La Parabole des Talents

 

Bien-aimés frères et sœurs en Christ, aujourd’hui l’Évangile de Matthieu nous rappelle la parabole des talents. Le Seigneur nous y révèle une vérité profonde : chacun de nous reçoit des dons et des responsabilités de la part de Dieu, et nous serons jugés sur la manière dont nous les faisons fructifier. Il ne nous donne jamais plus que ce que l’on peut supporter (5, 2 ou 1 talent selon nos forces). Cette parabole nous appelle à une vigilance spirituelle constante et à une fidélité active dans la prière, le carême, les bonnes œuvres et le service à notre prochain et à l’Église, car il ne s’agit pas simplement de posséder ou de conserver, mais de mettre en action les dons que le Seigneur nous confie.

Dans cette parabole, un homme, partant en voyage, appelle ses serviteurs et leur remet ses biens. À l’un il donne cinq talents, à l’autre deux, au troisième un, chacun selon sa capacité, et il part. Celui qui part à l’étranger représente le Christ Lui-même qui s’éloigne du monde par Son Ascension et jusqu’à Son deuxième avènement confie à chacun de nous l’administration de nos vies, de nos talents et de nos œuvres. L’étranger symbolise le temps de l’épreuve et de la responsabilité. Dieu ne disparaît pas, mais Il nous confie l’administration de nos vies et de nos ressources, afin que nous les fassions fructifier dans l’attente de Son retour.

Les trois serviteurs représentent tous les croyants. Ceux qui multiplient les talents sont ceux qui vivent dans la fidélité et l’amour de Dieu, et celui qui enterre son talent par peur représente ceux qui laissent la crainte, la paresse ou l’inaction stériliser les dons que Dieu leur a confiés. Les talents, dans le contexte biblique, sont de grandes sommes d’argent, mais spirituellement ils représentent les dons de Dieu : nos talents naturels, nos forces morales, notre foi, notre capacité à aimer et à servir. Tout ce que nous possédons, même nos épreuves et nos ressources, peut devenir un instrument de sanctification si nous le mettons au service du Royaume Céleste. Ainsi, la parabole n’est pas une simple leçon économique, mais une exhortation à mettre nos dons au service de Dieu et du prochain avec courage et fidélité.

Les saints Pères ont médité longuement sur cette parabole et nous offrent des lumières précieuses pour la comprendre. Saint Jean Chrysostome enseigne que le Seigneur donne à chacun des talents selon sa capacité et que notre responsabilité est d’agir avec diligence. Il insiste sur le fait que celui qui ne produit rien n’est pas puni pour ses capacités, mais pour son inertie et sa négligence. Saint Grégoire le Théologien souligne que même un seul talent, bien utilisé, est précieux et peut se multiplier dans l’œuvre de Dieu. La mesure n’est pas la quantité, mais la fidélité dans l’amour et le service. Saint Jean de Damas ajoute que même les talents les plus modestes, s’ils sont offerts avec amour et persévérance, deviennent une source de bénédiction et de joie pour le Royaume de Dieu. Ces enseignements nous rappellent que la parabole concerne non seulement nos actions, mais la qualité de notre vie intérieure, notre prière, notre amour et notre vigilance spirituelle.

Frères et sœurs, méditons maintenant sur notre vie quotidienne. Notre prière est-elle fidèle ou bien nos talents spirituels dorment-ils par paresse ou par peur ? Pendant le carême, prenons-nous le temps de multiplier nos efforts pour Dieu, par le jeûne, la prière et la charité ? Nos dons naturels, notre expérience et notre position sociale sont-ils utilisés pour servir les autres et glorifier Dieu, ou sont-ils simplement enfouis pour notre confort personnel ? Chaque chrétien est appelé à réfléchir sur les talents que le Seigneur lui a confiés et sur la manière dont il peut les faire fructifier pour le Royaume. Même une petite offrande, lorsqu’elle est donnée avec amour et fidélité, devient un trésor aux yeux de Dieu. Le serviteur qui enterre son talent ne fait pas le mal par excès de vice, mais par paresse et crainte. Le Christ nous appelle à oser, à travailler courageusement, et à transformer nos dons en fruits pour Son Royaume.

