. SERMON du début du CARÊME de l’AVENT

 

AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT ESPRIT

Bien-aimés Frères et Sœurs

 

IL’avent, cela veut dire : l’arrivée, l’arrivée de Jésus sur la terre, cette très grande  fête de la naissance – Noël – que nous célèbrerons le 7 janvier et à laquelle nous nous préparons dès le 28 novembre par un Carême de 40 jours.

Le Grand Carême dure aussi 40 jours, mais il est précédé d’un jeûne préparatoire, la « semaine des laitages » et il est suivi par la Semaine Sainte où on jeûne également mais qui est séparée du Grand Jeûne par la fête des Rameaux.

Pourquoi 40 Jours ? Le Seigneur lui-même a jeûné pendant 40 jours durant lesquels, en  jeûnant Il a repoussé le diable. Repoussons nous aussi le diable et toute tentation  de péché et de jouissance, pendant quarante jours.

Cela nous rappelle aussi les 40 ans – ce n’étaient pas des jours, mais des années ! – pendant lesquels le peuple juif a cheminé dans le désert avant d’entrer dans la Terre Promise.

L’Ancien Testament nous incite également au jeûne en mémoire des 40 jours pendant lesquels Adam chassé du Paradis a crié son repentir …

Le jeûne est une préparation physique et spirituelle – car l’homme est corps et âme – : Dieu n’est pas encore avec nous pécheurs, mais quand nous serons, comme Adam,  détachés de nos fautes, Il sera avec nous !

Le jeûne est une purification. L’abstention de nourritures affine notre être et nous prépare à nous libérer de la terre, de la matérialité, et à  monter au Ciel.

Car l’homme « qui est de peu inférieur aux anges », peut tomber, mais il peut aussi se relever.

 

II – Il n’y a pas d’évangile spécifique pour le début du carême de l’avent. Mais nous ne serons pas démunis en ce jour de la fête de l’apôtre Matthieu qui nous dit ce qu’est l’appel de Dieu. Matthieu est en effet particulièrement exemplaire en cette circonstance. Il était un fonctionnaire public – ce que les traditionalistes d’alors, les pharisiens, appelaient un publicain. Les publicains étaient en effet au service de l’Etat – la « République » – romaine.

Les publicains servaient, certes, un dominateur étranger, mais ils avaient ainsi, Matthieu avait ainsi, une situation ! Avoir un emploi public, ce n’est pas rien, vous le savez, c’est l’assurance d’une rémunération, ce qui est appréciable dans une société de précarité ou de misère.

Matthieu se trouvait assis à son bureau des impôts. Le Christ passe et lui dit : « Suis-moi ! », et, sans hésiter Matthieu se lève et suit le Christ ! Voilà ce qu’a d’impératif l’appel de Dieu. Matthieu a répondu aussitôt, il a abandonné sa situation, et il a suivi le Christ, dans une vie d’errance, d’épreuves, de privations dont nous parle le saint Apôtre Paul dans l’épître aux Corinthiens, lue aujourd’hui. D’autres hommes sont dans les honneurs ou la tranquillité, « … Nous sommes dans le mépris, dit saint Paul, … nous souffrons de la faim et de la soif, nous sommes nus. On nous frappe au visage et nous sommes errants … nous nous fatiguons en travaillant de nos mains …, on dit du mal de nous …, nous sommes persécutés … on nous dit des injures … nous sommes le rebut du monde … ». De notre temps aussi, « on nous traite de fous », nous les simples chrétiens.

Ce n’est pas facile de suivre le Christ. Mais Matthieu a tout quitté.

 

III – C’est sûr, pour d’autres publicains, pour des errants, pour des gens de mauvaise vie même, voir Jésus venir manger chez Matthieu, avec lui et avec eux, c’était un honneur et une joie et qui s’est renouvelée d’autres fois.

Jésus, en somme, ne craignait pas d’avoir « de mauvaises fréquentations », comme aurait dit la bourgeoisie locale, et comme disaient en effet les pharisiens. « Pourquoi votre Maître mange-t-il avec ces gens-là ? » Jésus, ayant entendu, répondit : « Ce ne sont pas les justes que je suis venu appeler au repentir, mais les pécheurs ».

Cela est réconfortant pour nous, simples pécheurs !

Mais, immédiatement après cet épisode de la Vocation de Matthieu, la péricope qui suit rapporte les paroles de disciples de Jean le Baptiste : « D’où vient que les pharisiens et nous jeûnons souvent et tes disciples ne jeûnent pas ? » Jésus répond : « Les amis de l’époux peuvent-ils s’affliger pendant que l’époux est avec eux ? Mais quand l’époux leur sera ôté, alors ils jeûneront ! »

En ce temps de Carême qui commence, l’époux n’est pas encore arrivé – l’Avent, c’est Sa venue – et donc, nous aussi, comme ceux qui sont en l’attente de l’époux, jeûnons !

 

Bon Carême de l’Avent, bien-aimés Frères et Sœurs !

 

AMIN