La France Orthodoxe
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Le riche insensé
Bien-aimés frères et sœurs en Christ, l’Évangile de ce jour nous présente la parabole de notre Seigneur sur l’homme riche et insensé. Jésus dit qu’un homme, dont le domaine avait beaucoup rapporté, se disait : «Que vais-je faire ? J’abattrai mes greniers, j’en construirai de plus grands, et j’y mettrai mon blé et mes biens. Puis je dirai à mon âme : Mon âme, tu as beaucoup de biens pour de nombreuses années ; repose-toi, mange, bois, réjouis-toi.» Mais Dieu lui dit : «Insensé ! Cette nuit même ton âme te sera redemandée ; et ce que tu as préparé, pour qui cela sera-t-il ?» Et le Christ conclut : «Ainsi en est-il de celui qui amasse un trésor pour lui-même et n’est pas riche pour Dieu.»
Ce passage, frères et sœurs, n’est pas seulement l’histoire d’un homme de l’Antiquité. C’est le miroir de notre époque, l’image de nos sociétés obsédées par l’accumulation, la sécurité matérielle, le calcul de demain, mais souvent pauvres en charité, dépouillées de gratitude, faibles en confiance envers Dieu. Le Christ ne condamne pas la richesse en soi. L’Écriture ne fait jamais cela. Elle condamne l’esprit d’appropriation, la fermeture du cœur, la croyance que la vie dépend de ce que l’on possède. Le péché du riche insensé n’est pas son travail, ni même ses récoltes abondantes, mais qu’il n’a pensé ni à Dieu, ni à son prochain. Il n’a pensé qu’à lui-même.
Saint Basile le Grand dit : « Le Seigneur ne reproche pas au riche d’avoir des greniers, mais d’avoir préféré les agrandir plutôt que d’ouvrir la porte de sa maison aux pauvres. » L’homme n’a remercié personne. Il ne dialogue qu’avec son âme et croit qu’elle lui appartient. Il s’adresse à elle comme si elle dépendait de son blé, alors qu’elle dépend de Dieu seul. La folie de cet homme est de croire que sa vie repose sur ses réserves, quand elle repose sur la miséricorde divine.
Et pour comprendre la gravité de cette folie, regardons le contraste avec les hommes riches mais sages de l’Ancien Testament, dont la richesse devint source de bénédiction parce qu’ils la vivaient comme un dépôt confié par Dieu.
Jacob, père d’Israël, était comblé de troupeaux et de biens. Pourtant, il ne cessait d’offrir et de partager. Il envoie des présents à son frère Ésaü pour réconcilier leurs cœurs. Il offre des sacrifices partout où Dieu lui manifeste sa présence. Il comprenait que la richesse ne lui était donnée ni pour s’installer dans le confort ni pour se glorifier lui-même, mais pour construire la paix et honorer Dieu.
Job était « le plus riche des fils d’Orient », mais il ouvrait sa main aux pauvres. L’Écriture dit qu’il était les yeux de l’aveugle et les pieds du boiteux. La richesse ne l’avait pas rendu dur. Et lorsqu’il perd tout, il ne perd pas sa confiance : « Le Seigneur a donné, le Seigneur a repris ; que le Nom du Seigneur soit béni. » Voilà un riche qui était déjà libre, parce qu’il n’était possédé par rien.
Quant au juste Tobit, même dans l’exil et la pauvreté, il donnait ce qu’il avait. Il nourrissait les affamés, aidait les malheureux, ensevelissait les morts. Il enseigne à son fils : « Fais l’aumône de ton bien selon ton abondance ; et si tu as peu, ne crains pas de donner un peu. » Pour Tobit, la miséricorde était la vraie richesse.
Ces hommes nous montrent que la lumière de la richesse vient du cœur qui la distribue, non du coffre qui l’entasse. Ils étaient riches pour Dieu, parce qu’ils ne vivaient pas pour ce qu’ils possédaient, mais pour Celui qui donne.
Alors, lorsque Dieu dit au riche insensé : «Ce que tu as préparé, pour qui cela sera-t-il ?», cette parole est terrible. Car l’héritage des insensés n’est jamais celui qu’ils imaginaient. Leurs biens ne restent pas avec eux ; ils deviennent souvent la source de conflits entre leurs héritiers ; et ils laissent derrière eux un vide spirituel. Saint Grégoire de Nysse dit : «Les biens mal partagés engendrent des héritiers malheureux.» Celui qui a vécu pour accumuler laisse souvent à ses enfants non une bénédiction, mais une course sans fin vers la possession, une peur de manquer, une attitude d’avidité. Il lègue l’inquiétude, non la foi ; le cœur fermé, non la charité.