Pour illustrer cela, pensons à nos saints et moines qui ont vécu dans l’humilité et la fidélité. Par exemple, Saint Nicolas le Thaumaturge est un modèle parfait. Bien qu’il ait occupé des responsabilités importantes comme évêque, il a toujours utilisé ses talents non pour s’enrichir ou s’élever lui-même, mais pour aider les pauvres, défendre les innocents et instruire son peuple dans la foi. Chaque acte de charité, chaque décision juste qu’il prenait était une manière de « multiplier ses talents » spirituels et matériels pour le Royaume. Sa vie montre que même ceux qui ont beaucoup de responsabilités ou de dons ont le devoir de les faire fructifier pour les autres, avec humilité et fidélité.

Un autre exemple intéressant est celui de Sainte Marie l’Égyptienne, qui a transformé sa vie pleine d’erreurs en un don total à Dieu. Ses talents n’étaient pas matériels ni sociaux, mais sa conversion radicale et sa persévérance dans l’ascèse ont fait d’elle un trésor spirituel. Elle a multiplié son talent par la prière, le jeûne et la méditation, et a ainsi rayonné sur beaucoup d’âmes même depuis sa vie solitaire dans le désert.

Souvenons-nous que la parabole des talents est un appel à la responsabilité spirituelle. Dieu nous donne des dons selon notre capacité et attend de nous fidélité et courage. La vraie richesse n’est pas dans l’argent ou le pouvoir, mais dans l’amour mis en action et dans la fidélité de la foi. Prions pour que le Seigneur nous aide à ne pas enterrer nos talents par peur, paresse ou négligence, mais à les voir et multiplier dans la prière, le service et la charité, afin qu’au jour de Son retour, nous entendions Sa voix bienveillante nous dire : C’est bien, serviteur bon et fidèle, entre dans la joie de ton maître. Amen.

 

Prêtre Zhivko Zhelev

Aimez vos ennemis

 

 

Frères et sœurs bien-aimés en Christ, aujourd’hui l’Évangile nous place devant l’un des appels les plus exigeants et les plus lumineux du Seigneur. Le Christ nous dit : « Et comme vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux. Aimez vos ennemis, faites du bien, et prêtez sans rien espérer. Alors votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Très-Haut, car Il est bon pour les ingrats et pour les méchants. Soyez donc miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux. » (Luc 6:35) Ces paroles ne sont pas seulement un conseil moral ou une invitation à être aimable. Elles sont un appel à entrer dans le cœur même de Dieu, à refléter dans notre vie l’amour sans mesure du Père céleste. Être miséricordieux, ce n’est pas simplement faire le bien par devoir ou par sympathie. C’est aimer selon la mesure divine, aimer même quand on ne reçoit rien en retour, aimer sans condition. La miséricorde dont parle le Christ n’est pas une émotion passagère. C’est un état du cœur qui voit en chaque personne l’image de Dieu, même défigurée par le péché, et qui répond à cette image avec douceur, compassion et respect. Le Seigneur nous appelle à dépasser la logique humaine du mérite et de la réciprocité. Il nous invite à vivre selon la logique du Royaume des cieux, où la justice n’est pas celle du talion, mais celle de la grâce.

Pour comprendre ce que cela signifie concrètement, l’Église nous donne des exemples vivants, des témoins de l’amour du Christ. Parmi eux, Saint Jean de Shanghai et de San Francisco brille comme une étoile dans la nuit du monde moderne. Né en 1896 dans une Russie bouleversée, il fut marqué dès son enfance par la prière, la simplicité et la foi. Devenu moine, puis évêque, il ne chercha jamais la gloire, ni le confort, ni la reconnaissance. Il se considérait comme le serviteur de tous, un pauvre du Christ. À Shanghai, alors que la ville était remplie de misère, de réfugiés et d’orphelins, il devint le père des sans-abris et des oubliés. On le voyait marcher pieds nus dans les rues, même en hiver, pour rendre visite aux malades et porter secours aux pauvres. Il fonda un orphelinat, et quand il n’avait rien à donner, il mendiait lui-même pour nourrir les enfants. Il priait toute la nuit pour eux, se souvenant de chacun par son nom. Ce n’était pas un philanthrope au sens humain, mais un homme habité par la compassion du Christ.

