Nous proposons à nos lecteurs cette traduction d'une homélie de Saint Jean de Cronstadt qui nous a été envoyée de Montréal par Aude Sturdza à l'occasion du Dimanche du Pardon et rappelons le souvenir de son époux, le prince Aldéa, trop tôt disparu il y a deux ans jour pour jour. Aude et Aldéa Sturdza étaient enfants spirituels de S.B. le Métropolite Vitaly et lui ont manifesté une fidélité absolue jusqu'au dernier jour.

La Rédaction

 

Homélie de Saint Jean de Cronstadt

Pour le Dimanche du Pardon

Aime Dieu et ton prochain

 

"Si vous pardonnez au gens leurs péchés, votre Père céleste aussi vous pardonnera vos péchés", dit le Seigneur (Mat VI, 14-15).

Ce dimanche s’appelle dans la langue populaire ‘’dimanche du pardon’’. Depuis les temps anciens, on garde la coutume en ce jour et durant toute la semaine de la Tyrophagie, de se demander mutuellement pardon pour les péchés commis l’un envers l’autre. Magnifique coutume, authentiquement chrétienne : qui de nous, en effet, ne pèche pas contre son prochain, que se soit en paroles, en actes ou en pensées ? En demandant pardon à l’autre, nous montrons notre foi en l’Évangile, notre humilité, notre refus du mal, notre amour de la paix. Au contraire, ne pas désirer demander pardon montre notre peu de foi, la suffisance, la rancune, l’insoumission à l’Évangile, la résistance à Dieu, la complicité avec le Diable.

Pourtant, nous sommes tous enfants du Père par la grâce, membres du Christ notre Dieu, membres de l’unique corps, l’Église, qui est Son corps, et membres les uns des autres; Dieu est amour (I Jean IV,8);  et plus que tous les holocaustes et sacrifices, Il exige de nous un amour mutuel, qui est patient, fait miséricorde, n’envie pas, ne s’enfle pas, ne s’enorgueillit pas, ne fait pas de scandale, ne recherche pas son intérêt, ne s’irrite pas, ne tient pas rancune, ne se réjouit pas de l’injustice, mais se réjouit de la vérité. Il excuse tout, croit tout, supporte tout et jamais ne cesse (I Cor, XIII,4-8). Toute la loi tient en deux mots : aime Dieu et aime ton prochain. Le cœur de l’homme est extrêmement égoïste, impatient, jaloux de son dû, méchant et rancunier : il est prêt à s’emporter contre son frère contre un mal patent, mais aussi contre un mal imaginaire, pour une parole offensante, mais aussi pour une parole équitable ou tranchante – et même pour un regard qui a semblé peu indulgent, rusé, fier, c’est tout juste s’il ne s’emporte pas contre les pensées du prochain, celles qu’il lui invente.  Le Seigneur qui sonde les cœurs dit ceci : c’est du cœur que sortent les pensées méchantes : adultère, débauche, meurtre, vol, emportement, méchanceté, fourberie, obscénité, envie, blasphème, orgueil, déraison (Mc VII, 21-22). À la méchanceté humaine doit être opposée l’infinie bonté et la grâce toute puissante de Dieu ;  avec son secours il est aisé de fuir tout mal par la douceur, la bonté, l’esprit de concession, la patience et la longanimité. Je vous le dit, déclare le Seigneur, ne résistez pas au méchant.  Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, tend-lui l’autre; Celui qui veut te faire un procès et prendre ta tunique, donne-lui aussi ton manteau (Mat V,39-40)…  En échange des péchés pardonnés au prochain, le Père céleste nous promet le pardon de nos péchés, l’acquittement au Jugement dernier, la béatitude éternelle ;  les miséricordieux obtiendront la miséricorde (Mat V, 7). La méchanceté invétérée doit s’attendre au juste jugement de Dieu et au tourment éternel.  Écoutez ce récit qui montre comment Dieu punit dès ici-bas les méchants qui ne veulent pas se réconcilier entre eux. Dans la Laure des Grottes de Kiev, il y avait deux solitaires – deux moines – le Prêtre Tite et le Diacre Évagre.  Après avoir vécu quelques années en bonne intelligence, pour une raison quelconque, ils se prirent d’inimitié et de haine l’un envers l’autre;  leur animosité mutuelle dura fort longtemps, et eux, sans se réconcilier, avaient l’audace d’offrir à Dieu le  sacrifice non sanglant de l’Autel.

