La pêche miraculeuse

 

(Luc V, 1-11)

 

Nous venons d’entendre l’évangile sur la pêche miraculeuse et j’aimerais attirer votre attention sur la chose suivante. Celui qui a écouté avec attention ce récit évangélique et a réfléchi à son sens profond, ne peut pas ne pas voir que cette pêche miraculeuse n’a pu se réaliser que comme résultat de ce que l’on appelle l’obéissance. Si les apôtres n’avaient écouté leur Maître, jamais ils n’auraient réalisé cette pêche extraordinaire. Le caractère miraculeux de cette pêche est indiscutable. L'apôtre Pierre nous livre ce détail : « Maître, - dit-il, – nous avons travaillé toute la nuit sans rien prendre » /Luc V, 5/. C'est là la remarque d'un spécialiste, d'un pêcheur professionnel, qui dit que c'est précisément de nuit qu'ils n'ont pas attrapé de poisson, c'est à dire au moment le plus favorable pour la pêche au filet, bien plus facile que d'attraper du poisson de jour, lorsque le poisson voit le filet. Si de nuit ils n'ont pu attraper du poisson, il n'en sera que plus difficile d'en attraper de jour quand le poisson voit. Mais, sitôt après avoir fait cette remarque, l'apôtre ajoute immédiatement « mais, sur ta parole, je jetterai le filet ». Et une telle quantité de poissons fut attrapée que l'apôtre, qui avait commencé par contester le Seigneur, tomba à Ses pieds et Le supplia : « Seigneur, retire-toi de moi, parce que je suis un homme pécheur » /ibid. V, 8/.

De nos jours, parmi la confusion, le mensonge, dans un environnement de spiritualité frelatée et de toutes sortes de faussetés qui abondent à notre époque, l'homme est souvent confronté à des problèmes très difficiles dans sa vie personnelle ou sociale. Il arrive parfois que sa conscience l'oblige à dire des choses ouvertement, ou à faire coûte que coûte certaines choses. Mais en même temps il commence lui-même à hésiter : cela vaut-il la peine de protester ? Cela entraînera peut-être des conséquences graves ? Et puis, il se trouve toujours des conseillers qui s'emploient à vous dissuader, comme jadis avait voulu le faire l'apôtre Pierre essayant de détourner le Sauveur de Son Sacrifice, ce qui lui avait attiré cette terrible réponse : « Eloigne-toi de moi, Satan ! Car tes pensées ne sont pas les pensées de Dieu, mais celles des hommes » /Mt. XVI, 23/.

Il faut donc se souvenir que si, effectivement, la situation est telle que par devoir ou par conscience il faut agir de façon décisive, catégorique, et même si cela doit entraîner des conséquences graves, les saints Pères nous disent toujours : remets à Dieu tous tes soucis et sans regarder peureusement par côtés, va de l'avant et fait ton devoir, quant aux conséquences confie-les au Dieu Tout-Puissant.

Si tu ne réalises pas ce que ta conscience te commande de faire, tu accompliras un péché et ta conscience sera lourde. Mais si tu fais ce qui doit être fait, ton âme sera toujours en paix et tu éprouveras un sentiment de quiétude radieuse. Et encore une fois, ne te soucie pas des conséquences, confie-les au Dieu Tout-Puissant ! Il saura parfaitement Lui-Même comment régler cette affaire et ce qu'il en est des conséquences. De même lorsqu'un homme pécheur commet une faute et que sa conscience le pousse à la rectifier, souvent en lui-même il se dit : ce qui a été fait ne peut être réparé, jamais je n'y parviendrai. A cela, le Métropolite Antoine disait que dans de tels casil faut de l'audace, une pénitence sincère, et s'efforcer de rectifier le mal qui a été fait. Dieu te viendra en aide ! Souviens-toi toujours que si ton élan est sincère, ta pénitence profonde, alors notre Père Céleste réparera et dénouera ce que tu as embrouillé. Nous voyons constamment de tels cas. Et donc, lorsque tu dois prendre une décision – n'aie pas peur ! Demande au Seigneur de t'aider, signe-toi et dis ce que tu dois dire, et fais ce que tu dois faire et le Seigneur fera Lui-Même en sorte qu'il en découle un profit et que personne ne t'en tienne rigueur. Amen.

Saint Métropolite PHILARÈTE