Saint Jean voyait dans chaque visage l’icône du Sauveur. Pour lui, il n’y avait pas de frontières entre les peuples, ni de barrières entre les âmes. Il priait pour tous, il aimait tous, sans juger. Il ne se contentait pas de prêcher l’amour, il le vivait dans les moindres détails de son existence. Ce qui est frappant, c’est que cet homme de miséricorde n’était pas un héros aux yeux du monde. Il était petit, frêle, souvent malade. Beaucoup se moquaient de lui à cause de son apparence négligée et de son comportement ascétique. Mais en lui brûlait une force surnaturelle, la force de l’amour crucifié. C’est dans sa faiblesse que la puissance de Dieu se manifestait.

Saint Jean passait des heures en prière, souvent debout, les bras levés, intercédant pour les vivants et pour les défunts. Il priait pour ceux qui l’insultaient, pour ceux qui le calomniaient. Il ne gardait dans son cœur aucune rancune. Quand on l’accusait injustement, il répondait par le silence et la bénédiction. C’est là le signe de la véritable miséricorde : aimer même quand on est blessé, pardonner même quand on n’est pas compris.

Mais avant de devenir archevêque à San Francisco, Saint Jean passa aussi plusieurs années en France, où il servit avec un zèle extraordinaire la communauté orthodoxe russe et francophone. Il vécut à Paris, à Versailles, et surtout, il exerça son ministère dans notre Église Saint-Nicolas à Lyon. Oui, frères et sœurs, dans cette même église où nous prions aujourd’hui, il a célébré la Divine Liturgie, confessé des âmes, enseigné, consolé, et laissé le parfum de la sainteté. Ici même, dans cette maison de Dieu, ses pas ont retenti, ses prières ont monté vers le Ciel, ses larmes ont coulé pour le monde. Nous ne parlons donc pas d’un saint lointain, mais d’un père spirituel qui a marché parmi nous, dans notre ville, dans notre église, et qui continue d’intercéder pour nous du haut des cieux. On disait de lui qu’il ne dormait que quelques heures par nuit, car il passait le reste du temps en prière. Lorsqu’on lui demandait pourquoi il se fatiguait ainsi, il répondait simplement : « Comment pourrais-je dormir paisiblement quand tant d’âmes souffrent ? » Il disait aussi : « Les gens cherchent des miracles, mais le plus grand miracle, c’est quand un cœur commence à aimer. »

Ce miracle, Saint Jean l’a vécu chaque jour. Son amour n’était pas sentimental, mais concret. Il prenait soin des corps et des âmes, il pleurait avec ceux qui pleuraient, il se réjouissait avec ceux qui se relevaient. Après sa mort, en 1966, des milliers de personnes vinrent se recueillir auprès de son corps. Beaucoup furent frappés de voir qu’il demeurait incorrompu, comme si le Seigneur voulait montrer que l’amour véritable ne meurt pas. Ce n’était pas seulement un signe extérieur, mais la confirmation de cette parole du Christ : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. »

Frères et sœurs, le Seigneur ne nous demande pas de devenir tous des saints connus, mais Il nous appelle chacun à vivre la miséricorde là où nous sommes et avec les forces que nous avons. Peut-être ne pouvons-nous pas fonder des orphelinats, ni parcourir les rues pieds nus, mais nous pouvons ouvrir notre cœur à ceux qui souffrent près de nous. Nous pouvons commencer par de petites choses : ne pas juger trop vite, pardonner à celui qui nous a blessés, prier pour nos ennemis, donner un mot de consolation, un sourire, une aide discrète. Ce sont ces gestes simples qui transforment le monde.

Être miséricordieux, c’est refuser la dureté du cœur. C’est croire que chaque être humain peut être relevé par la grâce. C’est choisir d’aimer, même quand on ne le ressent pas, même quand cela coûte. La miséricorde n’est pas une faiblesse ; elle est la force du Royaume. Elle seule peut vaincre le mal et désarmer le démon. Quand nous aimons comme le Christ, nous devenons ses témoins, ses icônes vivantes dans ce monde.

Frères et sœurs, regardons la vie de Saint Jean et laissons-nous toucher. Lui, un homme simple, fragile, est devenu un phare de lumière pour des générations entières. Pourquoi ? Parce qu’il a pris au sérieux l’Évangile. Il a cru que ces paroles : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux », étaient faites pour être vécues. Il n’a pas attendu que le monde change pour aimer. Il a aimé, et le monde autour de lui a commencé à changer.