Tous les conseils de la communauté, de laisser là leur colère et de vivre dans la paix et la bonne entente, demeurèrent vains.  Un jour le prêtre Tite tomba gravement malade.  Désespérant de survivre, il commença à pleurer amèrement son péché et envoya quelqu’un demander pardon à celui qu’il n’aimait pas ; mais Évagre ne voulut même pas en entendre parler et se mit à le maudire sans pitié. La communauté des frères, déplorant un si grave égarement, l’emmena de force auprès du mourant. Tite, apercevant son ennemi, se dressa sur sa couche avec l’aide des autres et tomba devant lui, le suppliant avec les larmes de lui pardonner. Mais Évagre était si inhumain qu’il se détourna de lui et s’écria avec fureur : ni en cette vie ni dans l’autre je ne veux me réconcilier avec lui!  Il s’arracha des mains de la communauté et tomba à terre.  Les moines voulaient le relever mais quelle ne fut pas leur surprise de le voir mort, et si froid qu’on eût dit qu'il avait expiré depuis longtemps ! Leur surprise s’accrut encore quand ils virent au même moment le prêtre Tite se lever en bonne santé de sa couche de douleur, comme s’il n’avait jamais été malade.  Frappé de stupeur devant un événement si inattendu, ils entourèrent Tite et l’un après l’autre l’interrogeaient : qu’est-ce que cela signifie?  Il répondit : ‘’J’étais dans cette grave maladie jusqu’à ce que moi, pécheur, qui m’étais emporté contre mon frère, je visse les anges s’éloigner de moi et verser des larmes sur la perte de mon âme et les esprits impurs se réjouir. Voila la raison pour laquelle j’ai désiré plus que tout me réconcilier avec lui. Mais comme on me l’amenait, que je me prosternais devant lui et que lui commençait à me maudire, je vis un ange menaçant de le frapper d’une lance de feu et le malheureux tomber à terre, mort. Et le même ange me tendit la main et me releva de ma couche de douleur.’’ Les moines pleurèrent la terrible mort d’Évagre et depuis lors, ils commencèrent à veiller à ce que jamais le soleil ne se couche sur leur colère.

Frères et Sœurs, la rancune est le plus terrible des vices, elle est aussi détestable devant Dieu que funeste dans la société. Nous sommes créés à l’image et à la ressemblance de Dieu : la bonté et l’innocence doivent être nos vertus permanentes, car Dieu se conduit à notre égard selon sa bonté. Il est lent à la colère et nous pardonne sans compter. Nous aussi, nous devons pardonner. Mais le rancunier n’a pas en lui l’image et ressemblance de Dieu : il est plutôt une bête qu’un homme.  Amen.

 

 

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DIMANCHE de l’EXPULSION d’ADAM


Matines : Luc XXIV, 1-12
Liturgie : Rom. XIII, 11–14 ; Matt. VI, 14-21


AU NOM DU PERE DU FILS ET DU SAINT ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,


Ce dimanche est aussi celui de la Tyrophagie, c’est-à-dire, ce soir même, la fin des Laitages, et le commencement du Grand Carême, temps de Pénitence absolue, conduisant à la PÂQUE du Christ souffrant et Rédempteur.

I – Ces quarante jours rappellent immédiatement les quarante jours de Lamentations et de désespoir d’Adam et d’Eve au pied des murs du Paradis Terrestre dont ils venaient d’être chassés pour leur désobéissance. Après le péché, raconte la Genèse, Adam et Eve entendirent la «Voix» de Dieu – qui ne leur avait pas encore parlé ! Mais Dieu est Parole – qui se promenait au Paradis terrestre, par ce beau jour ensoleillé. Ils se cachèrent car ils étaient nus et, maintenant, ils le savaient ! Et Dieu – le Christ, qui se promenait, et qui, en tant qu’homme ne sait pas tout –, les appelle : «Adam, Adam ! Où es-tu ?». «Je t’ai entendu marcher dans le Paradis et j’ai eu peur, parce que je suis nu !».

Ainsi Adam confessait-il sa faute. Il fut chassé du Paradis, et pendant quarante jours, il se lamenta autour des murs du Paradis.

