SERMON POUR LA FÊTE

DE ST PIERRE ET ST PAUL



Matines : Jean, XXI, 15-25
2 Cor., XI, 21 – XII, 9 ; Matt., XVI, 13-19



AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœur,



Nous fêtons aujourd’hui les Apôtres Pierre et Paul, ces deux luminaires de l’Eglise, après un long Carême où nous avons pu nous associer en leur honneur à la voie ascétique qu’ils nous ont montrée.

Ces saints Apôtres que l’Eglise associe dans la présente célébration et qui ont illuminé l’Eglise sont aussi différents qu’il est possible. L’apôtre Paul – de son nom juif Saül - appartenait à l’élite, religieuse et sociale, des Pharisiens (alors que les autres apôtres étaient des pécheurs et des manuels). Les Pharisiens étaient nettement la classe dominante des Juifs et l’apôtre revendique hautement cette appartenance. Pharisien, il a commencé comme ceux de sa classe élitiste par être un persécuteur virulent du Christianisme. Il ne se contentait pas de suivre ses pairs, il les devançait.

Or c’est là, tandis qu’il se rendait à Damas qu’intervient la vision miraculeuse … Paul, vous le savez et vous l’avez compris, il y reviendra lui-même dans l’Epître d’aujourd’hui, était un mystique. En ce jour le Christ lui-même lui apparaît dans les cieux et lui dit : « Pourquoi Me persécutes-tu ». Paul ahuri, tombe de cheval et demande : « Qui es-tu ? » - « Je suis le Christ ». La conversion de Saul est instantanée : il se rend à Damas – il était momentanément devenu aveugle – entre aussitôt en contact avec le chrétien qui lui avait été désigné – et qui n’était pas du tout rassuré compte tenu de la réputation de Saül, récupère la vue et se met aussitôt à évangéliser, en Syrie, en Orient en Arabie. Ce n’est qu’après trois ans de cette prédication qu’il se rend à Jérusalem. Il passe quinze jour chez Pierre, ne voit pas d’autres apôtres sauf Jacques le Frère de Dieu, et il poursuit son apostolat de géant. Homme très cultivé, il possédait évidemment le grec langue de communication de la méditerranée orientale et il évangélise la Grèce, le Proche-Orient, Rome même … Il est en butte à des tracasseries, à des investigations policières, à des châtiments corporels qu’il évoque : le fouet, les verges, les lapidations. On ne l’a pas ménagé, le Pouvoir se méfiait de lui, le châtiait … Mais ce n’est qu’à l’extrême fin de cette prédication subversive et persévérante qu’il a finalement été tué : le pouvoir romain, à l’évidence, se méfiait de sa position élevée dans la société juive. Ceci dit la persécution de Paul a été rigoureuse …

Il l’évoque en détail dans l’épître d’aujourd’hui – où il montre qu’il n’est pas le moindre parmi les évangélisateurs, mais dans la seconde partie il s’étend sur les faveurs mystiques qu’il a reçues. Comme je l’ai dit souvent et comme vous le savez, il est un mystique il a été élevé « jusqu’au troisième ciel », il a entendu des paroles qu’il n’est pas permis à un homme de rapporter.

Tel est l’Apôtre. Comme on pouvait s’y attendre de la part d’un intellectuel de son niveau, de sa classe et de son enthousiasme, il a écrit aux diverses communautés chrétiennes, et vous le savez, la plupart du temps les épîtres que nous lisons aux liturgies sont de l’Apôtre Paul. Les autres apôtres nous ont laissé aussi des épîtres, Jacques, Pierre, Jean, Jude mais ce legs apostolique n’est pas comparable quantitativement et qualitativement aux Epîtres de Paul qui sont une mine inépuisable de la théologie chrétienne.

En regard, l’autre Coryphée des Apôtres, Pierre, est fort différent. Il n’est pas, lui, un intellectuel, il n’appartient aucunement à l’élite des Pharisiens. C’est un simple pécheur et c’est parmi les humbles, les manuels que le Christ a choisi la plupart des autres apôtres. Mais quand le Christ passe près de sa barque où il réparait ses modestes instruments et lui dit : « Suis-moi », Pierre – et André son frère –, sans hésiter laisse tout et le suit. C’est cette existence misérable et précaire de compagnons errants d’un maître lui-même rejeté que Pierre mène pendant trois ans, «sans hésitation ni murmure», comme je dis parfois. Ce n’est pas même lui qui nous décrit ces vicissitudes. Lui, il suit humblement. C’est vers la fin de l’apostolat de Jésus qu’il dit modestement : « Et nous qui avons tout laissé pour Te suivre, qu’adviendra-t-il de nous ». Mais il interroge simplement, sans se plaindre … Il est fidèle … Certes, au cours de la Passion, il renie trois fois le Christ. Il pleure amèrement, mais ce reniement même est à intégrer dans la compréhension de la vocation de Pierre. Il n’était pas non plus dans la poignée de fidèles auprès de la croix. Seul Jean était aux côtés des saintes femmes …

Telle n’était pas, bien-aimés Frères et Sœurs, la vocation de Pierre.

Mais son exemplarité est autre et nous la trouvons dans les textes de ce jour : « Pierre, m’aimes-tu plus que ceux-ci » - « Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime ». Une seconde fois le Christ interroge : « Pierre, m’aimes-tu ? » - « Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime ». Comme la première fois, Christ répond : « Pais mes agneaux ». Quand une troisième fois le Christ lui demande : « Pierre, m’aimes-tu ? », Pierre attristé répond : « Tu sais tout : tu sais bien que je t’aime ! » Suit l’annonce du martyre de Pierre. Mais ce qui est important, fondamental pour nous, clercs, c’est cette exigence : « M’aimes-tu ». Elle est première et elle est immédiatement suivie de l’ordre : « Pais mes agneaux ». Ce qui est l’exigence première pour l’homme d’Eglise, c’est l’amour pour le Christ, et à celui qui l’aime, le Christ confie ses agneaux.

Certes Pierre n’était pas un intellectuel, mais quel enseignement nous apporte-t-il en ce jour !
Mais la péricope évangélique d’aujourd’hui est, pourrait-on dire, plus inépuisable encore. Christ interroge ses apôtres : « Qui dit-on que je suis ? ». Certains, répondent-ils, disent que tu es Jean-Baptiste. D’autre disent que tu es Elie dont le retour était annoncé. Ou bien Jérémie. Ou bien quelque autre des Prophètes.
- « Et vous, qui dites-vous que je suis ? » Pierre, prenant la parole, répond : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! »

Vérité qui est le fondement et comme la synthèse de la théologie, le Christ était l’Attendu et Pierre le reconnaît dans le fils de Marie, et la VIE de Dieu, qui émane de Lui, c’est le SAINT-ESPRIT.

SAINT PIERRE ET SAINT PAUL LES DEUX CORYPHÉES SONT AUSSI PRESTIGIEUX L’UN QUE L’AUTRE, CAR LA SAGESSE DIVINE ÉTAIT EN EUX !


AMIN

 

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