Que chacun de nous fasse de même. Que dans nos familles, nos communautés, nos cœurs, la miséricorde prenne racine. Que nous apprenions à voir le Christ dans le visage de ceux qui nous entourent, surtout dans celui des plus petits et des plus faibles. Car c’est là que le Seigneur se cache. Et lorsque nous agissons ainsi, le Royaume de Dieu n’est plus loin : il commence ici, dans le secret de nos âmes transformées par l’amour.

Que Saint Jean de Shanghai et de San Francisco intercède pour nous, afin que nous recevions cette grâce de la miséricorde. Qu’il nous apprenne à aimer sans mesure, à pardonner sans conditions, à servir sans rien attendre. Et qu’à travers nos vies, le monde puisse entrevoir la lumière du Père céleste, Lui qui est bon et miséricordieux envers tous. Amen.

 

Prêtre Zhivko Zhelev

 

Parabole des invités au festin

 

 

« Car beaucoup sont invités, mais les élus sont peu nombreux »

Frères et sœurs, le Christ nous parle aujourd’hui dans l’évangile du jour d’un roi qui prépare les noces de son fils. Dans la Bible, les noces sont toujours une image de l’alliance de Dieu avec son peuple. Le prophète Ésaïe annonçait déjà : « L’Éternel des armées préparera pour tous les peuples, sur cette montagne, un festin de mets succulents » (Ésaïe 25:6). Le fils du roi, c’est Jésus-Christ, l’Époux venu pour s’unir à son Église. Le roi, c’est Dieu le Père, qui a tout préparé dans son amour : le salut, la rédemption, la joie éternelle. Le festin, c’est le Royaume, où règne la communion avec Lui. Rien ne manque, car tout a été accompli à la croix.

Mais Jésus nous montre la réaction tragique des premiers invités. Les serviteurs représentent d’abord les prophètes envoyés à Israël. Pendant des siècles, Dieu a parlé à son peuple, rappelant son amour et son alliance. Mais les prophètes ont été rejetés, méprisés, parfois même mis à mort. Enfin, Dieu a envoyé son propre Fils. L’invitation est devenue plus urgente encore : « Venez aux noces, tout est prêt. » (Mat. 22:4) Mais les chefs religieux ont refusé, et Jésus lui-même sera rejeté et crucifié. Les serviteurs représentent aussi les apôtres, porteurs de l’Évangile, souvent persécutés pour avoir proclamé cette invitation.

Ce rejet n’est pas seulement celui d’un peuple ancien ; il traverse l’humanité entière. Dans la parabole, certains invités s’occupent de leurs affaires, de leurs champs, de leurs commerces. Voilà l’image de l’indifférence spirituelle : l’invitation est entendue, mais elle est étouffée par les préoccupations de la vie. D’autres maltraitent les serviteurs : voilà le rejet violent, la haine ouverte contre Dieu et ses envoyés. L’histoire se répète encore aujourd’hui. Combien repoussent la Parole de Dieu, non pas toujours par hostilité, mais par simple négligence, comme si le Royaume n’était pas une urgence, comme si Dieu pouvait attendre ! C’est là déjà que résonne le verdict du Christ : « Beaucoup sont invités, mais les élus sont peu nombreux. »

Face à ce refus, le roi ouvre plus largement encore son invitation. Les serviteurs vont dans les carrefours, ils rassemblent tous ceux qu’ils trouvent, bons comme mauvais. Quelle bonne nouvelle ! La grâce de Dieu n’est pas réservée à une élite. Elle est ouverte à tous, sans distinction. C’est ce que Saint Apôtre Paul proclamera : « Il n’y a plus ni Juif ni Grec, ni esclave ni libre, ni homme ni femme, car vous êtes tous un en Jésus-Christ » (Galates 3:28). L’Église, c’est cette salle de noces remplie de personnes très différentes, issues de toutes nations et de toutes conditions, unies par la seule grâce de Dieu. Nous aussi, nous avons été trouvés au bord du chemin, au carrefour de notre vie. Nous n’étions pas dignes d’entrer, mais le Roi nous a fait grâce.

Cependant, Jésus ajoute un avertissement sévère : un homme est trouvé sans vêtement de noces. Il avait accepté l’invitation, il était entré dans la salle, mais il n’avait pas revêtu l’habit nécessaire. Cet habit n’est pas une tenue matérielle, mais il symbolise la justice que Dieu donne à ceux qui croient. Ésaïe disait : « Il m’a revêtu des vêtements du salut, il m’a couvert du manteau de la justice » (Ésaïe 61:10). L’Apocalypse décrit l’Église comme une épouse vêtue d’un fin lin éclatant, qui représente « les œuvres justes des saints » (Apocalypse 19:8). L’habit de noces, c’est Christ lui-même, sa justice imputée, sa vie nouvelle offerte.

