SERMON du 21e DIMANCHE après la Pentecôte

des Saints Jean de Kronstadt, Jean de Rila, et des Nouveaux Martyrs de Russie

 

Matines : Jean XXI, 1-14

Liturgie : Gal. II, 16-20  ; 1 Jean IV, 7-11

Luc VIII, 5-1 ; Luc VI, 31-36

 

AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT ESPRIT

Bien-aimés Frères et Sœurs

 

L’amour et la sollicitude de Dieu ne cessent pas, Dieu est proche de nous dans les vicissitudes de chaque jour et Il élève jusqu’au ciel ceux qu’Il aime.

L’évangile de matines rapporte, selon le témoignage de Jean, la troisième apparition après la Résurrection. Simon et quelques compagnons étaient allés pêcher sans rien rapporter. Ils voient en revenant un homme sur le rivage. Celui-ci leur demande s’ils ont trouvé des poissons ... : Jetez le filet à droite de la barque ! dit le Seigneur qu’ils n’avaient pas reconnu. Ils le font et retirent une multitude de gros poissons. Jean reconnaît le Seigneur, Simon s’habille complètement et gagne la rive à la nage … Quand ils arrivent tous, ils trouvent un petit feu sur lequel étaient des poissons et du pain. Jésus leur dit d’apporter leurs poissons et de manger et il leur donne du pain et des poissons grillés. Du pain de tous les jours – ce n’est pas la Communion d’Emmaüs –, mais le Christ était venu, il leur avait fait pêcher une multitude de poissons : car Sa sollicitude est constante.

Mais il nous élève aussi très haut par la voie mystique.

INul n’est justifié par la Loi, dit l’apôtre dans l’épître aux Galates. Nous avons cru en Christ et nous sommes justifiés par la Foi et non par la Loi. Si nous péchons, c’est notre péché, pas celui du Christ. Je suis mort pour la Loi  par la Loi, et je suis vivant par le Christ. J’ai été crucifié avec le Christ : ce n’est pas moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi. Je suis vivant par le corps, mais je vis par le Fils de Dieu – et voilà la touche de conscience proprement mystique : – le Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré pour moi.

Pour moi : « Il est mort pour nous les hommes … » ; cela peut rester une formule, mais le basculement dans la vie mystique, c’est lorsque l’on sent vraiment ceci : Il est mort pour moi.

Cela est le préambule qui aide à comprendre la Parabole du semeur, lue dans l’évangile de Luc. Exemplification un peu lente : le semeur jette les grains, certains tombent sur le chemin et les oiseaux les mangent, d’autres tombent sur de la pierre, d’autres tombent parmi les épines, mais ceux qui tombent dans la bonne terre donnent au centuple. Les apôtres demandent l’explication. « A vous, dit le Christ, il est donné de savoir les mystères du Royaume de Dieu », d’autres entendent, afin que, voyant, ils ne voient pas, qu’entendant, ils n’entendent pas. La semence, c’est la Parole de Dieu, certains écoutent distraitement, certains sont pierre où les grains ne s’enracinent pas, d’autres les étouffent sous le poids de leurs ambitions ou de leurs richesses. La « bonne terre », c’est ceux qui reçoivent d’un cœur droit, et qui font fructifier la Parole dans la patience.

Prenez bonne note, Bien-aimés Frères et Sœurs, de cette précision. La Grâce requiert notre collaboration. Ceux qui persévèreront jusqu’à la fin seront sauvés. « Que ceux qui ont des oreilles, entendent »!

IICeux qui ont su entendre, ce sont les saints ! Nous fêtons aujourd’hui notre grand saint Jean de Kronstadt, saint Jean de Rila le bulgare, et les saints Nouveaux Martyrs de Russie canonisés en ce jour.

L’épître de saint Jean commence par l’exhortation qui nous est chère – inscrite au fronton de notre sanctuaire – « Aimons-nous les uns les autres ». Et l’apôtre que le Christ aimait développe lumineusement : « L’amour vient de Dieu, et celui qui aime naît en Dieu et connaît Dieu ». Celui qui n’aime pas, ne connaît pas Dieu. Combien, hélas, de dévots et de dévotes qui suppurent le mal par leurs médisances … L’amour de Dieu s’est manifesté en ceci : qu’Il a envoyé son Fils unique afin que nous obtenions la Vie par Lui : tel est le fondement absolu de l’Amour. La conclusion, c’est l’équivalence paradoxale de l’amour des chrétiens et de l’Amour de Dieu : « Si Dieu nous a tant aimés, nous devons nous aimer les uns les autres ».

L’évangile des grands saints que nous fêtons, nous l’avons rencontré il y a peu, avec son commencement de « bonne compagnie » : « Faites aux autres, ce que vous voudriez qu’ils fassent pour vous ». Mais aussitôt le Christ notre Dieu, « dérape » par rapport au « bon sens » humain : – Si vous aimez ceux qui vous aiment, quel gré vous en saura-t-on : les pécheurs aussi font de même ! Si vous faites du bien à ceux qui vous en font, quel mérite en aurez-vous : les pécheurs aussi font de même. Et le Seigneur développe encore : « Si vous faites des bienfaits à ceux dont vous espérez » … Là encore, les pécheurs font de même …

Explose alors le commandement révolutionnaire : « Aimez vos ennemis ! »

N’attendez rien  en retour ! Ils resteront ce qu’ils sont …

Mais Vous, vous aurez la grande récompense, et vous serez fils du Très Haut qui est bon envers les ingrats et envers les méchants. « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux ! »

 

Que, par les prières de saint Jean de Kronstadt, de saint Jean de Rila, de la Famille impériale et de tous les Nouveau Martyrs de la Russie, Dieu nous donne d’être miséricordieux et d’ AIMER NOS ENNEMIS !

 

AMIN

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