À l’inverse, celui qui donne laisse un héritage de paix, de joie, de confiance en Dieu. Les saints Pères disent que le seul trésor qui nous suit dans l’éternité est celui que nous donnons.
Saint Jean Chrysostome enseigne : «Les biens que tu gardes deviennent ta perte ; ceux que tu donnes deviennent ta couronne.»
Saint Basile le Grand dit encore : «Le pain que tu retiens appartient à l’affamé, le vêtement que tu gardes au placard appartient au pauvre.»
Et saint Isaac le Syrien affirme : «La richesse a été donnée pour racheter l’âme de la mort. Celui qui ne l’emploie pas ainsi l’a déjà gaspillée.»
Frères et sœurs, comment devenir riches pour Dieu ?
D’abord par la gratitude : reconnaître que tout vient de Lui, que nous ne sommes que les administrateurs.
Ensuite par la charité : donner avec joie, partager sans calcul, aider sans attendre de retour. L’aumône est une puissance spirituelle : elle libère notre cœur, elle purifie l’âme, elle attire la miséricorde divine.
Puis par la confiance : croire que Dieu pourvoit, même quand nous donnons de notre nécessaire. La sécurité véritable n’est pas dans un compte en banque, mais dans la fidélité de Dieu.
Enfin par la purification du cœur : apprendre à ne pas être possédés par ce que nous possédons. Le cœur de l’avare est un grenier fermé ; le cœur du chrétien est un autel ouvert au feu de l’Esprit.
Le monde nous dit : «Accumule, garde, sécurise.»
Le Christ nous dit : «Donne, partage, aime.»
Le monde nous dit : «Ce que tu gardes est ton bien.»
Le Christ nous dit : «Ce que tu donnes te suit dans l’éternité.»
Demandons au Seigneur de nous libérer de l’esprit de l’homme riche et insensé, et de nous donner un cœur semblable à celui de Jacob dans sa gratitude, de Job dans son détachement, de Tobit dans sa compassion. Que nous apprenions à être riches pour Dieu, afin qu’au jour où notre âme sera redemandée, nous puissions entendre non pas : «Insensé !», mais : «Viens, bon et fidèle serviteur ; entre dans la joie de ton Seigneur.»
Amen.
Prêtre Zhivko Zhelev
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L’entrée de la Vierge dans le temple
Bien-aimés frères et sœurs en Christ, aujourd’hui nous célébrons l’Entrée de la Très Sainte Mère de Dieu au Temple, un événement qui nous révèle la préparation discrète et merveilleuse du salut. Joachim et Anne offrent Marie au Seigneur dès son plus jeune âge, et cette offrande dépasse un simple geste familial : elle représente l’humanité présentant à Dieu ce qu’elle a de plus pur. Saint Grégoire Palamas dit : « La Vierge est le premier fruit sanctifié de la nature humaine offert à Dieu. » En entrant dans le Temple, Marie devient elle-même le temple vivant où le Verbe prendra chair.
La Tradition nous rapporte que le grand-prêtre, éclairé par l’Esprit, introduit la jeune Marie jusque dans le Saint des Saints, geste prophétique qui annonce qu’elle deviendra la demeure vivante du Très-Haut. Saint Jean Damascène écrit : « Le Temple vivant entre dans le Temple de la Loi pour préparer une demeure au Maître du monde. » Ce n’est pas le Temple qui sanctifie la Vierge, mais la Vierge qui sanctifie le Temple par sa présence et par sa pureté.
Cette fête ne nous parle pas seulement du passé ; elle éclaire notre vie spirituelle. L’entrée de Marie est l’image de notre propre approche du Seigneur. Chaque prière, chaque repentir, chaque participation à la liturgie est une entrée dans le Temple intérieur. Saint Ambroise nous rappelle : « La vie de la Vierge est pour nous l’école de la vertu : accomplissons spirituellement ce qu’elle accomplit corporellement. » En elle, dit saint Grégoire de Nysse, nous voyons ce que l’âme peut devenir lorsqu’elle se tourne entièrement vers Dieu.