Cet homme sans habit de noce illustre une vérité dérangeante : il est possible d’être proche du Royaume sans y entrer vraiment. Il est possible d’être assis dans la salle, de fréquenter l’Église, d’entendre l’Évangile, et pourtant de ne pas être revêtu du Christ. Sans la nouvelle naissance, sans la foi vivante qui nous unit à Jésus, nous restons nus devant Dieu. Voilà pourquoi cet homme est réduit au silence. Il n’a aucune excuse. Il ne pouvait pas entrer par ses propres moyens. Le roi avait préparé l’habit, mais il a refusé de le revêtir.

Et Jésus conclut par cette parole solennelle : « Car beaucoup sont invités, mais les élus sont peu nombreux. » Oui, Dieu appelle largement, généreusement. L’invitation est universelle, mais seuls les élus répondent vraiment, car ils acceptent le vêtement de la grâce et se laissent transformer. Le salut ne dépend pas seulement d’avoir entendu l’appel, mais d’y avoir répondu par une foi sincère et une vie renouvelée.

Frères et sœurs, cette parabole nous interpelle aujourd’hui. Nous avons tous reçu l’invitation. Mais comment y répondons-nous ? Sommes-nous de ceux qui s’excusent, accaparés par leurs affaires ? Sommes-nous de ceux qui entrent dans la salle, mais sans l’habit de noces, sans le Christ pour nous couvrir ? Ou sommes-nous de ceux qui, conscients de leur indignité, acceptent humblement le vêtement que Dieu nous offre ?

Le Royaume est prêt, le festin est préparé, et le Roi nous attend. Ne restons pas parmi la foule des invités distraits, mais soyons de ceux qui sont choisis, de ceux qui ont répondu avec foi, de ceux qui ont revêtu Jésus-Christ. Alors nous entendrons, au jour des noces éternelles de l’Agneau Divin : « Heureux ceux qui sont appelés au festin des noces ! » (Apocalypse 19:9).

Car oui, beaucoup sont invités, mais les élus sont peu nombreux.

 

Prêtre Zhivko Zhelev

 

Nativité de la Très-Sainte Mère de Dieu

 

 

 

« C’est le jour du Seigneur ! Peuples, tressaillez d’allégresse ! »

 

C’est ce que clame en ce jour la sainte Église dans de nombreuses stichères de la fête.

Mais de quel jour du Seigneur parlons-nous, alors que nous célébrons la Nativité de la Très-Sainte Vierge Marie ? Vous savez combien l'humanité a souffert lorsque, à la suite de la chute, fut rompu le lien vivant entre la terre et Dieu. L'humanité souffrait sous le pouvoir des ténèbres. «Fais sortir de prison mon âme», clamait l'homme de l'Ancien Testament. Les ténèbres spirituelles, conséquence du péché, avaient à ce point gagné les hommes que la vie était véritablement devenue semblable à un emprisonnement dans un cachot. Les gens attendaient d'être libérés de l'emprise de ces ténèbres. Ils savaient que Celui qui effacerait, Celui qui devait anéantir le pouvoir du péché sur l'homme, allait venir. Et ils L'attendaient. Non seulement les prophètes parlaient de Lui, mais aussi des païens illuminés par la lumière de Dieu. Et ces hommes, ainsi que les prophètes vétérotestamentaires, annonçaient que le lien perdu entre le Ciel et la terre devait être rétabli, et que l'humanité devait s'y préparer.

Le Seigneur Omniscient Lui-même nous l'avait indiqué. Vous vous souvenez de la fuite de Jacob devant son frère Ésaü ? Jacob, épuisé par sa fuite, s'endormit dans le désert. Et voilà qu'il voit une Échelle qui s'élève de la terre vers le Ciel, et par cette Échelle, des anges descendent sur terre et montent au Ciel. Au sommet de cette Échelle, il voit le Seigneur qui lui dit : «Ne crains point, je suis avec toi

C'est en la personne de la Vierge Marie que l'humanité a manifesté cette Échelle, qui, par sa pureté, sa foi et son amour, s'est élevée de la terre vers le Ciel, et c'est par cette Échelle que le Fils de Dieu, notre Seigneur Jésus-Christ, est descendu sur terre.