Nous avons eu, dès avant le début du Grand Carême, le chant du Psaume 137 «Près des fleuves de Babylone assis, nous pleurions en nous souvenant de Sion …» autre chant d’exil et de douleur.

Mais fondamentale s’avère la notion de PARDON qui, peu avant la péricope de ce jour consacrée à la prière, figure évidemment dans le «Notre Père» enseigné en ce jour par le Christ à Ses apôtres, mais qui est en outre soulignée par ce commentaire du Seigneur Lui-même : «Si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus».

Ce dimanche, en effet, est celui du Pardon !

II – Réveillez-vous du sommeil ! Le temps presse, dit l’apôtre Paul, le Salut est plus près de nous que quand nous nous sommes convertis – puisqu’il s’agit, en effet, en ce dimanche, de la proximité de la Pâque. Rejetons les œuvres de ténèbres ! L’épître poursuit : «Ne nous jugeons pas les uns les autres». Certains jeûnent beaucoup, d’autres jeûnent moins. Nous n’avons pas le pouvoir de juger.

III – Il y a des jeûnes ostentatoires : ils ont en eux-mêmes leur récompense, dit quant à lui l’apôtre Matthieu. Le vrai jeûne est pour Dieu seul : on jeûne dans le secret et Dieu nous voit. Il convient en effet d’être détaché des biens et des valeurs de ce monde – où il y a, nous la savons, des parasites et des voleurs : les vrais trésors sont ceux que l’on amasse dans le Ciel.

Notre modèle absolu du détachement et de l’ascèse est évidemment le CHRIST en Sa Passion volontaire.

Mais, dans cet évangile même, le thème de l’ascèse n’est en aucune manière disjoint de celui du pardon : «Si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous pardonnera aussi les vôtres. Si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus les vôtres».

Si bien que ce dimanche qui précède immédiatement le Grand Carême est aussi celui du Pardon. Le dimanche précédent – qui était celui du Jugement –, vous avez observé que le Christ dans la prosopopée de Son discours aux élus et aux damnés, ne parle nullement des devoirs envers Dieu, mais uniquement de la charité – ou du manque de charité – envers le prochain. Il va sans dire que nous nous engageons aujourd’hui dans le Carême par amour pour Dieu, et donc par loyauté envers Ses commandements. Mais nul ne peut aimer Dieu s’il n’aime pas son prochain : le premier et le «second» commandement sont liés et ils sont semblables. C’est donc de grand cœur que tout à l’heure nous nous pardonnerons les uns les autres.

Allons au Christ Sauveur en nous unissant à Lui par la souffrance, celle en particulier que comporte la privation de nourritures et de toutes les autres jouissances mondaines. Lui qui est Dieu ! Mais allons aussi à Lui par l’amour pour nos frères.

Dans le Carême, nous nous acheminons, par la souffrance, vers la Pâque. Mais, en liaison avec la préoccupation constante du prochain, cet autre thème est présent dans les textes de ce jour : Ne jugeons pas ! … En effet, le seul Juge est Dieu. Juge terrible, en vérité (Le Dimanche du Jugement est tout proche !)

- Pensons au long exil de la descendance d’Adam,

- Pensons au long exil de Babylone,

- Pensons à la fin redoutable du Psaume «Près des fleuves de Babylone» : «Fille de Babylone …Heureux qui saisira tes enfants, et les brisera contre le rocher».

Dieu, certes, est le Juge Terrible,Mais Il est aussi notre Sauveur et notre Rédempteur.


AMIN

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DIMANCHE du JUGEMENT


Matines : Marc XVI, 9-20
Liturgie : 1 Cor. VIII, 8 - IX, 2 ; Matt. XXV, 31-46


AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT ESPRIT !
Bien aimés Frères et Sœurs,


I – Ce dimanche qui est celui du Jugement, est également le dimanche de « Carnaval » - ce qui veut dire : « adieu, la viande ! » - et marque l’accès dans le jeûne, relativement limité, de la « Semaine des Laitages ».

Ceci nous explique immédiatement le thème de l’épître aux Corinthiens qui vient d’être lue. L’apôtre parle du jeûne, d’une certaine manière quant au fond : la nourriture ne nous rapproche ni ne nous éloigne de Dieu : si nous mangeons, nous n’aurons rien de plus, et si nous ne mangeons pas, rien de moins. Cela remet les choses au point : le jeûne n’est pas un concours d’athlétisme, on ne regarde pas qui jeûne plus ou moins.