Marie entre dans le Temple avec joie, courant vers la présence divine, offrant son cœur sans réserve. Saint Théophane le Reclus dit : « Le commencement de la sainteté est d’offrir son cœur à Dieu sans réserve. » Dans le silence du Temple, elle se laisse façonner par Dieu. Saint Isaac le Syrien nous enseigne : « Le silence est le mystère du siècle à venir. » La Mère de Dieu nous apprend ainsi que la rencontre profonde avec Dieu naît dans le silence, l’humilité et la prière.
Dans la discrétion de ces années cachées, Dieu prépare le salut du monde. Saint André de Crète affirme : « Aujourd’hui commence la préparation du mystère du Christ : la Vierge est formée dans le secret. » De même, Dieu agit dans le secret de nos cœurs lorsque nous lui ouvrons notre vie.
Frères et sœurs, en célébrant aujourd’hui l’Entrée de la Vierge, entrons avec elle dans le Temple spirituel. Offrons notre cœur, purifions notre âme, recherchant la paix et la joie de la présence divine. Par l’intercession de la Très Sainte Mère de Dieu, que le Seigneur fasse de nous aussi des temples vivants de sa grâce. À Lui soient la gloire aux siècles des siècles. Amen.
Prêtre Zhivko Zhelev
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La femme courbée
Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, Amen.
Bienaimés frères et sœurs en Christ,
L’Évangile du jour nous parle d’une scène simple, presque ordinaire : Jésus enseigne dans une synagogue un jour de sabbat. Mais cet instant est bouleversé par la venue d’une femme courbée depuis dix-huit ans, « oppressée par un esprit », dit l’Évangile. Elle ne peut pas se redresser. Elle vit littéralement inclinée vers le sol, incapable de regarder le ciel.
Aujourd’hui, à travers cette femme, c’est chacun de nous que le Christ rejoint. Car si nous ne sommes peut-être pas courbés physiquement, nous connaissons tous cette expérience : celle d’être plié, alourdi, écrasé par quelque chose qui nous dépasse — une souffrance, une culpabilité, un souci, une peur, une habitude mauvaise, un péché. Et souvent, comme la femme de l’Évangile, nous nous sommes habitués à cet état. Dix-huit ans ! Une vie entière courbée. Peut-être n’espérait-elle même plus la guérison.
Mais le Christ, Lui, voit ce que nous ne voyons plus. Il voit cette femme. Il la voit entièrement. Il la voit comme Dieu voit chaque être humain : non pas dans l’état où la maladie, les épreuves ou le péché l’ont laissé, mais dans l’état où Dieu veut le relever.
L’Évangile dit : « Jésus l’appela ». Il l’appelle, elle, personnellement, au milieu de la foule. Elle n’a pas demandé de miracle. Elle n’a pas crié vers Lui. C’est la compassion du Christ qui prend l’initiative. Frères et sœurs, n’attendons pas d’être parfaits pour nous présenter devant Dieu, on en sera pas. N’attendons pas d’avoir « mérité » Sa miséricorde. L’amour de Dieu nous précède toujours. Le Christ nous appelle tels que nous sommes — courbés, fatigués, blessés — pour nous relever.
Ensuite, Jésus lui dit : « Femme, te voilà délivrée de ton infirmité. » Puis il pose les mains sur elle, et elle se redresse immédiatement et glorifie Dieu.
Ce redressement est plus qu’une simple guérison physique : c’est un symbole puissant de la restauration de l’image divine en l’homme. Le péché et les souffrances du monde nous font regarder vers la terre, vers nos limites, vers nous-mêmes. Le Christ, Lui, nous relève et nous redonne la capacité de regarder vers le ciel, vers la Vie, vers Dieu.
Mais l’Évangile ne s’arrête pas là. Immédiatement surgit l’indignation du chef de la synagogue : « Il y a six jours pour travailler », dit-il. Quelle étrange réaction ! Un être humain qui souffre depuis dix-huit ans vient d’être guéri, et lui s’attache à une règle mal comprise.
Frères et sœurs, reconnaissons-le humblement : ce chef de synagogue peut aussi vivre en nous. Il représente la logique légaliste, la logique du jugement, la rigidité d’un cœur qui préfère l’ordre à l’amour, la lettre à l’esprit, les habitudes à la miséricorde.
Le Christ répond avec autorité et douceur : « Hypocrites ! Chacun de vous ne détache-t-il pas son bœuf ou son âne pour le mener boire le jour du sabbat ? Et cette femme, une fille d’Abraham, que Satan tenait liée depuis dix-huit ans, ne fallait-il pas la délivrer le jour du sabbat ? »
Quelle est la leçon ?
