans les ténèbres extérieures où il y aura des pleurs et des grincements de dents.

Notre vie, vous le comprenez bien-aimés frères et sœurs, n’est pas un déroulement tranquille et sans but. Nous ne sommes pas en ce monde pour nous laisser vivre dans l’infécondité. Nous sommes sur la terre pour produire vertus et bonnes œuvres et pour gagner ainsi, dans la joie de notre Seigneur, LA VIE ETERNELLE.


AMIN

 

 

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SERMON du 15-e DIMANCHE après la PENTECÔTE



Matines : Luc XXIV, 1-12
Liturgie : Gal. VI, 11-18 ; Jean III, 13-17
2 Cor. IV, 6-15 . Matt. XXII, 35-46
Philip. II, 5-11 ; Luc X, 38-42 et XI, 27-28



AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,


Deux des évangiles de ce jour ont en leur centre le Christ Sauveur et la Divinité du Christ qui définit la spécificité de notre Foi.

Il y a eu, dans l’histoire, beaucoup de grands Réformateurs religieux, Zarathoustra, Bouddha, Manès et Mahomet. …Le Christ, d’une certaine manière, s’insèrerait dans cette filière de prophètes inspirés. Comme Manès, Zarathoustra … il a été tué. Mais LUI SEUL est ressuscité des morts ! Comme le dit puissamment le saint Apôtre Paul « Si le Christ n’est pas ressuscité, toute notre foi est vaine ! »

Or ici, dans l’Evangile de Jean que vous avez entendu, Il dit : « Nul ne monte aux cieux, sinon Celui qui en est descendu, Lui-même qui est – notez le temps ! – dans le ciel ». Mais Il poursuit en évoquant l’épisode de Moïse et du serpent d’airain. C’est un passage des Nombres (XXI, 6-9) : une (nouvelle !) infidélité des Israélites avait été châtiée par des serpents brûlants dont la morsure était mortelle. Les Juifs se tournèrent vers Moïse qui s’adressa au Seigneur. Celui-ci lui commanda de faire un serpent d’airain et de le mettre sur une perche : quiconque le regardait était guéri. Ce serpent d’airain est, pour la transmission chrétienne unanime, l’image du Christ Sauveur, élevé sur la Croix et dont nous vient le Salut. Quiconque croira en Christ sera sauvé : en effet, Dieu a tant aimé le monde qu’Il a donné Son Fils unique pour que quiconque ait la foi en Lui, obtienne la vie éternelle. Dieu n’a pas envoyé son Fils pour juger le monde, mais pour que le monde, par Lui, soit sauvé.

I – L’épître aux Corinthiens est rude à comprendre, mais lumineuse dans ses apparentes contradictions. Dieu qui a fait sortir la lumière des ténèbres, dit l’apôtre Paul, a répandu la lumière dans nos cœurs afin que nous éclairions les hommes par la connaissance de Dieu en Jésus-Christ notre Seigneur. Certes, ajoute-t-il, nous sommes de bien petits contenants pour la lumière ! Nous sommes petits, perplexes médiocres, mais afin que cette grande puissance en nous de la Lumière soit attribuée à Dieu seul et non à nous. Nous portons dans notre corps la mort du Christ, puisque nous sommes baptisés, afin que la vie de Jésus-Christ paraisse aussi. Dans toute notre vie, nous sommes sans cesse livrés à la mort, persécutés, afin que la vie de Jésus-Christ paraisse aussi dans notre mortalité, si bien que la mort agit en nous afin que la vie soit en vous : nous avons en effet un même esprit de foi, et c’est pour cela que nous parlons, persuadés que Celui qui a ressuscité Jésus des morts nous fera paraître en sa présence avec vous tous.

II – La péricope de Matthieu commence par une question des pharisiens qui, satisfaits d’avoir entendu Jésus « fermer la bouche » des sadducéens – lesquels, voulant contester la résurrection des morts, avaient évoqué la femme ayant été l’épouse successivement de sept frères … – l’interrogent à leur tour en Lui demandant quel est le « plus grand commandement » de la Loi. Christ répond aussitôt que c’est celui qui prescrit d’aimer Dieu « de tout son cœur de toute son âme et de tout son esprit » et Il ajoute que le second lui est semblable : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».