Mais attention : il peut arriver qu’un croyant pieux soit amené un jour – par telle circonstance momentanée – à ne pas jeûner ... Mais si un fidèle moins averti, le voit ne pas jeûner en un lieu public (comme étaient les temples païens) et s’il est scandalisé, alors il faut s’abstenir de ce repas afin de ne pas scandaliser ce fidèle innocent pour lequel Christ est mort !

Plutôt que de scandaliser un frère, conclut l’apôtre, j’aime mieux ne plus jamais manger de viande.

L’abstention de certaines nourritures reste également dans le Carême une règle de spiritualité : il s’agit, pour nous, de nous priver des nourritures carnées – qui sont des excitants et qui, comme telles, contrarient la prière.

II – Le Carême est une période bénie d’affinement dans notre acheminement annuel et perpétuel, vers le Seigneur, Pâques, d’abord, qui est la fête de notre Salut, et ensuite le Jour Terrible du Jugement celui qui nous attend au-delà de notre vie. Dans la péricope d’aujourd’hui, le Christ évoque Son retour, avec tous les anges, lorsqu’Il viendra pour juger tous les hommes. Le monde actuel, fondamentalement païen, n’y pense pas, mais il y aura ce Jugement final où certains seront condamnés, tandis que d’autres seront sauvés.

« Tous les hommes seront sauvés ! » disent aujourd’hui les sots, les jouisseurs, certains « intellos », voire certaines pseudo églises. Du tout ! Le Christ notre Dieu dit explicitement le contraire ! Au jour terrible, il séparera Lui-même les brebis d’avec les boucs, les bons qui donnent du fruit et les mauvais qui n’en donnent pas !

Le critère de discernement du Juge est explicité. Aux brebis Il dira : « Venez les bénis de mon Père au Royaume préparé pour vous dès le commencement du monde » car, poursuit-Il, « j’ai eu faim et vous m’avez nourri, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire, j’étais nu et vous m’avez vêtu, malade et vous m’avez soigné, prisonnier et vous m’avez visité » … Mais ces bons répondront avec stupeur : « quand t’avons-nous trouvé affamé et t’avons-nous nourri ? Quand, assoiffé et t’avons-nous désaltéré » … et ainsi de suite pour tous les autres secours évoqués. Ils sont ébahis, mais le Christ leur répond : « Quand vous l’avez fait au plus petit d’entre mes frères, c’est à Moi que vous l’avez fait ».

« Au plus petit D’ENTRE MES FRÈRES … » : C’est généreux, sans aucun doute, d’envoyer de l’argent à Haïti ou ailleurs. Mais les frères du Christ c’est ceux qui se rattachent à Lui, ecclésiastiques et fidèles, et qui, par suite, reçoivent et donnent A CAUSE DE LUI.

Comme nous le savons, et comme je le rappelais plus haut, le jeûne est un moyen privilégié d’affinement et d’approfondissement spirituel. Mais, comme il est dit ailleurs dans les évangiles, il ne s’agit pas de s’isoler dans son propre ascétisme, de prendre la mine contrite et de se replier sur soi : ayez au contraire un comportement bienveillant et souriant comme si vous ne jeûniez pas : pratiquons le jeûne, mais n’oublions pas le prochain – c’est-à-dire les plus proches, au sens étymologique du terme. Le jeûne ne doit pas se disjoindre de la charité.

Ainsi armés par ces commandements salutaires, acheminons-nous fraternellement vers un SAINT CARÊME !

