Dimanche après l'Exaltation de la Croix

Portons notre croix sans nous plaindre

 

« Si quelqu'un veut Me suivre, qu'il prenne sa croix et marche à Ma suite ». Nous savons que le Seigneur n'a pas donné d'autre voie à Ses disciples que de dire que celui qui veut marcher à Sa suite doive prendre sa croix.

Que signifie prendre sa croix ? Il s'agit de tout ce qui nous est désagréable, difficile, douloureux qu'il nous est donné d'endurer. C'est pourquoi d'un homme dont la vie est difficile, on dit : « Il porte une lourde croix ». Et celui qui sait porter sa croix en acceptant la volonté divine sait qu'elle n'est pas si terrible, si douloureuse. En revanche, celui qui accueille ses souffrances et ses malheurs en maugréant, elles lui sont évidemment lourdes à supporter et il en rend Dieu responsable. Et le Seigneur S'éloigne d'une âme qui se plaint, et pour laquelle il devient encore plus difficile d'endurer les peines qui lui sont envoyées.

Souvenons-nous, chers frères et sœurs, que celui qui reçoit sa croix en se soumettant à la volonté du Seigneur, sachant qu'elle ne peut lui être envoyée que pour son bien, elle devient alors bien plus légère à porter que lorsqu'il s'emporte contre Dieu. Ne nous élevons donc pas contre les afflictions que le Seigneur nous envoie, car elles peuvent être utiles à nos âmes. Bénie soit l'âme de celui qui dit : « Que Ta volonté soit faite, Seigneur, non pas comme je le veux, mais comme Tu le veux ». Amen.

 

17° Dimanche après la Pentecôte – Mt XV, 21-28

 

L'évangile de ce jour nous raconte comment le Seigneur Jésus-Christ a guéri la fille d'une chananéenne qui était possédée. Cet épisode est particulièrement remarquable sur la façon dont le Seigneur a parlé de la foi de cette femme non juive, mais chananéenne, et donc païenne, qui Le suppliait de guérir sa fille malade.

Chaque mère sait combien il est insupportable de voir son enfant souffrir. La mère est prête à souffrir elle-même, si seulement cela peut enlever les souffrances de l'être qu'elle aime. Quand un enfant est malade, sa mère ne souffre pas moins que lui, mais elle souffre moralement. Et donc, la chananéenne s'adresse au Seigneur et demande qu'Il guérisse sa fille. Les apôtres s'étonnent de voir que le Seigneur, qui en général ne refuse jamais rien à personne, ne réagit pas et ne lui répond pas le moindre mot. Les prières de la mère n'en sont que plus renforcées, de sorte que même les apôtres se mettent à demander à sa place de la renvoyer, car elle les poursuit en criant, mais le Seigneur leur fait cette réponse sèche et froide : « Je n'ai été envoyé que pour les brebis perdues d'Israël », et elle n'appartient pas à la maison d'Israël. Mais la mère ne se résigne pas et Le poursuit à nouveau de ses prières : « Seigneur, viens à mon aide » ! Et là, elle entendit une réponse qui vraisemblablement effraya même les apôtres, car ils n'avaient jamais entendu le Seigneur parler ainsi : « Il n'est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux chiens », ce à quoi Il entend cette réplique étonnante de la mère : « Oui, Seigneur, mais les chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres ». Après une réponse aussi extraordinaire, le Seigneur ne pouvait plus refuser de l'exaucer et Il dit à haute voix : « Femme, grande est ta foi, qu'il soit fait comme tu veux ».

Exemple étonnant d'une foi admirable ! Souvenons-nous qu'il s'agissait d'une païenne ! ... Combien cela nous rappelle ce centenier de Capernaüm qui priait le Seigneur de guérir son serviteur malade : « Seigneur, je ne suis pas digne d'une telle grâce, mais dis une parole et mon serviteur sera guéri » ! Le Seigneur fut étonné d'une telle foi et dit : « En vérité Je vous le dis, même en Israël je n'ai pas trouvé une pareille foi », c'est-à-dire là où l'on aurait pu s'attendre à la trouver, Je n'ai pas vu une foi pareille à celle de ce centenier.

Nous avons là, devant nous, des exemples de foi humble, solide, indéfectible. Combien cela ressemble peu à notre peu de foi ! Nous commençons par nous adresser avec foi au Seigneur, mais s'Il ne réalise pas sur le champ ce qui Lui est demandé, nous sombrons alors dans le désespoir et disons : « Dieu ne m'entend pas ». Ce n'est pas ce que dit la chananéenne.

Ces exemples sont utiles à nous tous. Malgré notre peu de foi, lorsque nous nous adressons au Seigneur, éloignons de nous tout doute et demandons avec insistance. Mais peut-être que dans Sa grande sagesse, le Seigneur sait que ce que nous demandons n'est pas bon pour nous. Peut-être le Seigneur a en vue pour nous quelque chose de meilleur que ce que nous Lui demandons. Car le Seigneur aime à donner plus que ce qui Lui est demandé, pour peu que nous soyons capables de recevoir et de garder ce don inestimable de Sa bonté.

Le Seigneur dit : « Mes voies ne sont pas vos voies et mes pensées ne sont pas vos pensées, car autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant mes voies sont élevées au-dessus de vos voies et mes pensées au-dessus de vos pensées » /Isaïe 55, 8-9/. Confie-nous donc de tout notre cœur au Seigneur et adressons-nous à Lui avec foi et il nous sera donné selon notre foi ! Amen.

 

D'après le Saint Métropolite PHILARÈTE