SERMON pour la DÉCOLLATION de JEAN-BAPTISTE


C’est aujourd’hui une très grande célébration : tous les ornements sont rouges, c’est un jour de jeûne strict : l’Eglise fait mémoire de la décollation du Prophète, Précurseur et Baptiste Jean.

Jean-Baptiste est non seulement un prophète, il est le plus grand de tous.

La vocation des Prophètes est de rappeler les Droits de Dieu et les Devoirs qui en résultent pour nous. L’évangile du 13-e Dimanche a. P. est très explicite. C’est la Parabole de la vigne et des mauvais employés. Un Maître – Dieu – avait planté une belle vigne, l’avait dotée de barrières, de pressoirs, de bâtiments … Il la donne en location – métairie – à des employés, et, au moment opportun, il envoie un serviteur, puis un autre, puis un autre encore pour recevoir la part de production qui lui était due – puisqu’il s’agissait de métairie. Les vignerons reçoivent très mal ces serviteurs, battent l’un, maltraitent l’autre, lapident ou même tuent.

Ces serviteurs de la parabole sont les Prophètes. Tout au long de l’histoire du peuple juif apparaissent en effet des prophètes qui rappellent ce qui est dû à Dieu, qu’il s’agisse des sacrifices – inhérents à une civilisation agricole –, ou également des comportements individuels. Ils stigmatisent les vices, rappellent les devoirs de bonne conduite …

Ces devoirs étaient inhérents à la situation du peuple juif, qui était le Peuple élu, qui avait reçu la première Révélation, et en concession cette vigne féconde qu’était la terre promise. Jean s’insère glorieusement dans cette tradition prophétique : il prêche vigoureusement, a du succès. Il donnait d’ailleurs l’exemple en étant personnellement d’un grand ascétisme, il était vêtu de vêtements de poils de chameau attachés par une ceinture, il vivait dans le désert généralement, se nourrissait de sauterelles et sa prédication était à l’exemple de ces exigences.

Mais ce très grand prophète est aussi – et c’est la marque éminente de la Grâce qui est sur lui – le Précurseur. La prophétie de Malachie le caractérise comme l’ange qui vient devant le Seigneur.

Au demeurant, les populations impressionnées le prenaient pour le Messie. Il s’en défendait énergiquement : celui qui vient après moi sera plus grand que moi. Je ne suis pas digne, disait-il, de dénouer les lacets de ses chaussures.

Mais, ange qui vient devant le Seigneur, Jean-Baptiste était aussi Précurseur en ce sens que, seul parmi les autres Prophètes, il prêche un baptême de pénitence ! Il baptise donc, mais là encore il marque nettement la différence. Je vous baptise avec l’eau, Celui qui viendra après moi, vous baptisera par l’Esprit et par le feu.

Plus grand de tous les prophètes, ange précurseur, il est aussi et fondamentalement le Baptiste. Il n’en est pas moins tué, comme l’ont été beaucoup des serviteurs (prophètes) évoqués dans la Parabole de la vigne et des mauvais métayers.

Dans cette même Parabole, le Maître aussi envoyait son fils unique. Les vendangeurs le tuèrent et jetèrent son corps hors de la vigne. La Parabole est claire : Christ aussi a été crucifié hors de la ville.

On pourrait poursuivre par une réflexion métahistorique dans le goût d’une certaine intellectualité. En somme, tous ces divers prophètes hébreux ont prêché et ils ont été chassés, tués ou éliminés : Christ aussi a prêché longuement et Il a été rejeté et tué. C’est en somme une même constance historique …

Sauf que Christ est ressuscité des morts ! La Résurrection est l’élément DÉCISIF, inclassable, RÉSOLUTIF.

Jean le Baptiste est exceptionnel et mémorable parmi tous les prophètes.

MAIS CHRIST EST DIEU.


AMIN

 


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12e DIMANCHE après la PENTECÔTE



Matines : Matt. XXVIII, 16-20
Liturgie : 1 Cor. XV, 1-11 ; Matt. XIX, 16-26



AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs !



I L’Evangile de ce jour est celui du jeune homme riche et, à première vue, il est assez décourageant. Mais les textes de ce jour alternent les raisons d’optimisme et une vue plus réaliste des affaires du monde.