AMIN

 


 

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DIMANCHE du PUBLICAIN et du PHARISIEN
Saints Nouveaux Martyrs de la Russie



Matines : Matt. XXVIII,16-20
Liturgie : 2 Tim III, 10-15 ; Luc XVIII, 10-14
Rom. VIII, 28-39 ; Luc XXI, 12-19



AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,


I – « Toute puissance m’a été donnée dans le ciel et sur la terre », dit le Christ dans son apparition aux apôtres sur la montagne de Galilée. « Allez instruisez les nations – ceci s’applique aux plus lointaines comme la Russie – les baptisant au nom du Père du Fils et du Saint-Esprit … Et moi, Je suis avec vous jusqu’à la fin du monde ! »

C’est la promesse fondamentale ! Plus forte que toutes les difficultés ou toutes les persécutions …

II – Certes, les persécutions ne manquent pas, comme elles n’ont pas manqué à Paul lui-même et à son fidèle Timothée : tous ceux qui veulent vivre dans la piété selon Jésus-Christ seront persécutés ! Toutes choses, poursuit l’apôtre paradoxalement dans l’épître aux Romains, concourent au bien de ceux qui aiment Dieu. Ceux-là, qu’Il avait auparavant connus – la prescience de Dieu est sans limite –, Il les a prédestinés à être conformes à l’image de Son Fils, afin qu’Il soit le premier né entre plusieurs frères, ceux qu’Il a prédestinés Il les a aussi appelés, et ceux qu’Il a appelés, Il les a aussi justifiés et ceux qu’Il a justifiés, Il les a aussi glorifiés.

D’où cette exclamation d’évidence de l’apôtre : si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Lui, qui n’a pas épargné Son propre Fils, mais qui L’a livré pour nous, comment ne nous donnerait-Il pas toutes choses AVEC LUI !

Qui, poursuit-il, nous séparera de l’amour du Christ ? Sera-ce l’affliction, l’angoisse, la nudité, la persécution ou le péril ou l’épée ? – Ce texte s’applique tout particulièrement aux persécutés de la Russie. Certes, nous sommes livrés à la mort tous les jours à cause de Toi, Christ. On nous regarde comme des brebis destinées à la boucherie. Au contraire, en tout nous sommes plus que vainqueurs PAR CELUI QUI NOUS A AIMÉS. Et l’apôtre termine en un mouvement d’éloquence irrésistible : « Car ni la mort ni la vie, ni les anges ou les principautés, ni les choses élevées ou bases, ni aucune créature … NE POURRA NOUS SÉPARER DE L’AMOUR QUE DIEU A MONTRÉ EN JÉSUS-CHRIST NOTRE SEIGNEUR ! ».

III – L’évangile de ce Dimanche initial du Triode évoque, dans cette perspective de la piété, les comportements, non seulement différents mais opposés, du pharisien et du publicain, venus tous deux dans le Temple pour y prier. Les Pharisiens étaient l’élite religieuse de la société juive. Ils connaissaient et étudiaient les Écritures et ils observaient scrupuleusement la Loi. Or le pharisien dont il est question ici, se tenant debout, priait ainsi en lui-même : il remerciait Dieu de n’être pas comme la plupart des hommes intéressés, voleurs, adultères, ou même simplement comme ce publicain ! … Je jeûne deux fois par semaine, argumentait-il – nous aussi, mes frères, en temps ordinaire, nous jeûnons deux fois par semaine … – je donne la dîme – c'est-à-dire le dixième des revenus – au clergé ».

Le pharisien avait donc le comportement prescrit de l’élite religieuse d’Israël : d’où sa satisfaction non seulement implicite, mais même explicite dans sa pensée. Le publicain au contraire n’osait même pas trop s’avancer dans le Temple. Il se frappait la poitrine disant humblement : ô Dieu, aie pitié de moi pécheur ! – ce que nous disons sans nous lasser dans la « prière de Jésus ».

Or le Christ conclut : celui-ci – le publicain – s’en alla justifié dans sa maison, préférablement à l’autre – notez d’ailleurs la bienveillante modération du texte évangélique, car, et voici l’enseignement fondamental – « quiconque s’élève sera abaissé, et quiconque s’abaisse sera élevé ».

L’humilité nous sauve !

« Ils mettront la main sur vous, ils vous persécuteront … Vous serez même livrés par vos pères, vos mères, vos frères … ils feront mourir beaucoup d’entre vous, et vous serez haïs à cause de mon nom. Pas un cheveu, dit-Il métaphoriquement, ne tombera de votre tête : vous possédez vos âmes par votre patience !

Que le Seigneur nous donne, bien-aimés Frères et Sœurs, en ce Triode qui nous achemine vers le Carême, l’HUMILITÉ DU PUBLICAIN et la patience de nos frères les NOUVEAUX MARTYRS DE LA RUSSIE !

