Un des plus grands saints du XXe siècle

 

Bien-aimés frères et sœurs en Christ,

Aujourd’hui, en cette sainte Liturgie, nous célébrons l’un des plus grands saints du XXe siècle, un véritable luminaire de notre temps : Saint Jean de Shanghai et de San Francisco, l’archevêque errant, le pasteur des orphelins, le défenseur des persécutés, et, surtout, un pacificateur, là où régnaient la division et la souffrance.

Il est écrit dans l’Évangile selon saint Matthieu : « Bienheureux les pacificateurs, car ils seront appelés fils de Dieu. » (Matthieu 5:9). Cette parole, frères et sœurs, s’est incarnée dans la personne du saint que nous vénérons aujourd’hui.

Saint Jean n’a pas eu une vie facile. Il est né en 1896 dans l’Empire russe, a connu l’exil, la guerre, les camps de réfugiés. Il a parcouru le monde : de la Russie à la Serbie, de la Chine aux Philippines, puis en France et enfin en Amérique. Partout où il est allé, il a trouvé des communautés divisées, blessées, perdues. Et pourtant, partout, il a semé la paix, non une paix superficielle, mais la paix du Christ.

Quand il arrive à Shanghai, la communauté russe y est éclatée, appauvrie, désorientée. Il ne cherche pas à imposer son autorité, mais à rassembler, à comprendre, à servir. Il ouvre un orphelinat pour les enfants abandonnés (selon le synaxaire, environ 3500 enfants), il soigne les malades, prie pendant des heures la nuit. Les gens voient en lui un saint vivant. Et au sein de cette cité en chaos, il devient un pont de réconciliation entre classes sociales, entre Russes et Chinois, entre clercs et laïcs.

À Paris, puis à San Francisco, les conflits ne manquent pas. Les querelles autour de la juridiction ecclésiastique, les accusations, les procès même… Beaucoup se détournent. Mais Saint Jean reste. Il porte en silence la croix de la calomnie. Il ne condamne pas, il n’élève pas la voix en colère, il souffre avec patience, avec amour. Et peu à peu, les cœurs s’adoucissent. Sa sainteté agit comme un baume.

Frères et sœurs, que voyons-nous dans sa vie ? Un homme frêle, voûté, qui parfois dormait à peine, marchait pieds nus, parlait peu… Mais un cœur brûlant d’amour pour Dieu et pour chaque être humain. Un cœur qui pardonne, qui rassemble, qui pacifie.

En ces temps où le monde est rempli de divisions — divisions entre peuples, entre familles, parfois même au sein de nos propres paroisses — Saint Jean est pour nous un exemple urgent et vivant. Il ne cherchait pas à « avoir raison ». Il cherchait à aimer. Il ne voulait pas gagner des débats, il voulait gagner des âmes pour le Royaume.

Chacun de nous peut, à son niveau, être un pacificateur. Dans nos maisons, nos lieux de travail, nos communautés, soyons comme Saint Jean : attentifs, priants, humbles, porteurs de paix. Car la paix véritable vient de Dieu. Et ceux qui la cultivent seront appelés fils de Dieu.

Saint Jean nous enseigne aussi que la paix n’est pas seulement l’absence de conflit. C’est la présence active de l’amour, de la prière et du pardon. Il priait sans cesse, même quand il semblait dormir. Il célébrait la Divine Liturgie avec une telle attention, une telle sainteté, que ceux qui y assistaient en sortaient transformés.

Aujourd’hui, demandons-lui son intercession. Qu’il nous aide à pardonner, à prier avec ferveur, à servir les plus petits, comme il l’a fait toute sa vie. Qu’il nous apprenne à porter la paix du Christ dans un monde qui en a soif.

Saint Jean de Shanghai et de San Francisco, prie Dieu pour nous ! Amen.

Père Zhivko Zhelev