Dimanche de l'Aveugle-Né

 

Nous avons entendu aujourd'hui le récit évangélique où Notre Seigneur Jésus-Christ a doublement rendu la vue à un aveugle de naissance : Il l'a guéri de sa cécité corporelle et de sa cécité spirituelle et de l'ignorance. L'évangile dit, qu'alors qu'Il marchait, le Seigneur vit un aveugle. Mais d'où venait-Il ? Il venait de sortir du temple. Et peu de temps auparavant des ennemis haineux voulait Le lapider. Pourquoi tant de haine ? Pourquoi cette haine, proprement satanique, de la part des scribes, des pharisiens et des sadducéens ? Juste avant ce récit de la guérison de l'aveugle, nous pouvons lire le fait que notre Seigneur discutait avec eux et que ces derniers Lui dirent : « N'avons-nous pas raison de dire que Tu es un Samaritain et que Tu es possédé du démon ? ». Mais dans cette conversation, le Seigneur démasqua impitoyablement Ses adversaires et lorsque ceux-ci Lui dire en fanfaronnant - « Nous avons qu'un seul Père, qui est Dieu », le Seigneur leur répondit : si Dieu était votre Père, vous n'agiriez pas comme vous le faites « le Père dont vous êtes issus, c'est le diable! ».

A la fin de cet échange, le Sauveur fit cette réponse emplie de majesté divine ; « En vérité, en vérité, Je vous le dis, avant qu'Abraham fût, Je suis ». Et lorsqu'ils comprirent que ce qu'Il avait dit se rapportait à Lui-même, ils saisirent des pierres et voulurent Le lapider, mais Il s'éloigna d'eux et c'est là, en sortant du temple, qu'Il vit cet aveugle.

Quand nous lisons attentivement ce récit, nous voyons l'aveugle sortir progressivement de sa cécité. Les ennemis du Sauveur s'aveuglent de plus en plus du fait de leur méchanceté, alors que l'aveugle se met à voir. Lorsqu'il fut questionné la première fois sur la façon dont il avait recouvré la vue, il répondit simplement : « Un homme, celui que l'on appelle Jésus, a fait de la boue, Il l'a étendue sur mes yeux, et m'a dit : Va à la piscine de Siloé, et lave-toi. J'y ai été et j'ai recouvré la vue ». Lorsqu'on lui demanda qui Il était et où était-Il, il répondit : « Je ne sais pas ». Par contre, lorsqu'ils essayèrent d'en faire un ennemi de Celui qui l'avait guéri, plus ils tentaient de lui faire admettre qu'il s'agissait d'un homme pécheur, plus la vérité s'imposait à ses yeux. Ils le questionnent à nouveau, et lui leur répond : « Je vous l'ai déjà dit, et vous ne voulez pas m'écouter. Pourquoi voulez-vous l'entendre à nouveau ? Est-ce que vous aussi voulez devenir ses disciples ? ». Irrités, ils dirent avec colère : « Toi, tu es son disciple, et nous, nous sommes les disciples de Moïse. Nous savons que Dieu a parlé à Moïse ; mais celui-ci, nous ne savons d'où il est ». Et là, l'ancien aveugle les remplit de confusion en disant : c'est bien là ce qui est étonnant, qu'Il m'ait ouvert les yeux, et que vous ne sachiez pas d'où Il est ! Vous êtes les guides spirituels du peuple, et si ce n'est vous, qui pourrait bien le savoir ? Et il leur fit une véritable leçon : « Nous savons que Dieu n'exauce pas les pécheurs ; mais si quelqu'un L'honore et fait Sa volonté, celui-là Il l'exauce. Jamais on n'a ouï dire que quelqu'un ait ouvert les yeux d'un aveugle-né. Si cet homme n'était pas de Dieu, Il ne pourrait rien faire ». Comme il n'y avait rien à répliquer à ces propos, ils se mirent à le couvrir d'injures : « Tu es né tout entier dans le péché, et tu nous fais la leçon ». Et ils le chassèrent.

Après ces intermèdes, le rencontrant à nouveau, le Seigneur pour le réconforter lui dit : « Crois-tu au Fils de Dieu ? ». La réponse de l'aveugle montre que la foi a mûri en lui, mais il ne sait pas encore : « Et qui est-Il, Seigneur, afin que je croie en Lui ? ». Le Seigneur qui avait dit directement à une femme samaritaine, simple de cœur, qu'Il était le Messie, dit aussi directement à cet aveugle : « Tu l'as vu et celui qui te parle, c'est Lui !». Et voici que de toute l'âme de cet ancien aveugle s'échappa ce cri enthousiasmé : « Je crois, Seigneur ! », et il se prosterna devant Lui. Voilà comment notre Seigneur Jésus-Christ a doublement rendu la vue à cet aveugle, une vision corporelle et spirituelle. Mais les enragés ennemis du Christ ne se calment pas et L'interpellent : « Sommes-nous, nous aussi, des aveugles ? ». Et ils reçurent à nouveau une remarquable leçon en réponse : « Si vous étiez aveugles, vous n'auriez pas de péché». Celui qui ne voit pas, ne peut être responsable, l'ignorance ne peut être un péché. Nous savons tous que l’Église, dans les prières de pénitence qu'elle nous propose, fait la distinction entre les péchés volontaires, commis sciemment, et les péchés involontaires ou commis par inadvertance. « Si vous étiez aveugles, vous n'auriez pas de péché, - dit le Seigneur, - mais comme vous dites vous-mêmes que vous voyez, alors le péché subsiste ».

Ce sont des paroles terribles, car notre Seigneur Jésus-Christ est le Seul à pouvoir pardonner nos péchés et à ne pas les pardonner, nous prendre en pitié ou nous condamner. Et Il dit que leur péché demeurera sur eux. Cet évangile est pour nous tous une leçon, car il n'y a pas si longtemps, durant le Grand-Carême, nous élevions cette prière : « Seigneur, donne-moi de voir mes fautes et de ne pas juger mon frère», c'est donc que nous ne les voyons pas puisque nous demandons à les voir. C'est pourquoi, nous devons toujours prier, et tout spécialement en ce jour où nous célébrons la guérison de cet homme par le Seigneur qui ouvrit ses yeux spirituels, pour qu'Il éclaire de la lumière de Sa connaissance nos yeux aveuglés.

 

Saint Métropolite PHILARÈTE