ANNONCIATION de la T.S. Mère de Dieu

 

« Annoncez sur terre une grande joie,

cieux, célébrez la gloire de Dieu ».

 

Le christianisme commence avec l'Annonciation, il commence à partir du moment où nous entendons la voix céleste et recevons cette Bonne Nouvelle. Les Pères de l’Église ont dit que l'Annonciation était le début de notre salut. L'Annonciation est en réalité, et dans sa plénitude, la fête de l'Amour divin et de la liberté humaine. Une liberté qui accepte librement l'Amour.

On connaît peu dans l'histoire de l’Église chrétienne, dans la tradition religieuse, dans la mémoire religieuse des peuples chrétiens de fête aussi joyeuse et lumineuse que cette fête printanière de l'Annonciation. Et pourtant il n'existe, semble-t-il, aucun événement transcrit dans les Évangiles qui provoque autant d'incrédulité et de scepticisme chez les incroyants, les sceptiques, les rationalistes que, précisément, cet événement étrange que nous célébrons. Cet ange envoyé du Ciel auprès d'une jeune fille, cette promesse étrange, cet échange entre eux difficilement compréhensible ...

Même si dans certaines circonstances le sceptique est prêt à admettre un fondement historique au christianisme, s'il est prêt à ne pas nier tout en bloc, ce n'est pas ici – excusez ce propos inadéquat – ce n'est pas dans ce qui lui semble un conte enfantin. Mais peut-onalors imaginer que toute cette joie, toute cette explosion de liesse « Annoncez sur terre une grande joie, cieux, célébrez la gloire de Dieu », tout cela ne soit en quelque sorte qu'une légende, un mythe, voire pire … un mensonge ?

En aucune façon, car pour les fidèles chrétiens il n'est question ici ni de conte enfantin, ni de mensonge, mais bien d'obéissance et de raisonnement.

« Je suis la servante du Seigneur », c'est ainsi que la Très-Pure Vierge Marie conclut sa conversation avec l'Archange. C'est ainsi qu'elle répondit à ses paroles disant qu'elleallait être Mère de Dieu. Notre siècle incrédule exprime à propos de la réponse de la Vierge un étonnement pouvant en apparence sembler fort pieux : comment a-t-elle pu donner son accord, car cet accord pouvait signifierqu'elle se sentait capablede devenir Mère de Dieu. Comment pouvait-elle accepter de dire cela ? Pourquoi n'avait-elle pas refusé ? Cependant, ceux qui pensent ainsi ont tort, car il convient dans le cas présent de distinguer l'accord signifiant qu'elle se sentait capable, de l'accord donné par obéissance. Oui, elle a donné son accord, mais pas du fait qu'elle se reconnaissait capable ou digne, mais parce qu'elle confessait être la servante, en tout point obéissante, du Seigneur.

Lorsque l'on refuse ce qui vous est proposé par humilité, c'est un comportement hautement convenable, car l'humilité est une des plus hautes vertus. Mais il n'en est pas de même si l'on s'obstine à refuser et à aller contre la volonté divine. L'obéissance est un comportement plus élevé que l'humilité, et le refus d'obéissance par humilité est un péché.

Si nous voulons mieux comprendre l'obéissance de la Très-Sainte Vierge et la comparer à différents refus ou hésitations, souvenons-nous de l'apôtre Pierre dans l'épisode du lavement des pieds : « Simon Pierre lui dit : non, jamais tu ne me laveras les pieds » cette réaction témoigne de l'humilité de Pierre. « Si je ne te lave, tu n'auras point de part avec moi », lui répond le Seigneur. Alors, Pierre s'exclame : « Seigneur, non seulement les pieds, mais encore les mains et la tête ». Pierre ne donne pas son accord parce qu'il se sent digne, mais parce qu'il est poussé par un fort désir de prendre part au Seigneur ; toutefois il ne s'agit pas encore d'une obéissance parfaite, car il ajoute de lui-même : « mais encore les mains et la tête » . Le Seigneur, en ne lui lavant que les pieds, montre que ce n'est que l'obéissance, et elle seule, qui nous est demandée.

Ainsi, dans cet épisode de l'Annonciation nous est révélé le contenu de deux éminentes vertus chrétiennes : d'une part, le raisonnement en tant que capacité à évaluer correctement les phénomènes de la vie spirituelle, et d'autre part, l'obéissance à la volonté divine et les moyens de parvenir à sa juste compréhension. Sans ces deux qualités il est impossible de réaliser la vie chrétienne. Et ces qualités sont clairement manifestées par la Très-pure Vierge le jour de l'Annonciation et tout chrétien se doit de les faire croître en son cœur.

Amin