L’Evangile de Matines, c’est l’apparition du Christ sur la montagne qu’Il leur avait désignée. Lorsqu’ils Le virent, ils L’adorèrent même ceux qui avaient douté. Jésus s’approcha et leur dit : «Toute puissance m’est donnée dans le ciel et sur la terre. Allez, instruisez les nations les baptisant au nom du Père du Fils et du Saint-Esprit – seule énonciation complète du nom de Dieu dans tous les évangiles -, leur apprenant à garder ce que je vous ai commandé. Et voici je suis toujours avec vous jusqu’à la fin du monde»!

L’homme ne peut rien par lui-même, mais ce qu’il peut, il le peut par le Christ.


II – Cette péricope de la première Epître aux Corinthiens est d’abord une récapitulation rapide et percutante de l’Evangile annoncé par les apôtres : le Christ est mort pour nos péchés, Il est ressuscité le troisième jour! Toute la crédibilité des Evangiles repose sur la RÉSURRECTION! D’où l’évocation détaillée des diverses apparitions du Christ à Ses apôtres, à des groupes de fidèles (dont cinq cents d’entre eux!), finalement même à Paul qui se qualifie d’avorton et de dernier des apôtres …

Cependant – et retenez ce qui a été dit plus haut sur l’efficacité de l’action humaine – ce qu’il a été donné de faire à cet avorton, c’est-à-dire Paul, c’est par la grâce de Dieu qu’il a pu le faire.

Il a donc travaillé comme les apôtres et plus qu’eux – rappelez-vous ce qui a été dit sur l’immensité de la production des épîtres pauliniennes – mais ce qu’il a pu faire, c’est par la Grâce de Dieu qui était en lui et avec lui qu’il a pu le faire.

Au bilan, conclut-il, soit donc moi, soit donc eux, c’est ce que nous prêchons et qu’il vient de rappeler, et c’est par cette prédication en laquelle vous avez cru, dit-il aux Corinthiens, que vous avez reçu le Salut.


III – Nous arrivons à l’épisode du jeune homme riche et de ses problèmes. Remarquons-le dès le départ, ce jeune homme était animé des meilleures intentions. Il s’approche du Christ et l’aborde : «Mon bon Maître, que dois-je faire pour être sauvé»? Le Christ le reprend avec quelque raideur : «Pourquoi m’appelles-tu bon?» Mais, poursuit-Il, de façon plus bienveillante, «si tu veux être sauvé, observe les commandements» et le Christ les énumère. Le bon jeune homme réplique : «Je les ai observés depuis ma jeunesse! Que me manque-t-il encore?». Vous l’observez, il s’agit non seulement d’un très honnête jeune homme, mais ce jeune homme est animé par le désir – fondamentalement louable! – de progresser.

La réponse du Christ est impérative et redoutable : «Vends tous tes biens et donne-les aux pauvres

L’honnêteté, bien-aimés Frères et Sœurs est relativement facile, mais la perfection est très difficile …

L’honnête jeune homme s’en alla tout triste, car il avait de grands biens!

Un riche, conclut le Christ, entrera difficilement dans le royaume des cieux … Et Il poursuit par une métaphore : «Il est plus aisé de faire passer une corde par le trou d’une aiguille!...» [Un chameau, traduit-on souvent, ce qui est absurde : il s’agit d’une homonymie]

Cet épisode douloureux effectivement laisse les apôtres assez tristes : «Mais dans ces conditions, qui pourra être sauvé?». Et le Christ répond : «Pour l’homme c’est impossible! Mais pour Dieu, tout est possible!».

Comme nous le disions au début, l’action humaine est limitée, souvent impuissante. MAIS PAR LA GRÂCE, TOUT EST POSSIBLE.


AMIN

 


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SERMON POUR LA FÊTE

DE ST PIERRE ET ST PAUL



Matines : Jean, XXI, 15-25
2 Cor., XI, 21 – XII, 9 ; Matt., XVI, 13-19



AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœur,



Nous fêtons aujourd’hui les Apôtres Pierre et Paul, ces deux luminaires de l’Eglise, après un long Carême où nous avons pu nous associer en leur honneur à la voie ascétique qu’ils nous ont montrée.

Ces saints Apôtres que l’Eglise associe dans la présente célébration et qui ont illuminé l’Eglise sont aussi différents qu’il est possible. L’apôtre Paul – de son nom juif Saül - appartenait à l’élite, religieuse et sociale, des Pharisiens (alors que les autres apôtres étaient des pécheurs et des manuels). Les Pharisiens étaient nettement la classe dominante des Juifs et l’apôtre revendique hautement cette appartenance. Pharisien, il a commencé comme ceux de sa classe élitiste par être un persécuteur virulent du Christianisme. Il ne se contentait pas de suivre ses pairs, il les devançait.

