Dimanche de la Samaritaine

 

Aujourd'hui nous célébrons le dimanche dit de la Samaritaine, parce que lors de la Divine Liturgie nous avons lu le passage des Évangiles où Notre Seigneur Jésus-Christ discute près du puits de Jacob avec une Samaritaine qu'Il convertit à mener une vie pieuse. Dans ce récit, nous voyons en premier lieu une leçon pour nous – combien nous devons être prudents dans nos jugements envers les proches et combien nous devons éviter toute condamnation définitive nous souvenant de ce récit évangélique.

Fatigué du chemin parcouru, le Sauveur s'était assis près du puits de Jacob. Vient une femme samaritaine puiser de l'eau. Lorsque le Seigneur lui dit : « Donne-moi à boire », elle Lui répondit froidement : « Comment Toi qui est Juif, me demandes-Tu à boire, à moi qui suis Samaritaine ? » A proprement parler, il s'agissait d'un refus. Puis il est écrit : « car les Juifs n'ont pas de commerce avec les Samaritains ». En dépit du refus et de la froideur de la réponse, le Seigneur poursuivit sa discussion avec elle, et le ton de la Samaritaine changea brusquement lorsqu'Il lui dit : « Si tu connaissais le don de Dieu et qui est Celui qui te dit : donne-moi à boire, tu Lui aurais toi-même demandé à boire et Il t'aurait donné de l'eau vive ». Or, bien que cette Samaritaine fût une grande pécheresse, sous la carapace des passions et du péché battait en elle un cœur vivant. Et ce cœur sentit que devant elle se tenait quelqu'Un qui n'était pas semblable aux autres hommes. Et elle Lui dit : « Seigneur, Tu n'as rien pour puiser, et le puits est profond, d'où aurais-tu donc cette eau vive ? Serais-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné ce puits ? ». Le Seigneur continue à parler avec elle de cette eau vive et l'amène à dire ce qui suit : « Je sais que le Messie, celui que l'on appelle Christ, doit venir et Il nous annoncera toutes choses ». Et en réponse elle entend : « Je le suis, Moi qui te parle ».

La Samaritaine fut sans aucun doute ébranlée, car on n'entend aucune réponse de sa part. Elle a perçu toute la sainte et terrible vérité de ces propos. Et laissant là sa cruche, elle partit en courant vers la ville dire aux habitants qu'ils viennent voir si Celui qui, sans qu'Il ait pu auparavant le savoir, lui a raconté tout ce qu'elle avait fait, n'était pas le Christ ?

C'est là une leçon pour nous. Le Seigneur avait vu que sous la carapace de ses péchés, cette femme avait un cœur vivant. Il est des personnes qui ont en apparence une vie pleinement convenable et honnête, mais qui sont spirituellement morts. En dépit de toute la fange dans laquelle elle s'était abaissée, elle n'était pas spirituellement morte. Dès qu'elle vit qu'Il savait tout d'elle, alors qu'Il ne pouvait nullement le savoir, elle dit : « Seigneur, je vois que Tu es un prophète ». Et elle Lui pose immédiatement un tas de questions spirituelles, sur la façon d'adorer Dieu – est-ce comme le disent les Juifs, ou comme le font les Samaritains ? Cela montre qu'en elle son âme était vivante. Ces interrogations l'habitaient, elle cherchait, ne parvenait pas à comprendre commentadorer Dieu en vérité ? Et les réponses du Seigneur l'amenèrent à dire : « Le Messie va venir et Il nous instruira sur toutes choses ». Et là, elle entendit Sa réponse.

Que cela soit une leçon pour chacun de nous de ne juger personne ! Cette Samaritaine était pécheresse et elle est devenue une juste. Et pas seulement une juste : l’Église la glorifie en tant que sainte martyre Photinie la Samaritaine ayant souffert pour le Christ. Nous ne devons jamais juger qui que ce soit, car nous ne connaissons pas la vie intérieure de la personne.

Souvenons-nous d'un autre miracle étonnant, lorsque par Son amour et Sa sagesse le Seigneur a tiré à Soi une autre brebis perdue – le publicain Zachée. A peine l'avait-Il vu et était entré chez lui qu'Il lui annonce : « Le salut est entré aujourd'hui dans cette maison » ! Parce que le Seigneur a vu dans l'âme de ce publicain qui, profitant de son métier, s'adonnait à des pratiques illégales d'enrichissement, une étincelle de lumière. Et le Seigneur sut avec sagesse transformer cette étincelle en une flamme et Zachée devint un juste. Que ces exemples nous aident à nous juger nous-mêmes et non les autres. Il n'y a pas si longtemps nous demandions au Seigneur dans la prière du Grand-Carême de saint Ephrem de nous donner de voir nos propres fautes et de ne pas juger notre prochain. L'évangile d'aujourd'jui nous montre que nous ne devons jamais juger les autres, car nous ne savons pas ce qu'il y a dans leur âme.

Saint Métropolite PHILARÈTE