La Pentecôte

 

 

Bien-aimés frères et sœurs en Christ,

Aujourd’hui, nous célébrons l’anniversaire de l’Église. Non pas ce bâtiment, non pas une organisation humaine, mais l’Église vivante, Corps du Christ, né de la descente du Saint-Esprit sur les saints apôtres, cinquante jours après la Résurrection de notre Seigneur.

Ce jour de Pentecôte, c’est le jour où Dieu a mis à la tête de l’Église le Saint-Esprit, le Paraclet promis, l’Esprit de Vérité, l’Esprit consolateur, qui guide l’Église dans toute la vérité, comme le Christ l’a promis (Jean 16:13). Ce n’est ni un homme, ni un ange, ni une idéologie humaine qui guide l’Église. C’est le Saint-Esprit lui-même et c’est bien pour cela que les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle (Mathieu 16:18)

Dans l’Église orthodoxe, toute décision — qu’elle soit pastorale, dogmatique ou canonique — n’est jamais prise à la légère : selon la logique d’une seule personne ou bien selon la logique du monde. Elle est précédée de prières, de jeûne, de discernement, puis par un concile apostolique ou œcuménique  et elle est scellée par cette formule que nous trouvons dans le Livre des Actes : « Car il a paru bon au Saint-Esprit et à nous » (Actes 15:28).

Oui, l’Église prend ses décisions non pas selon les majorités humaines, mais selon la lumière du Saint-Esprit. Lors du premier concile apostolique à Jérusalem, ce n’est pas le saint apôtre Pierre, qui avait la foi sur laquelle Le Christ a dit qu’il bâtirait l’Eglise, ni le saint apôtre André, qui était le premier disciple appelé par Jésus, mais le saint apôtre Jacques, frère du Seigneur, qui l’a présidé. Car l’autorité dans l’Église ne vient pas de l’ambition humaine, mais de l’inspiration divine.

C’est aussi sous la conduite du Saint-Esprit que le premier concile œcuménique de Nicée a condamné l’hérésie d’Arius, dont nous avons parlé dans le sermon de dimanche dernier. Lui, Arius, qui osait dire que le Fils de Dieu n’était qu’une créature, a été réfuté par l’Église qui proclame dans le Credo : « Lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré, non créé, consubstantiel au Père, par qui tout a été fait. »

Le saint apôtre Paul nous met en garde pour toutes les fausses doctrines qui vont attaquer l’Église dans l’avenir : « Mais, quand nous-mêmes, quand un ange du ciel annoncerait un autre Évangile que celui que nous vous avons prêché, qu’il soit anathème ! » (Galates 1:8)

Frères bien-aimés, restons dans la Vérité, car aujourd’hui encore, le diable sème ses sectes dans le monde. Il veut nous faire croire qu’il aime l’homme plus que Dieu. Il invente des doctrines humaines, des chemins de “salut” faciles, qui flattent la chair, mais qui mènent à la perdition.

Il fait comme dans le jardin d’Éden. Il vient avec une question apparemment innocente : «Dieu a-t-il vraiment dit: ‘Vous ne mangerez aucun des fruits des arbres du jardin’?» (Gén 3:1) Et ensuite il contredit Dieu : «Vous ne mourrez absolument pas, mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s'ouvriront et vous serez comme Dieu: vous connaîtrez le bien et le mal.»(Gén 3:4-5)

Mais nous savons, frères, que ce n’est pas par la rébellion que l’homme peut devenirsemblable à Dieu, mais par le Saint-Esprit, qui transforme les pêcheurs en apôtres, qui fait d’un collecteur d’impôts un évangéliste, d’un pécheur - un pasteur d’âmes.

Tous les péchés peuvent être pardonnés : l’adultère, l’avarice, la soif du pouvoir, l’ivresse, la gourmandise s’il y a le repentir dans le cœur, sauf le péché contre le Saint-Esprit, car ce péché est accompagné d’une absence totale de repentir. Les pécheurs contre l’Esprit Saint tordent les Écritures pour justifier leurs passions, pour se prosterner devant le péché et les puissants de ce monde. Mais les saints, les martyrs, les apôtres ont préféré se prosterner devant Dieu, et Dieu les a relevés. Les saints martyrs, eux, n’ont jamais fléchi le genou devant les empereurs, les gouverneurs et les hommes de pouvoir,  mais ils ont confessé la Vérité avec leur sang. Nous aussi, nous nous prosternons dans l’humilité, suppliant Dieu de faire miséricorde pour nous et pour nos défunts. Car Dieu seul peut nous relever.

Ce jour, à la Pentecôte, les apôtres ont reçu le don de parler toutes les langues. Ce n’est pas une simple performance linguistique. C’est le signe de l’unité retrouvée. Car là où le péché avait semé la confusion des langues à Babel, le Saint-Esprit donne la communion des cœurs.

À Babel, Dieu a permis la dispersion des langues pour freiner l’orgueil des hommes. C’était l’enfer sur terre de ne plus se comprendre. Les hommes se sentaient seuls, même étant entourés de gens. Le Christ nous enseigne la nécessité de se comprendre et de ne pas vivre seuls. Je vous dis encore si deux d'entre vous s'accordent sur la terre pour demander une chose quelconque, elle leur sera accordée par mon Père qui est dans les cieux (Matthieu 18: 19)

Aujourd’hui, nous ne vivons pas un désert de silence, mais une tempête de paroles. La technologie moderne nous permet, comme jamais auparavant, de prêcher l’Évangile dans toutes les langues : vidéos, traductions automatiques, réseaux sociaux, podcasts...

Et pourtant, jamais les hommes ne se sont sentis aussi seuls, aussi incompris, aussi enfermés dans leurs propres mondes. Un vrai paradoxe: nous pouvons tout dire, mais nous n’écoutons plus. Nous pouvons parler à toute la planète, mais nous ne savons plus parler à ceux qui vivent sous notre toit. La communication explose, mais la communion s'effondre.

Oui, le monde moderne est à la fois Babel et Pentecôte. Babel, quand la technologie nous isole dans des discours égoïstes, vides, agressifs ou impurs, en regardant des vidéos qui nous éloignent de notre but qui est le salut de nos âmes. Pentecôte, lorsque cette même technologie est utilisée pour transmettre les paroles de vie éternelle.

Alors, en ce jour saint, prions le Saint-Esprit de faire brûler en nous les langues de feu — non pour consumer nos frères, mais pour purifier nos mots. Que chaque parole vide, méchante ou impure soit consumée et que les langues de paix, d’amour, de vérité et de miséricorde soient entendues dans tous les cœurs, car :ce n'est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l'homme ; mais ce qui sort de la bouche, c'est là ce qui souille l'homme» (Matthieu 15:11)

Ce monde n’a pas tant besoin de nouvelles paroles... Il a besoin de la Parole qui donne la vie. Il a besoin de la Parole faite chair, transmise par des hommes et des femmes habités du Saint-Esprit.

Et c’est là notre appel, notre mission, notre espérance.

Viens, Esprit Saint, purifie nos lèvres, nos paroles, nos cœurs et nos pensées ! Amen.

Que Dieu bénisse!

 

+ Père Zhivko Zhelev