Les libres-penseurs de naguère, les spiritualistes vagues, les droits-de-l’hommistes sont satisfaits de cet enseignement qui, croient-ils, va dans leur sens. Mais l’amour du prochain qui est ici prescrit n’est pas un altruisme vague. Il ne peut être disjoint, en effet, de l’amour de Dieu. C’est en aimant Dieu, que, du même mouvement nous aimons le prochain. Et, de la même manière que Dieu n’est pas un quelconque « premier Principe », « Grand Architecte de l’Univers », mais le Christ, qui est en nous par Ses Sacrements et par Sa Grâce, comme Il est en même temps au Ciel, de la même façon l’homme que nous devons aimer n’est pas un homme abstrait, il n’est pas les « enfants qui ont faim », en Afrique ou en Indochine, il n’est pas les cancéreux, les malades d’Alzheimer pour lesquels on requiert notre générosité financière qui permet de ne plus y penser ! Le prochain – le mot est un superlatif –, il est le plus proche, mon fils qui fait les quatre cents coups, ma vieille mère qui perd la tête et qui me fait lever (pour rien !) dix fois par nuit, la voisine de palier dont personne ne s’occupe plus. Comme le Christ le dit dans la parabole du bon samaritain, le prochain, c’est celui qui souffre sous nos yeux et dont il faut s’occuper, ce qui, bien souvent entraîne des désagréments. Le prochain, c’est celui qui est à côté … et qui pèse !

Aimer le prochain effectif, cela dérange : comme le Christ « s’est dérangé » pour venir du Ciel sur la terre et sur la Croix. Soyons-lui fidèles, et aimons le plus proche !

Mais, ayant ainsi répondu aux pharisiens, le Christ les interroge à son tour. Le Christ, demande-t-Il, de qui est-Il le fils ? De David ! lui est-il répondu. Mais pourquoi, poursuit-Il, David inspiré par l’esprit écrit-il : « Le Seigneur dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite jusqu’à ce que j’aie mis tes ennemis pour te servit de marchepied ! » Comment, si le Christ est Son fils, l’appelle-t-Il son Seigneur ? » Nul ne sut Lui répondre, aussi cessèrent-ils de L’interroger.

Ils ne surent Lui répondre en effet car ils ne savaient pas et ne pouvaient pas comprendre que le Christ est une homme ET qu’Il est aussi le Fils de Dieu.

III – En ce jour de la Clôture de la Dormition, comment ne pas évoquer la péricope de Luc propre à ce jour et à toutes les fêtes mariales.

Le paradoxe patent – et cela remonte à l’Eglise universelle antérieure au schisme catholique –, c’est que dans cet évangile en l’honneur de la Mère de Dieu, la « Marie » dont il est question, ce n’est pas elle, mais la sœur de Marthe et de Lazare !

Marthe vaque aux soins du ménage et de la préparation du repas et elle dit au Seigneur : « Cela ne te gêne-t-il pas que ma sœur – c’est-à-dire Marie qui écoute assise les enseignements de Jésus – me laisse tout faire ? Dis-lui de m’aider un peu ! » Jésus lui répond calmement : « Marie a choisi la meilleure part et elle ne lui sera pas enlevée ».

C’est un peu perturbant pour l’active et dévouée Marthe … Mais de toute façon dans cet évangile marial il n’est pas question de la Mère de Dieu …

L’Eglise cependant ne nous laisse pas dans cette problématique surprenante. En effet, elle fait suivre ce récit d’une fin – résolutive – qui n’est pas la suite de ce récit, mais d’un autre épisode situé un peu plus loin. L’évangile de ce jour se termine ainsi : « Comme Jésus disait cela, une voix de femme s’éleva de la foule – il n’y avait pas de foule puisque Jésus parlait aux deux sœurs chez elles – disant : « Bienheureux les flancs qui t’ont porté et les seins qui t’ont allaité ! » Jésus répond : « Bienheureux ceux qui écoutent la Parole de Dieu et qui la gardent ! »

Qui, mieux que la Mère de Dieu a gardé la Parole de Dieu que celle « qui sans tache enfanta le Verbe de Dieu ? ». Cet évangile de Marthe et Marie est donc véritablement celui de la Mère de Dieu.

Que, par les prières de la Mère de Dieu, nous soyons fidèles à l’amour de Dieu et à l’amour du prochain !


AMIN

 

 

 

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