Le sabbat, jour de repos, jour consacré à Dieu, n’est pas annulé par le miracle — il trouve au contraire son accomplissement. Car le véritable repos, le véritable sabbat, c'est la délivrance de l’être humain, sa guérison, sa restauration. Lorsque l’homme est libéré, alors Dieu est glorifié.
Aujourd’hui encore, frères et sœurs, nous risquons de réduire la foi à des règles mécaniques. Mais la vie chrétienne, la vraie vie ecclésiale, n’est pas un système de prescriptions rigides : elle est la rencontre vivante entre Dieu et l’homme. La loi existe pour conduire à la vie, jamais pour empêcher la miséricorde.
Cette femme est appelée par Jésus « une fille d’Abraham ». Elle est reconnue dans sa dignité profonde. Elle n’est pas définie par sa maladie, ni par ses faiblesses, ni par son passé. Elle est une personne précieuse aux yeux de Dieu.
Frères et sœurs, c’est ainsi que Dieu nous regarde. Nous ne sommes pas définis par notre péché ou nos chutes, mais par l’amour que Dieu nous porte et par la vocation divine qu’Il a déposée en nous.
Alors que pouvons-nous retenir pour nos propres vies ?
D’abord, présentons-nous au Christ avec nos courbures. Soyons honnêtes devant Dieu. Ne dissimulons pas ce qui en nous a besoin d’être guéri. La prière, la confession, la vie sacramentelle sont les lieux où Dieu veut poser Sa main sur nous.
Puis, ne laissons pas la rigidité du jugement habiter nos cœurs. Apprenons à nous réjouir du bien qui arrive aux autres, à accueillir l’action de Dieu même lorsqu’elle surprend, même lorsqu’elle bouscule nos habitudes.
A la fin, soyons des instruments de relèvement. Quand nous rencontrons quelqu’un qui marche courbé — par la tristesse, par l’échec, par la honte — ne le jugeons pas. Appelons-le, comme le Christ appelle la femme. Une parole de bonté peut parfois être une main posée sur un cœur blessé.
Enfin, rappelons-nous que notre vocation n’est pas de vivre courbés vers la terre, mais dressés vers le ciel. Le Christ vient nous redonner la dignité perdue, Il vient nous redresser chaque fois que nous tombons, Il vient nous conduire vers la liberté des enfants de Dieu.
Frères et sœurs, que chacun de nous entende aujourd’hui cette parole du Seigneur : « Te voilà délivré. Redresse-toi. Regarde vers Dieu. Marche dans la liberté. » Amen !
Prêtre Zhivko Zhelev
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Le riche et le pauvre Lazare
Dans cet Évangile, frères et sœurs bien-aimés, l'inégalité visible de la condition et de la vie des gens dans la vie présente, temporaire, et, par conséquent, l'inégalité du sort des gens dans l'autre vie, celle de l'au-delà qui n'a pas de fin, nous est décrite par notre Seigneur Jésus-Christ Lui-même. Nous avons là un homme riche, dont le nom n'est pas mentionné, et un mendiant nommé Lazare. Qui est ce malheureux riche, ce joyeux luron qui hérite des tourments éternels ? Si l'on en juge par le fait qu'il appelle Abraham son père, et que lui et ses frères connaissaient les écrits de Moïse et des prophètes, nous devons supposer que l'homme riche était de la lignée et de la loi juives, c’était un descendant d'Abraham.
En quoi consistait son péché, quelle culpabilité lui avait valu d'aller en enfer ? Il est dit dans l'Évangile qu'il était riche ; mais ce n'est sans doute pas la richesse qui a été la cause du terrible tourment que cet homme riche éprouvait en enfer. Abraham a également été un homme très riche, mais la richesse ne l'a pas empêché d'être un ami de Dieu, car c’était un une personne hospitalière, qui accueillait les étrangers, qui était en toutes choses fidèle et obéissant à Dieu. Certes, il était vêtu de porphyre et de lin fin - donc de vêtements royaux - et il festoyait somptueusement chaque jour. Il semblerait qu'il n'y ait pas de sa part de faute particulière en cela non plus. On dit aussi qu'il festoyait chaque jour, c'est-à-dire qu'il mangeait, buvait et s'amusait avec ses amis et ses flatteurs ; mais même à notre époque éclairée, les festins et les dîners sont coûteux, et ceux qui les organisent ne pensent pas qu'ils pèchent gravement et qu’ils iront en enfer s'ils oublient les pauvres.
