. SERMON du DIMANCHE avant Noël

DIMANCHE DES PÈRES


Vêpres : Gen. XIV, 14-20 – Deut. I, 8-11, 15-17 – Deut. X, 14-21

Matines : Jean : XX, 11-18

Liturgie : Hébr. XI, 9-10, 17-23, 32-40

Matt. I, 1-25

 

AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT ESPRIT

Bien-aimés Frères et Sœurs

 

Ce Dimanche des Pères, qui précède Noël, fait suite, d’une certaine manière à celui des Ancêtres, mais comporte, ce qui n’était pas le cas du précédent, des Lectures importantes et révélatrices. Le passage des Hébreux explicite la présence de la Foi chez les patriarches et Prophètes qui relèvent pourtant de la Loi – que l’Apôtre souvent distingue de la Foi en les opposant –, les péricopes de l’Ancien Testament soulignent le cheminement de la Grâce, en révélations, événements ou  institutions, et nous conduit ensuite à l’ascendance de Jésus. C’est dire la richesse des textes de ce dimanche.

I La lecture tirée de la Genèse a trait à l’expédition d’Abraham contre ceux qui avaient enlevé son parent, Lot ainsi que ses biens. Abraham est vainqueur et Lot libéré récupère ce qui lui appartient. Mais, ce qui est révélateur est l’intervention de Melchisédech. Ce roi de Salem  (ou de Sodome) – dont l’apôtre souligne ailleurs la singularité : on ignore son ascendance, il semble vivre indéfiniment … – fait irruption dans cette vicissitude guerrière d’Abraham, il lui apporte du pain et du vin (nous n’oublions pas que le Christ est prêtre pour l’éternité selon l’ordre de Melchisédech) … Ce passage de la Genèse dit d’ailleurs explicitement, de Melchisédech, qu’il était prêtre du Très-Haut. Melchisédech bénit Abraham qui lui donne un dixième de ce qu’il a conquis : nous avons là l’institution de la dîme qui doit être versée au clergé.

La première des lectures du Deutéronome de ce jour est l’institution par Moïse lui-même des Juges dont on sait l’importance dans l’histoire d’Israël et qui surtout soulignent l’importance de la Justice dans les choses humaines. C’est au moment où les Hébreux approchent de la Terre Promise que Moïse met en place les Juges.

L’autre passage du Deutéronome met en relation immédiate la morale individuelle et sociale  avec le choix opéré par Dieu du peuple élu : « Le Dieu du Ciel et de la Terre a choisi vos pères », est-il dit aux Hébreux. Par suite, circoncisez vos cœurs, pliez vos cous. Il faut se discipliner, s’humilier : à cause de Dieu. Crains ton Dieu ! Il protège la veuve et l’orphelin. Souvenez-vous que vous avez été étrangers en Egypte. Aimez l’étranger … Tout comportement juste procède de Dieu qui a fait à ton égard, peuple d’Israël ! de grandes choses …

II L’épître aux Hébreux évoque tous les comportements héroïques et inconditionnels des patriarches, à commencer par Abraham qui, appelé, quitta le pays où il avait vécu pour aller il ne savait où. Par la foi, il demeura sous la tente comme un étranger …. Car lui et les siens attendaient la cité dont le constructeur est Dieu. C’est par la foi qu’Abraham se prépara aussi à sacrifier son fils Isaac, c’est par la foi qu’Isaac donna sa bénédiction à ses fils, c’est par la foi que Joseph mourant parla de la sortie d’Israël d’Egypte et donna des instructions pour le transfert de ses ossements, c’est par la foi que Moïse, sauvé des eaux, renonça à rester le fils de la fille de pharaon et rejoignit ses frères. L’apôtre poursuit ces évocations des hauts faits des patriarches, de leur bravoure ou de leur sacrifice, des miracles aussi qu’ils firent, guérissant les mourants, ressuscitant les morts … Cependant, ils ne reçurent pas la récompense promise … Ile ne reçurent pas, en effet, le salut : ils étaient  antérieurs au Christ … mais Dieu voulait pour eux cette plus grande récompense, à savoir qu’ils ne reçoivent pas sans nous le Salut.

C’est par le Christ descendu aux enfers qu’ils reçurent la gloire promise.

IIIEn ce jour, qui est celui des Pères, et en recevant, par la lecture de l’épître ainsi que par la célébration du dimanche précédent, la pensée des Ancêtres, nous arrivons à la péricope évangélique qui n’est autre que le commencement de l’évangile de Matthieu, c’est-à-dire la généalogie de Jésus.

Beaucoup de ces noms des quarante-deux générations qui aboutissent au Christ évoquent peu de choses pour nous. Certes, David et Salomon sont des rois, mais beaucoup sont des personnages obscurs. Matthieu, dans cette généalogie ne remonte pas, comme tel autre apôtre, jusqu’à Adam. Il commence à Abraham. Mais, avant d’en venir à Joseph que je n’ai pas mentionné en parlant dimanche dernier des « Ancêtres », nous devons remarquer le fils de David dont descend Jésus, c’est-à-dire Juda. Il n’est que l’un des nombreux enfants de Jacob lesquels ne sont évoqués ici que comme ses frères. Mais, de même que nous avons rappelé précédemment le sacerdoce selon l’ordre de Melchisédech, il convient de tenir en mémoire ici, comme l’ont fait les plus anciens théologiens apostoliques, qu’aucun prêtre n’est jamais descendu de Juda. Le sacerdoce d’Israël se rattachait en effet à Lévi.

Christ, comme le dit l’apôtre Paul, est bien l’instaurateur d’un nouveau sacerdoce – celui de la foi et non plus celui de la Loi.

Venons donc enfin à Joseph « le fiancé ». C’est par lui que le Christ, en s’incarnant de Marie la Vierge, devient le fils de David. Joseph était un homme honnête et il s’apprêtait à répudier secrètement son épouse. L’ange l’avertit en songe de n’en rien faire, comme il lui ordonna, par la suite, d’aller en Egypte, puis d’en revenir.

Je terminerai par le Nom de Jésus. L’ange, dans son apparition à Joseph, lui dit : tu lui donneras le nom de Jésus « car c’est Lui, poursuit l’ange, qui sauvera son peuple de son péché ». Jésus, en effet, veut dire en hébreu : « Dieu sauve ». L’apôtre continue en rappelant le prophète : « Voici, une vierge concevra et elle enfantera un fils que l’on nommera EMMANUEL » - ce qui veut dire : s nami Bog : Dieu avec nous. Tout n’est pas évident, mais le semblable reste le semblable.

Que toutes les merveilles que nous envoie notre Dieu, en ces jours de la Nativité, comblent nos cœurs !

 

AMIN