SERMON du 25-e DIMANCHE après PENTECÔTE

Saints anargyres Cosme et Damien

Matines  : Marc XVI, 9-20

Liturgie : Ephés. IV, 1-6 ; Luc X, 25-37

I Cor. XII, 27 – XIII, 8 ; Matt. X, 1, 5-8

 

AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT

Bien-aimés Frères et Sœurs

 

I Il y a entre les deux fêtes de ce jour et les textes correspondants des interférences évidentes : l’évangile du 25-e Dimanche est celui du bon Samaritain et les saints que nous célébrons sont Cosme et Damien qui, non seulement guérissaient – ce qui n’est pas à la portée de tous les médecins … – mais ne faisaient pas payer [et nous nous souvenons de l’hémorroïsse de dimanche dernier qui avait, en vain, dépensé tout son argent en médecine].

Cosme et Damien sont connus en Occident et en Orient, alors que les deux autres médecins miraculeux, Cyr et Jean, ne sont vraiment connus qu’en Orient.

Nous méditerons d’abord sur l’évangile du bon Samaritain. Le Docteur de la Loi qui interrogeait le Christ sur les moyens de faire son Salut éternel, et qui confirme lui-même qu’il faut aimer Dieu par-dessus tout et aimer son « prochain » comme soi-même, voulant tenter Jésus, lui demande : « Qui est mon prochain ? ». Linguistiquement, c’est celui qui est « le plus près », ce qui, ethniquement, était entendu par les Juifs en termes de parenté. Le paradoxe – toujours valable pour nous ! –, c’est qu’il ne s’agit pas, dans la parabole du Christ, de parenté ou de familiarité, mais d’un inconnu … qui, simplement, se trouve là

Le second paradoxe – ethnique celui-là – est que le comportement exemplaire présenté par le Christ est celui d’un Samaritain, c’est-à-dire d’un groupe hébraïque avec lequel les Juifs évitaient toute relation.

Ce n’est pas moins provocateur – comme nous dirions aujourd’hui – que le contre exemple de cette anecdote, celui de deux ecclésiastiques juifs ...

L’important est de faire comprendre que le prochain est tout homme qui se trouve en proximité physique avec nous et qui, manifestement, a besoin d’aide.

Mais l’épître correspondante est le passage des Ephésiens, typiquement doctrinal et théologique : « … conservez l’unité de l’Esprit ». Il y a, poursuit l’apôtre, un seul Corps et un seul Esprit, comme vous êtes appelés à une seule espérance … Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême … Tel est le fondement de l’amour, pour le « prochain » en particulier.

II C’est à l’amour qu’est consacrée l’épître pour Cosme et Damien – alors que les « guérisons » – gratuites au demeurant : vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement – ne sont évoquées – dans la péricope de l’évangile de Matthieu précédemment entendu, que comme un accompagnement de la prédication du royaume des cieux.

Le cœur de l’épître est l’exaltation inconditionnelle de la charité, c’est-à-dire de l’amour. Comme en un préambule, l’apôtre évoque la variété des dons – des aptitudes et vocations – dans l’Eglise qui est le Corps du Christ. Certains sont apôtres, d’autres prédicateurs, d’autres théologiens. Certains ont le don des miracles, d’autres des guérisons, d’autres d’assister ou de secourir, d’autres de parler en langues selon la formule …

Mais là s’accomplit le retournement dialectique qui conduit à la surévaluation de l’amour : « quand bien même je parlerais toutes les langues, si je n’ai pas la charité, je ne serais qu’une cymbale ! Si j’ai le don de prophétie, si je connais tous les mystères, si j’ai la foi jusqu’à transporter des montagnes, si je n’ai pas la charité, je ne suis rien ».

La louange de la charité, de sa douceur, de sa modestie se poursuit : « … la charité excuse tout, elle croit tout, elle espère tout, elle supporte tout. La charité ne périt jamais ».

L’apôtre conclut même : « Maintenant [dans notre vie terrestre, simple prélude de la vie éternelle] ces trois demeurent, la foi l’espérance et la charité ; mais la plus grande est la charité ».

III Certes, notre vie terrestre n’est qu’un prélude et nous ne sommes pas encore dans le monde vrai.

Aussi bien, l’évangile de Matines a-t-il pour nous quant à nos possibilités et à notre vocation supérieure et définitive, une résonance manifestement résolutive. Le Christ, après être apparu à Marie-Madeleine, dont le témoignage n’a pas été cru, aux pèlerins d’Emmaüs, dont le témoignage n’a pas été cru non plus, le Christ apparaît finalement à tous les apôtres. Il leur reproche leur dureté de cœur et il leur donne la mission fondamentale : « Allez … prêchez l’évangile à toutes les nations. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé, celui qui ne croira pas sera condamné ». Il leur annonce les miracles qui les accompagneront, parmi lesquels la guérison des malades.

Ces guérisons seront un effet de la Grâce de leur charité !

Que cette charité, avec celle du bon Samaritain, soit dans nos cœurs !

 

AMIN

 

 

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