SERMON du DIMANCHE après la THEOPHANIE

Matines : Marc XVI, 1-8

Liturgie : Ephés. IV, 7-13 ; Matt. IV, 12-17

 

AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT

Bien-aimés Frères et Sœurs

 

I - Nous étions, lors du précédent sermon, dans la joie et l’Illumination de la Théophanie, nous étions littéralement pris et possédés par le MYSTÈRE de l’UNITÉ consubstantielle et indivisible de la TRINITÉ ; Nous entendions la Voix du Père témoignant de Son Amour pour le Fils tandis que l’Esprit, sous forme de colombe confirmait la vérité de cette Parole …

Or, aujourd’hui, en ce trente-cinquième Dimanche après la Pentecôte, voici que nous nous retrouvons dans une atmosphère complètement différente. La Prédication et le Baptême de Pénitence du Prophète et Baptiste Jean avaient, comme un mouvement de foule médiatique – pourrions-nous dire analogiquement –, profondément secoué la société juive : des masses se pressaient à son Baptême, lui-même n’avait pas craint d’assumer le dimensionnement d’une autorité morale redoutée ; il avait publiquement critiqué l’union d’Hérode et de sa belle-sœur Hérodiade. Hérode l’avait fait arrêter, mais n’osait pas aller plus loin …

Or c’est, vous le savez, le talent et le charme d’une danseuse, la fille d’Hérodiade, qui transforme la situation. Hérode avait eu l’imprudence, ravi par le spectacle qui lui avait été donné, de promettre à Salomé de lui donner tout ce qu’elle demanderait. Or la jeune fille, sur le conseil de sa mère, demande la tête du Baptiste. Hérode, prisonnier de son serment, la lui accorde : le leader qui avait fasciné les foules est ainsi supprimé.

Ce sont de ces transformations subites dont nous avons aussi l’expérience dans nos sociétés modernes : une personnalité d’exception est supprimée et tout est changé !

IICette vicissitude dramatique a aussitôt répercussion sur le Sauveur Lui-même. Après la mort de Jean, dit explicitement l’évangéliste Matthieu, Jésus se retira au pays de Caphernaüm, proche de Zabulon et Nephtali, c’est-à-dire dans la Galilée des Gentils. Ce transfert dans une autre population a une signification historique et mystique : « Ceux, dit l’apôtre, qui étaient assis dans les ténèbres ont vu une grande Lumière ». La Lumière s’est levée, explicite-t-il encore, « pour ceux qui étaient assis dans l’ombre de la mort ».

Il y a une concomitance singulièrement signifiante dans la vie du Seigneur : dès lors, Jésus commença à prêcher. « Amendez-vous, annonça-t-Il, car le Royaume de Dieu est proche ».

On était, effectivement dans les ténèbres, mais voici que le Seigneur Lui-même commença à annoncer le Royaume de Dieu.

Toute espérance humaine semble éliminée et voilà que tout autre chose commence !

III Ce qui s’élabore, en effet, c’est la péricope  de l’Epître aux Ephésiens qui en donne le dimensionnement mystique. Le texte est difficile. Il est monté, dit du Seigneur l’Apôtre, « avec une grande multitude de « captifs » - c’est-à-dire de convertis, « et Il a distribué des dons aux hommes »… Quel est donc, poursuit l’apôtre en une sorte d’incise, celui qui est monté ? C’est le même qui était descendu … afin qu’il remplît de Lui-même toutes choses. Les dons, c’est les vocations différentes des disciples, l’apostolat, la prédication, la prophétie, l’enseignement … dons variés par lesquels s’édifie le corps de Jésus-Christ, c’est-à-dire l’Eglise. Ceci, afin qu’étant parvenus à l’unité de la foi et à la connaissance du Fils de Dieu, à l’état donc d’homme fait,  nous soyons à la mesure de la stature parfaite du Christ.

Ce n’est pas facile à comprendre, bien-aimés Frères et Sœurs, mais c’est l’aboutissement de  cette perte apparente du royaume des hommes, du royaume d’évidence et de platitude des Juifs, et de la Marche – à travers Caphernaüm, Zabulon et Nephtali, la Galilée des Gentils – vers le véritable Royaume de Dieu.

Après l’Illumination de la Théophanie, c’est le cheminement rude  de l’imprévisible mystique !… On comprend l’ahurissement des femmes théophores de l’évangile de matines de ce jour, qui, après avoir vu l’Ange, s’enfuirent effrayées et ne dirent rien à personne.

QUE LE SEIGNEUR NOUS DONNE DE LE SUIVRE DANS SES SENTIERS -  PUISQU’IL NOUS A TOUT DONNÉ !

 

AMIN

 



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