Cherchons encore quelles pouvaient être les fautes de ce riche joyeux luron. Que dit l'Évangile ? Il y avait un mendiant, nommé Lazare, qui était couché à sa porte le corps couvert de plaies, et qui voulait se nourrir des miettes qui tombaient de la table du riche, et les chiens venaient lécher ses plaies. La voilà la vraie faute du riche, celle qui le rend coupable de ses vêtements luxueux et de ses festins quotidiens : cette faute, c'est sa dureté de cœur et son absence de miséricorde envers les pauvres, qui lui viennent de sa passion pour le luxe et la vanité, pour l'oisiveté et la vie légère.
A la porte même de sa maison le pauvre Lazare est couché par terre, couvert de plaies. Par sa seule apparence il aurait dû susciter la compassion et la miséricorde ; mais le riche tout en le voyant ne le voit pas et ne lui témoigne pas la moindre compassion : il est occupé par ses festins ; les chiens sont plus compatissants que lui - ils viennent lécher le pus des plaies de Lazare. Lazare aurait voulu se nourrir des miettes de la table de l'homme riche – ce qui montre qu’il ne recevait rien du repas du riche. C'est pour cette dureté de cœur et ce manque de compassion que l'homme riche est envoyé en enfer après sa mort ; et Lazare, pour ses souffrances, pour sa patience à toute épreuve, pour sa pauvreté et son dénuement honnêtes, est jugé digne du sein d'Abraham, du repos et de la félicité éternels.
Quel enseignement nous donne cette représentation du riche et du pauvre ? Tout d'abord nous en tirons la leçon que la richesse et la pauvreté, la santé et la maladie, la joie et la tristesse – tout cela finit par passer et disparaître, mais les actes des gens, leurs vices et leurs vertus ne meurent pas, mais ils les suivent dans l'éternité, où ils permettent au Juge de condamner ou de justifier les hommes. C'est pourquoi, frères et sœurs bien-aimés, n'ayons pas le cœur dur et ne soyons pas sans pitié envers les pauvres, lorsque nous jouissons nous-mêmes de richesses, ne soyons pas vaniteux dans la richesse et le contentement, mais partageons ce que nous pouvons avec les pauvres, afin que, lorsque nous deviendrons pauvres en bonnes actions, ils puissent nous recevoir dans les tabernacles éternels, selon les paroles de notre Sauveur.
Voyez combien, après la mort de Lazare et de l'homme riche, le destin de l’un comme de l’autre change soudainement ! Le mendiant meurtet il est porté par les anges dans le sein d'Abraham. Quel honneur, quel amour lui portent les armées célestes ! Il est porté et accompagné au paradis comme un concitoyen par les anges du ciel, ces amis fidèles de tous ceux qui sont fidèles à Dieu. L'homme riche mourut aussi et fut enseveli ; et dans l'enfer, comme il souffrait, il leva les yeux, et vit de loin Abraham et Lazare dans son sein. Quel spectacle ! Lazare, ce mendiant, malade, méprisé jadis par l'homme riche, se trouve maintenant dans un lieu de lumière, de fraîcheur, de félicité, tandis que l'homme riche est dans l'enfer, dans les tourments.
Ensuite, l'homme riche demande à Abraham d'envoyer Lazare tremper le bout, juste le bout de son doigt dans l'eau et rafraîchir sa langue, cette langue qui aimait tant se délecter et qui maintenant était terriblement brûlante, desséchée. Mais l'homme riche se voit refuser cela, car il a reçu le bien durant sa vie et Lazare le mal. Il a donc reçu ce pour quoi il vivait, il a joui de ce qu'il considérait comme son bien, mais pour l'éternité, il n'a rien préparé, aucune bonne action. Lazare, dans la fournaise de la maladie et de la privation, s'est purifié de ses péchés et en a subi le châtiment dans la maladie et la privation mêmes. C'est pour cela, dit Abraham, qu'il est réconforté ici, tandis que toi tu souffres. C'est ainsi que les rôles de l'un et de l'autre se sont soudain inversés, dès après leurs morts respectives. En outre, Abraham présente à l'homme riche une autre raison pour laquelle Lazare ne peut pas venir à lui, à savoir qu'entre les prisonniers de l'enfer et ceux du paradis, il y a un gouffre infranchissable pour l’éternité. Cela avait dû frapper le riche d’un nouveau sentiment d’horreur de perte de tout espoir de grâce et il demande alors à Abraham, non pas pour lui, mais pour ses frères, qu'il leur envoie Lazare pour témoigner de l'existence réelle de l'enfer et de l'existence du paradis – la demeure éternelle et le lieu de la joie éternelle. Mais l'ancien riche se voit refuser cela aussi car, lui dit-on, ses frères devraient écouter Moïse et les prophètes, c'est-à-dire lire leurs écrits et s'y conformer. C'est une bonne leçon, instructive, pour tous les pseudos intellectuels insensés d’aujourd’hui qui ne croient pas en l'existence des âmes humaines après la mort, ne croient pas en l'existence réelle du feu éternel et en l'éternité du tourment des pécheurs impénitents et de la félicité future.