La Nativité de la Vierge Marie est le jour qui a annoncé l'approche de la Lumière tant attendue par l'humanité, celle qui devait la libérer du pouvoir des ténèbres. Nous louons le Fils de Dieu, le Messie, en Le nommant Douce lumière ou Lumière joyeuse, selon les traductions. Nous nommons Soleil de Vérité le Christ qui est descendu du Ciel pour éclairer et sanctifier l'univers et l'humanité. Et ainsi la Nativité de la Très Sainte Vierge Marie fut la première étoile annonçant la descente sur terre du Soleil de Vérité et de la Lumière de l'Intelligence. Voilà pourquoi l'Église du Christ s'exclame en ce jour : « C’est le jour du Seigneur ! Peuples, tressaillez d’allégresse ! »

Nous célébrons tout particulièrement la Nativité de la Vierge Marie, car ce jour marque le début de toutes les grandes fêtes de notre Seigneur. En la personne de celle qui est née aujourd'hui, dans le désert de la vie de l'humanité de l'Ancien Testament, est apparu comme un ruisseau vivifiant, qui s'est ensuite transformé en un torrent d'eau vive pour tous les hommes. « Peuples, tressaillez d’allégresse ! » Et comment ne pas nous réjouir de Celle qui est apparue pour nous comme une étoile qui nous guide. En célébrant ce grand jour dans la vie de l'humanité, nous continuons à naviguer sur la mer tumultueuse et menaçante de la vie, le regard tourné vers Celle qui, en sa personne, a révélé à l'humanité l'image de la pureté, de l'amour, de la foi, de l'humilité et de la douceur.

Dans un Évangile de dimanche, nous avons entendu les paroles adressées de la bouche même de notre Seigneur à la femme cananéenne souffrante : «Femme, grande est ta foi : qu'il te soit fait selon ta volonté». En nous efforçant de parcourir notre chemin terrestre dans la pureté du cœur, dans l'amour et la fidélité à notre Seigneur Jésus-Christ, que par l'intercession de la Très-Pure Vierge nous puissions, nous aussi, entendre la voix douce du Seigneur nous dire : «Prends courage, mon enfant, qu’il te soit fait selon ta volonté». Amen.

Évêque MITROPHANE /Znosko-Borovsky/

 

 

 

 

Рождество Пресвятой Девы Марии

 

 

«Сей день Господень, радуйтеся людие»!

Так восклицает сегодня св. Церковь Христова.

Но, какой же день Господень, когда отмечаем мы рождение Девы Марии? Вы знаете, как томилось человечество, когда вследствие грехопадения оборвалась благодатная живая связь земли с Богом. Во власти тьмы томилось человечество. «Изведи из темницы душу мою», – восклицал человек Ветхого Завета. Душевный мрак, как следствие греха, так овладел человеком, что жизнь воистину стала подобной темничному заточению. Люди ждали вызволения из под власти этого мрака. Они знали, что должен прийти Тот, Который сотрет, уничтожит власть греха над человеком, и ожидали Его. О Нем говорили не только пророки, о Нем говорили Божиим светом осиянные мужи из язычников. И эти мужи и ветхозаветные пророки возвещали, что утерянная между Небом и землею связь должна быть восстановлена, а человечество к этому должно приготовиться.

На это указывал и Сам Господь – Промыслитель. Вы помните бегство Иакова от своего брата Исава? Иаков, утомленный бегством от брата, заснул в пустыне. И вот, видит он Лестницу, поднимающуюся от земли к Небу, и по этой Лестнице сходят на землю и поднимаются на Небо ангелы, а на вершине этой Лестницы видит он Господа, Который говорит ему: «Не бойся, Я с тобою

В лице Девы Марии и явило человечество эту Лестницу, своей чистотой, верой и любовью поднявшуюся от земли к Небу, и по этой Лестнице сошел к нам на землю Сын Божий, Господь наш Иисусъ Христосъ.

Рождество Девы Марии – это день, предвестивший приближение человечеством ожидаемого Света, должного вывести человечество из-под власти тьмы. Светом тихим величаем мы Сына Божия-Мессию. Солнцем правды, с Небес сошедшим, чтобы просветить и освятить вселенную и человека, называем мы Христа. И вот рождество Пресвятой Девы Марии и явилось первой звездочкой, предвестившей сошествие на землю Солнца правды и Света разума. Вот почему восклицает в день сей Церковь Христова: « Сей день Господень, радуйтеся людие !».