Or c’est là, tandis qu’il se rendait à Damas qu’intervient la vision miraculeuse … Paul, vous le savez et vous l’avez compris, il y reviendra lui-même dans l’Epître d’aujourd’hui, était un mystique. En ce jour le Christ lui-même lui apparaît dans les cieux et lui dit : « Pourquoi Me persécutes-tu ». Paul ahuri, tombe de cheval et demande : « Qui es-tu ? » - « Je suis le Christ ». La conversion de Saul est instantanée : il se rend à Damas – il était momentanément devenu aveugle – entre aussitôt en contact avec le chrétien qui lui avait été désigné – et qui n’était pas du tout rassuré compte tenu de la réputation de Saül, récupère la vue et se met aussitôt à évangéliser, en Syrie, en Orient en Arabie. Ce n’est qu’après trois ans de cette prédication qu’il se rend à Jérusalem. Il passe quinze jour chez Pierre, ne voit pas d’autres apôtres sauf Jacques le Frère de Dieu, et il poursuit son apostolat de géant. Homme très cultivé, il possédait évidemment le grec langue de communication de la méditerranée orientale et il évangélise la Grèce, le Proche-Orient, Rome même … Il est en butte à des tracasseries, à des investigations policières, à des châtiments corporels qu’il évoque : le fouet, les verges, les lapidations. On ne l’a pas ménagé, le Pouvoir se méfiait de lui, le châtiait … Mais ce n’est qu’à l’extrême fin de cette prédication subversive et persévérante qu’il a finalement été tué : le pouvoir romain, à l’évidence, se méfiait de sa position élevée dans la société juive. Ceci dit la persécution de Paul a été rigoureuse …

Il l’évoque en détail dans l’épître d’aujourd’hui – où il montre qu’il n’est pas le moindre parmi les évangélisateurs, mais dans la seconde partie il s’étend sur les faveurs mystiques qu’il a reçues. Comme je l’ai dit souvent et comme vous le savez, il est un mystique il a été élevé « jusqu’au troisième ciel », il a entendu des paroles qu’il n’est pas permis à un homme de rapporter.

Tel est l’Apôtre. Comme on pouvait s’y attendre de la part d’un intellectuel de son niveau, de sa classe et de son enthousiasme, il a écrit aux diverses communautés chrétiennes, et vous le savez, la plupart du temps les épîtres que nous lisons aux liturgies sont de l’Apôtre Paul. Les autres apôtres nous ont laissé aussi des épîtres, Jacques, Pierre, Jean, Jude mais ce legs apostolique n’est pas comparable quantitativement et qualitativement aux Epîtres de Paul qui sont une mine inépuisable de la théologie chrétienne.

En regard, l’autre Coryphée des Apôtres, Pierre, est fort différent. Il n’est pas, lui, un intellectuel, il n’appartient aucunement à l’élite des Pharisiens. C’est un simple pécheur et c’est parmi les humbles, les manuels que le Christ a choisi la plupart des autres apôtres. Mais quand le Christ passe près de sa barque où il réparait ses modestes instruments et lui dit : « Suis-moi », Pierre – et André son frère –, sans hésiter laisse tout et le suit. C’est cette existence misérable et précaire de compagnons errants d’un maître lui-même rejeté que Pierre mène pendant trois ans, «sans hésitation ni murmure», comme je dis parfois. Ce n’est pas même lui qui nous décrit ces vicissitudes. Lui, il suit humblement. C’est vers la fin de l’apostolat de Jésus qu’il dit modestement : « Et nous qui avons tout laissé pour Te suivre, qu’adviendra-t-il de nous ». Mais il interroge simplement, sans se plaindre … Il est fidèle … Certes, au cours de la Passion, il renie trois fois le Christ. Il pleure amèrement, mais ce reniement même est à intégrer dans la compréhension de la vocation de Pierre. Il n’était pas non plus dans la poignée de fidèles auprès de la croix. Seul Jean était aux côtés des saintes femmes …

Telle n’était pas, bien-aimés Frères et Sœurs, la vocation de Pierre.

Mais son exemplarité est autre et nous la trouvons dans les textes de ce jour : « Pierre, m’aimes-tu plus que ceux-ci » - « Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime ». Une seconde fois le Christ interroge : « Pierre, m’aimes-tu ? » - « Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime ». Comme la première fois, Christ répond : « Pais mes agneaux ». