Fête du POKROV ou PROTECTION de la VIERGE

Notre Métropolite Antoine de bienheureuse mémoire soulignait que le peuple orthodoxe russe pouvait, certes, tomber très bas, mais qu’il gardait toujours cependant une juste perspective spirituelle dans le sens où, à ses yeux, les valeurs spirituelles étaient toujours supérieures aux valeurs matérielles, terrestres, éphémères. A ce propos notre Métropolite aimait tout spécialement se référer à la fête de la Protection de la Très-Sainte Mère de Dieu.

Rappelons ce qu’a été historiquement cet événement. Nos ancêtres, païens à l’époque, voulurent conquérir Constantinople qu’ils assiégèrent en l’an 866. Mais la Mère de Dieu offrit sa Protection aux assiégés et nos ancêtres, défaits et battus, furent contraints de rebrousser chemin.

Mais ce qui est remarquable, soulignait le Métropolite Antoine, c’est que cet événement, cette fête du Pokrov, de la Protection, passe de façon inaperçue dans la liturgie et la vie religieuse des Grecs. Alors que les Russes aiment tellement cette fête, qu’ils la célèbrent à l’égal des douze grandes fêtes de l’année liturgique, car pour le fidèle russe orthodoxe, au-delà des circonstances politiques ou militaires, l’important était cette manifestation miraculeuse de la Protection de la Mère de Dieu.

Il faut savoir que dans l’église des Blachernes, où s’était rassemblée une grande masse d’habitants tremblants de frayeur de voir ce terrible conquérant sur le point de s’emparer de la ville et de la détruire, il y avait très certainement des personnes de qualité spirituelle différentes : des bons, des croyants, des incrédules et des grands pêcheurs – la frayeur les avait tous réunis dans ce temple. Et lorsque nous pensons à l’histoire de cette fête, nous savons que le Voile Protecteur de la Mère de Dieu recouvrait toutes les personnes présentes dans l’église, sans distinguer les bons des méchants.

Ce n’est pas étonnant qu’un grand homéliste russe disait que le Seigneur ne manque pas de raisons pour être en colère contre nous. Saint Théophane le Reclus disait : « Le Seigneur est miséricordieux et compatissant, longanime et plein de bonté. Et cependant, nous nous conduisons de façon telle que ce Seigneur, même aussi plein de bonté, nous parvenons en fin de compte à Le mettre en colère ». Mais lorsque le Seigneur, dans Son juste courroux porte Son regard sur la terre, sur le genre humain, Il semble ne pas voir ces pêcheurs endurcis, car la Mère de Dieu les a cachés sous son Voile, sous son Omophore, et lorsque le Seigneur regarde, Il voit ce Voile Protecteur, ce Pokrov, de la Mère de Dieu.

Un autre Père a dit que si un jour la Mère de Dieu venait à retirer son Voile Protecteur, la fin du monde viendrait immédiatement.

Et pour l’instant, chacun de nous doit se souvenir que pour une mère aimante, tous les enfants sont pareillement chers, les bons comme les mauvais. Elle souffre plus pour ceux qui sont désobéissants, indociles, méchants que pour ceux qui sont dociles et obéissants. De même, notre Mère Céleste, à qui le Seigneur a confié tout le genre humain, protège tous les hommes de son Voile. Évidemment, elle prie tout spécialement son Fils et Dieu pour ceux qui sont insouciants, ceux qui par leur conduite mauvaise et non chrétienne Lui procurent de la peine.

C’est pourquoi, ô âme chrétienne, ayant tout cela à l’esprit ne désespère jamais, et dans les moments difficiles recours toujours à l’aide de notre Reine Céleste. Son Voile est étendu au-dessus de nos têtes ! Si seulement nous pouvions voir ce qui est visible à un œil spirituellement purifié, nous verrions alors quel océan d’Amour Divin et d’Amour de la Mère de Dieu nous entoure en permanence. Par quel Amour insondable de la Mère de Dieu chaque minute de notre existence est entourée ! Oui, nous avons seulement voilé nos yeux spirituels par toutes sortes de péchés, raison pour laquelle nous ne le voyons pas.

Cependant, nous devons le croire fermement ! Nous devons nous en souvenir constamment ! Et sans l’ombre d’une hésitation nous adresser à notre Mère Céleste aimante, sachant qu’elle entend chaque appel qui lui est adressé avec foi et que sa prière maternelle a un grand pouvoir devant le Trône du Seigneur de Gloire. Amen.

Saint Métropolite PHILARÈTE