Мы особо торжественно празднуем день рождения Марии Девы еще и потому, что этот день является начальным праздником всех Господских праздников. В лице днесь Родившейся, в пустыне жизни ветхозаветного человечества, явился как бы ручеек животворящий, который затем превратился в поток воды живой для всех людей. «Радуйтеся, людие!» и как нам не радоваться о Той, Которая явилась для нас звездой путеводной. Отмечая этот великий день в жизни человечества, продолжаем мы плыть по бурному житейскому грозному морю со взором, обращенным к Той, которая в своем лице явила человечеству образ чистоты, любви, веры, смирения и кротости.

Из уст Самого Господа слышали мы в одном воскресном евангелиислова, обращенные к страждущей женщине-хананеянке: «О, женщина, велика вера твоя: да будет тебе по желанию твоему». Прилагая усилия к тому, чтобы совершить нам путь нашего земного странствования в чистоте сердца, в любви и в верности Господу нашему Иисусу Христу, по ходатайству Девы Пречистой услышим и мы с вами тихий глас Господень: «Дерзай, чадо, да будет и тебе по желанию твоему». Аминь.

 

Епископъ МИТРОФАНЪ /Зноско-Боровский/

 

 

Exaltation de la Croix

 

 

Avant le combat qu'il devait livrer à Maxence, Constantin le Grand vit dans le ciel la représentation d'une croix, constituée d'étoiles, et des paroles inscrites au-dessous: «Avec ceci tu triompheras». Encouragé par cette vision merveilleuse, Constantin s'engagea vaillamment dans la bataille et vainquit son ennemi.

Hélène, la mère de Constantin, ayant attribué cette victoire à Jésus-Christ, décida, à partir de ce moment, de se mettre à la recherche de la Sainte Croix. Elle entreprit le voyage à Jérusalem; elle procéda à une véritable enquête auprès des habitants de la ville, mais personne ne put la renseigner. Finalement elle apprit auprès d'un vieux Juif, du nom de Judas, que la croix de Jésus avait été enterrée sous le temple païen. Sainte Hélène ordonna immédiatement la destruction de ce temple. Puis on se mit à creuser et on trouva trois croix. Quelle était la vraie Croix? La Providence divine vint alors au secours. Une procession funèbre se déroulait non loin de l'endroit de l'excavation. Le Patriarche Macaire ordonna au convoi de s'arrêter. Puis chacune des croix trouvées fut successivement mise en contact avec le défunt. L'apposition de la première n'eut aucun effet, pas plus que la seconde. Au contact de la troisième croix le défunt ressuscita, et ainsi fut trouvée la vraie Croix du Christ. Le Patriarche, Sainte Hélène et tout le peuple présent commencèrent à vénérer la Sainte Croix.

Comme la foule était immense, le Patriarche, montant sur un endroit élevé, érigea la Sainte Croix de manière à ce qu'elle soit vue et vénérée de tous. Le peuple tombait à genoux et priait au vu de la Croix. Cette Elévation ou Exaltation de la Sainte Croix fut instaurée, en commémoration de l'événement, comme l'une des grandes fêtes du Seigneur.

Chers frères et sœurs, nous contemplons maintenant la Sainte Croix qui est exposée en ce jour à la vénération des fidèles. Cette Croix est particulièrement vénérée pour Sa force vivifiante qui a vaincu la mort. Elle est également vénérée en raison de l'annonce de la victoire faite à l'Empereur Constantin.

Regardons la Sainte Croix avec les yeux de la foi comme la source de la victoire sur nos ennemis et sur la mort. Embrassons-la de tout notre cœur, sachant qu'elle est notre victoire sur nos maladies physiques et spirituelles. Vénérons-la, prions-la et sachons qu'elle est notre secours inespéré.

Vénérable Croix du Christ, soit la gardienne de mon corps et de mon âme, protège-moi des démons, éloigne de moi les passions et les tentations; donne-moi ta bénédiction, la vie, la force avec le concours du Saint-Esprit, par les prières de la Très Sainte Mère de Dieu et de tous les Saints. Amin.


Archiprêtre Rodion Poutiatine (1807-1869)