Méditez sur ce qui est écrit dans cette leçon de l'Évangile et croyez de tout votre cœur tout ce qui y est écrit. Car aucun iota ne passera de ce que le Christ-Vérité Lui-même a dit, jusqu’à ce que tout ne soit accompli. Amen.
Saint et Juste JEAN de Cronstadt
Богач и нищий Лазарь
В нынешнем Евангелии, возлюбленные братья и сестры, изображено Самим Господом нашим Иисусом Христом видимое неравенство состояния и жизни людей в здешней, временной жизни и сообразно тому неравенство участи людей в другой, загробной жизни, конца не имеющей. Речь идет об одном богатом человеке, имя которого не упомянуто, и об одном нищем по имени Лазарь. Кто же этот злополучный богач, роскошный весельчак, наследовавший вечную муку? Судя по тому, что он называет Авраама отцом и что ему и братьям его были известны писания Моисея и пророков, следует полагать, что богач был еврейского рода и закона, потомок Авраама.
В чем состоял его грех, его вина, за которую он попал в ад? В Евангелии сказано, что он был богат;но, без сомнения, не богатство было причиной столь ужасного мучения, которое испытывал богач в аду, – и Авраам был в свое время очень богатый человек, но богатство не помешало ему быть другом Божиим, потому что он был странноприимец и гостеприимен и был во всем верен и послушен Богу. Сказано дальше, что он одевался в порфиру и виссон – значит, чисто по-царски – и каждый день пиршествовал блистательно.Казалось бы, и в этом нет особенной вины его. Далее говорится, что он каждый день пировал блистательно – значит, ел да пил и веселился с друзьями и льстецами своими; но и в наше просвещенное время частые пиры, обеды дорогие,но устраивающие их не думают, что они через то тяжко согрешают и попадут в ад, особенно если забывают бедных.
Пойдем дальше искать вины богатого весельчака. Что в Евангелии говорится? Был некоторый нищий, именем Лазарь, который лежал у ворот его в струпьях и желал напитаться крошками, падающими со стола богача, и псы, приходя, лизали струпья его. Вот где настоящая вина богача, делающая его виновным и в его роскошном одеванье, и в его ежедневных богатых пирах: эта вина – жестокосердие и немилосердие к бедным, происшедшее в нем от страсти к роскоши и мотовству, к праздной и веселой жизни.
У самых ворот его дома лежит бедный Лазарь в струпьях, и который одним видом и положением своим должен бы был возбуждать сострадание и милосердие; но богач и видя как бы не видит его и не оказывает ему ни малейшего сострадания: он занят своими пирами; псы сострадательнее его – они приходят и облизывают гной Лазаря. Лазарь желал напитаться крошками со стола богача – значит, от богатой трапезы ему ничего не давали. Вот за это-то жестокосердие и немилосердие богач и послан после смерти в ад; а Лазарь за свое злострадание, терпение безропотное, за свою честную бедность и лишения удостоен лона Авраамова, вечного упокоения и блаженства.
Какой урок дает нам это изображение богатого и бедного? Во-первых, тот урок, что богатство и бедность, здравие и болезни, веселье и скорби – всё здешнее скоро проходит и исчезает, но дела людей, их пороки и добродетели не умирают, но переходят вместе с ними в вечность, и там или оправдают, или осудят их пред Судьей. А потому, возлюбленные братья и сестры, не будем жестокосерды и немилостивы к бедным, когда имеем сами достаток, не будем зазнаваться в богатстве и довольстве, а будем делиться по силам с бедными, чтобы, в случае когда мы оскудеем делами добрыми, они приняли нас в вечные кровы, по словам Спасителя нашего.