AMIN

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SERMON du 33-e DIMANCHE après PENTECÔTE

Dimanche de ZACHÉE



Matines : Jn XXI, 15-25
Liturgie : 1 Tim. IV, 9-15 ; Luc XIX, 1-10
Actes, 29 XII, 1-12 ; Jean XXI, 15-25



AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,



I - Par trois fois, les textes de ce jour sont centrés sur la vocation de saint Pierre, qui a été ensuite le principal et le chef des apôtres. C’était un homme déjà âgé et qui avait une certaine autorité naturelle. Or le Seigneur l’interroge et lui dit : Simon, m’aimes-tu, plus que ceux-ci ? Simon répond modestement : Oui, Seigneur, je t’aime ! Le Seigneur répond par ce commandement : «Pais mes agneaux !». L’autorité dans l’Eglise, découle, nous le comprenons, de l’amour pour le Christ. Une seconde fois, le Seigneur pose la même question (sans comparaison) : «Pierre, m’aimes-tu ?» Même réponse de Pierre et le Seigneur réplique pareillement : «Pais mes agneaux !».

Une troisième fois, le Seigneur lui demande : «Pierre, m’aimes-tu ?». Pierre attristé de cette troisième interrogation Lui répond : «Seigneur, tu sais tout ! Tu sais que je t’aime !.» Le Seigneur confirme le commandement se rapportant aux agneaux, mais Il ajoute : «Quand tu étais jeune, tu prenais ta ceinture et tu allais où tu voulais … Quand tu seras vieux, on te liera et on te conduira où tu ne voudras pas !». C’est l’annonce du martyre de saint Pierre. L’autorité conférée a comme suite et aboutissement le martyre.

Nous sommes tous des serviteurs et notre Maître dispose souverainement de toute notre vie. C’est l’enseignement qui doit demeurer en nous.

Il y a une suite à ce récit : l’apôtre Jean les suivait et Pierre demande au Christ : «Et celui-ci». Christ répond : «Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je revienne, que t’importe ?». L’autorité conférée à Pierre n’est pas discrétionnaire : il devient le berger des brebis ; il ne dispose pas de leur destin.

II – L’épisode des Actes montre que rien n’arrête la puissance du Seigneur sur ses serviteurs. Pierre était emprisonné et promis au sacrifice pour une fête païenne prochaine. Il était enchaîné, très solidement gardé, les gardes étaient relevées souvent, les portes étaient de fer … Qu’importe ! L’ange du Seigneur apparaît, les chaînes tombent, les gardes deviennent inefficaces, la lourde porte de fer s’ouvre d’elle-même, et Pierre se retrouve dans la rue où l’ange l’abandonne. Pierre comprend alors qu’il n’avait pas rêvé et gagne une maison amie.

III – C’est une transition au niveau de notre morale et de notre propre vocation modeste que la péricope de L’Epître à Timothée : elle est certaine, la vie éternelle ! C’est pour cela que nous endurons travaux et opprobres. Persévère, ô Timothée, dans la vocation selon laquelle tu as été ordonné : prêche et sois un modèle !

Tel est le chrétien …

Zachée, a priori, n’était pas un fidèle. Mais il entend que le Christ approche, et pour mieux le voir – heureuse curiosité – il monte sur un arbre car il était petit. Le Christ l’aperçoit et lui dit «Descends, Zachée, car je dois être reçu chez toi». Zachée descend, prend toutes les mesures pour recevoir le Seigneur …

Zachée cependant était un publicain et la population juive le regardait avec méfiance.

Mais quand le Christ arrive chez lui, la transformation spirituelle s’est produite ! Zachée annonce qu’il donne la moitié de ses biens aux pauvres et ajoute – car ces agents du fisc faisaient des bénéfices exagérés – et si j’ai fait tort à l’un ou à l’autre, je lui rendrai quatre fois plus !

Le Seigneur enseigne : «Aujourd’hui le salut est entré dans cette maison !». Zachée aussi était descendant d’Abraham : «Le Fils de l’Homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu !».

Avec l’évangile de Zachée, nous entrons dans les préludes du Carême.

Grande est la sollicitude du Seigneur aussi bien pour Ses disciples que pour ceux qui, comme Zachée, semblaient des pécheurs.

QUE LE SEIGNEUR NOUS FASSE MISÉRICORDE COMME À ZACHÉE !

AMIN

 

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