CINQUIÈME DIMANCHE DE CARÊME

Sainte Marie l'Egyptienne

 

Hébreux IX ,11-14 ; Marc X, 32-45

Galates III, 23-29 ; Luc VII, 36-50

AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT ESPRIT

. Bien-aimés Frères et Sœurs,

 

C'est aujourd'hui, en ce cinquième Dimanche de Carême, la fête de Sainte Marie l'Egyptienne, et en même temps de toutes les Marie, petites et grandes, qui sont dans notre paroisse, puisqu'en général dans les pays orthodoxes les nommées « Marie » ont pour sainte patronne, non, par suite du respect, la Mère de Dieu, mais cette grande sainte, qui, après avoir vécu plusieurs années dans le péché, se convertit à la suite d'un miracle de la Mère de Dieu et passa plusieurs dizaines d'années dans le désert et dans la pénitence où saint Zozime la découvrit et lui donna la communion, alors qu'elle était elle-même dans une extrême vieillesse.

Honneur à la Sainte et aux petites et grandes Maries !

I - L'apôtre, dans l'épître aux Hébreux, rappelle la structure de l'ancien temple, comportant un premier «tabernacle» conduisant au second que l'on désignait comme le «Saint des Saints». Or, fait-il comprendre, le «premier tabernacle» n'avait pas encore été ouvert véritablement, ce qui veut dire que les sacrifices du «Saint des Saints» étaient seulement une image. Christ, par contre, «venant d'un tabernacle qui n'a pas été fait de main d'homme», c'est-à-dire du séjour éternel de la Divinité, est entré véritablement dans le Saint des Saints. Il y est entré une seule fois, avec Son propre Sang - et non celui des victimes, boucs ou taureaux, offertes en sacrifice -, mais Il nous a obtenu par cette seule fois la purification, c'est-à-dire la Rédemption éternelle.

Ce qui est complexe pour nous, ici, a trait à la structuration du temple juif, mais avec le Christ, Sacrificateur éternel et Rédempteur, nous débouchons au cœur même du christianisme.

Aussi bien la seconde Epître, celle de la sainte, nous est-elle tout à fait familière : «Ceux qui ont été baptisés en Christ, ont revêtu le Christ», comme le chœur le chante dans certains offices à la place de «Saint Dieu, Saint Fort, Saint immortel» ; l'ancienne Loi a été notre conducteur pour nous amener au Christ, mais le Christ étant venu, nous n'avons plus besoin de ce conducteur car nous sommes enfants de Dieu par la foi en Jésus-Christ, et la conclusion, pour paradoxale qu'elle soit, nous est également familière : «Puisque vous appartenez au Christ, vous êtes donc de la descendance d'Abraham et les héritiers de la Promesse».

Nous sommes les nouveaux juifs, le nouvel Israël.

II - Dans la péricope de Marc pour ce jour, comme dans une péricope lue récemment, le Christ annonce explicitement à Ses apôtres, la Passion, Sa Mort, et Sa Résurrection... Il n'est guère compris ! Les apôtres semblent préoccupés de prééminences : sujet futile ! Jacques et Jean Lui demandent d'être, dans Son Royaume, l'un à Sa droite, l'autre à Sa gauche. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire ? Recevoir le baptême que je vais recevoir ? «Nous le pouvons!» répondent-ils avec présomption ... Effectivement, leur répond le Christ - et là nous entrons dans les choses sérieuses et dans la Vérité - vous boirez de la même coupe et vous serez baptisés du même baptême : et II leur annonce par là leur martyre. Mais quant aux places que vous demandez, elles reviennent à ceux à qui elles ont été accordées ... Ils comprennent ou ne comprennent pas, toujours est-il qu'il y a aussitôt après dispute entre les deux qui avaient parlé d'abord et les autres apôtres. Les apôtres, en somme, étaient bien humains ... Comme nous mêmes ! Mais le Christ conclut ces discussions futiles en donnant le principe même du primat parmi les chrétiens : le Premier sera le serviteur de tous, comme le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et pour donner sa vie POUR LE SALUT DE BEAUCOUP !

III - L'évangile de Luc, en la péricope qui honore Sainte Marie l'Egyptienne, raconte l'histoire de cette pécheresse qui, sachant où mangeait Jésus à savoir chez Simon le Pharisien, y vint avec un vase d'albâtre dans lequel était un parfum de grand prix et se mit à laver les pieds du Seigneur en pleurant, les essuyant avec ses cheveux .... Le Pharisien pense en lui-même que si Jésus était vraiment un prophète, il saurait quelle est cette femme ...

Mais Jésus l'interpelle et lui raconte l'anecdote de ces deux emprunteurs devenus insolvables, dont l'un devait cinquante deniers et l'autre cinq cents. Ni l'un ni l'autre ne pouvaient rembourser, et le créancier leur remit leur dette. Lequel, demande le Christ à Simon, lui sera le plus reconnaissant ? Celui, je pense, répond Simon, qui lui devait la plus grosse somme !

Tu as bien dit ! répond le Christ. Il oppose alors l'hospitalité parcimonieuse de Simon, qui ne lui a pas donné de l'eau pour ses pieds, qui ne lui a pas parfumé la tête, contrairement à ce qui se faisait dans la société d'alors, tandis que cette femme ne cesse pas de lui laver les pieds avec un parfum de grand prix, de pleurer et de lui essuyer les pieds avec ses cheveux ... Ses nombreux péchés lui seront pardonnés PARCE QU'ELLE A BEAUCOUP AIME. A celui qui aime peu, peu sera pardonné ...

Jésus renvoie la pécheresse à qui Il vient de remettre ses péchés : «Va en paix, ta foi t'a sauvée !»

Conclusion : Tel est, Frères et Sœurs bien-aimés, notre Souverain Sacrificateur. Il est venu du «tabernacle éternel» pour remplacer les sacrifices en quelque manière fictifs de l'ancienne Loi, par le Sacrifice Véritable, que nous venons de célébrer ici. aujourd'hui même, en donnant Sa Vie pour nous. Quelle plénitude incommensurable de Son amour ! Oh certes, nous sommes, chacun de nous, tout petits, tout médiocres, tout nuls. Mais, comme la pécheresse, comme sainte Marie l'Egyptienne, nous pouvons aimer : aimons-Le de tout notre cœur, chers Frères et Sœurs et ayons totalement confiance en Son infinie Miséricorde !

AMIN