Смотрите, как после смерти Лазаря и богача вдруг переменяется судьба и состояние того и другого! Умер нищий и отнесен был Ангелами на лоно Авраамово. Какая честь, какая любовь к нему со стороны небожителей ! Его несут и сопровождают в рай, как согражданина своего, ангелы небесные, эти верные друзья верных Богу людей. Умер и богач, и похоронили его; и в аде, будучи в муках, он поднял глаза свои, увидел вдали Авраама и Лазаря на лоне его. Какое зрелище! Лазарь, нищий, больной, презираемый некогда богатым, теперь в месте света, прохлады, блаженства, а сам богач – в аде, в муках.
Дальше богач просит Авраама, чтобы он послал Лазаря, да омочит конец, только конец перста своего в воде и прохладит язык его, этот сластолюбивый язык, теперь ужасно горящий, засохший. Но богачу и в этом отказано за то, что богач получил свое добро в жизни своей, а Лазарь – зло. Следовательно, для чего жил, то и получил; что считал своим благом, тем и насладился, но для вечности – ничего, никаких добрых дел не приготовил. Лазарь же в горниле болезни и лишений очистился от грехов и потерпел за них наказание в самой болезни и лишениях. За то, – говорит Авраам, – он здесь утешается, а ты страдаешь. Вот как вдруг переменились роли того и другого, и сейчас же после смерти того и другого. Далее, Авраам представляет и другую причину богатому, почему Лазарю нельзя прийти к нему – именно потому, что между заключенными в аду и между находящимися в раю утверждена пропасть вовеки непроходимая. Это должно было поразить богача новым ужасом безнадежности в помиловании и он уже просит Авраама не о себе, а о своих братьях, чтобы Авраам послал Лазаря к ним для засвидетельствования о действительном существовании ада и о существовании рая – вечного жилища и места вечной радости. Но бывшему богатому сделан отказ и в этом, а сказано, чтобы братья его слушали Моисея и пророков, т.е. их писания читали и исполняли. Хороший, поучительный урок всем нынешним безумным умникам, не верующим в существование душ человеческих по смерти, в действительное бытие вечного огня и в вечность мучений грешников нераскаянных и будущего блаженства.
Размышляйте о написанном в этом евангельском поучении и веруйте всем сердцем всему, что в нем написано. Ибо ни одна йота не прейдет из того, что сказала сама Истина – Христосъ, и все исполнится. Аминь.
Святой Праведный IОАННЪ Кронштадтскiй
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Quand la grâce restaure ce que le mal a détruit
Luc 8:26–39
Bien-aimés frères et sœurs en Christ, l’Évangile que nous venons d’entendre nous conduit dans un lieu étrange, sur l’autre rive du lac, dans la région des Géraséniens, là où vivent des païens, où l’on garde des porcs, et où l’impureté semble régner. C’est là pourtant que Jésus choisit d’aller, là où personne ne veut aller, dans ce territoire de mort où vit un homme possédé, enfermé dans sa souffrance, rejeté par tous. Car le Christ ne fuit jamais les lieux de ténèbres : il y entre pour les illuminer. Saint Jean Chrysostome disait que le Seigneur ne se détourne pas de l’impur, car sa pureté n’est pas contaminée par le mal : au contraire, elle purifie ce qu’elle touche. C’est ce que nous voyons ici : la lumière divine descend jusque dans les tombeaux des hommes.
L’homme de Gérasa est une image de l’humanité blessée. Il vit parmi les morts, il est nu, enchaîné, criant sans cesse. Il n’a plus de paix, plus de relation, plus de dignité. Le mal l’a déshumanisé. Il ne se possède plus lui-même, car d’autres forces le dominent. Ce portrait n’est pas seulement celui d’un démoniaque du passé, mais celui de tout être humain lorsqu’il est séparé de Dieu. Le péché, la passion, la peur, la haine, tout cela nous isole, nous enferme, et fait de nous des étrangers à nous-mêmes. Saint Grégoire de Nysse a écrit que le péché est la maladie de l’âme, qui la rend semblable à un cadavre privé de la lumière divine. Mais ce que le Christ voit en cet homme, ce n’est pas un monstre : il voit une image blessée de Dieu, une icône peut être défigurée, mais jamais effacée. Et il s’approche, non pour juger, mais pour sauver.
Le Seigneur s’avance vers lui et parle à l’esprit mauvais : « Quel est ton nom ? » Ce n’est pas une curiosité, mais un acte de vérité. Nommer, c’est dévoiler, et ce qui est mis en lumière perd son pouvoir. La parole du Christ brise la confusion et restaure l’ordre. Là où règnent les ténèbres, la lumière entre et chasse le mensonge. Saint Basile le Grand disait que là où entre la lumière de Dieu, les ténèbres ne peuvent demeurer. Les démons supplient Jésus, car ils savent qu’ils ne peuvent rien contre Lui. Ils demandent de partir dans les porcs, et le Seigneur les laisse faire, non par faiblesse, mais pour montrer que la délivrance de l’homme a un prix. Les porcs périssent, mais une âme est sauvée. Saint Jean Chrysostome commente que le Christ montre ici la valeur infinie d’une seule âme, qui vaut plus que tout bien matériel.
Quand les habitants du pays viennent, ils trouvent l’homme assis, vêtu et dans son bon sens. Ces trois mots résument tout l’Évangile : assis, il est en paix ; vêtu, il a retrouvé sa dignité ; dans son bon sens, il a retrouvé la lumière intérieure. Saint Isaac le Syrien disait que là où la grâce agit, l’âme redevient ce qu’elle était au commencement, simple, pure et paisible. Cet homme n’est plus l’esclave des ténèbres, il est devenu un témoin de la lumière. Il veut suivre Jésus, mais le Seigneur lui dit : « Retourne chez toi, et raconte tout ce que Dieu a fait pour toi. » La grâce ne nous enferme pas dans la gratitude muette : elle nous envoie. Ce que le Christ touche, Il le transforme, et ce qu’il transforme, il l’envoie, dit saint Grégoire le Théologien.
Frères et sœurs, chacun de nous, d’une manière ou d’une autre, connaît cet homme. Nous portons tous en nous des blessures, des chaînes invisibles, des souvenirs douloureux, des passions qui nous dominent. Parfois, nous nous sentons comme lui, isolés, impuissants, enfermés dans nos tombeaux intérieurs. Mais l’Évangile d’aujourd’hui nous rappelle qu’il n’y a pas de lieu où la grâce ne puisse descendre. Aucune tombe n’est trop profonde pour que la voix du Christ ne s’y fasse entendre. Aucune chaîne n’est trop solide pour que Sa parole ne la brise. Aucune honte n’est trop grande pour que Son amour ne la couvre. Saint Maxime le Confesseur a écrit que la grâce ne détruit pas la nature humaine, mais qu’elle la guérit, qu’elle la rend à sa beauté première. C’est cela la restauration : non pas une simple amélioration morale, mais une recréation, une résurrection intérieure.
Le Christ est venu pour restaurer l’homme, pour le rendre à lui-même, pour lui rendre son visage d’enfant de Dieu. Là où le mal a détruit, la grâce rebâtit. Là où la peur a régné, la paix s’installe. Là où la honte a enfermé, la lumière libère. Cet homme, hier esclave, est aujourd’hui témoin. Ce lieu de mort est devenu le théâtre de la miséricorde. Et c’est cela que Dieu veut accomplir en chacun de nous : transformer nos ruines en temples, nos ténèbres en lumière, nos blessures en témoignages.
Ne fuyons pas le regard du Christ. Il n’est pas venu pour condamner, mais pour restaurer. Ouvrons-Lui les portes de nos tombeaux intérieurs. Laissons-Le nous revêtir de Sa miséricorde, nous asseoir à Ses pieds, et nous rendre notre bon sens spirituel. Saint Isaac le Syrien disait qu’il n’est pas de péché que la miséricorde ne puisse effacer, car là où l’amour de Dieu s’étend, tout renaît.
Frères et sœurs, aujourd’hui encore, le Seigneur passe sur nos rivages. Il nous appelle à sortir des tombeaux où nous vivons parfois, à quitter les chaînes de nos passions, et à nous laisser restaurer par Sa grâce. Il nous appelle à devenir, comme cet homme délivré, des témoins vivants de Son amour. Car le Christ ne vient pas seulement libérer : il vient reconstruire, réconcilier, ressusciter. Et à Lui soient la gloire, la puissance et la miséricorde dans les siècles des siècles. Amen.
Prêtre Zhivko Zhelev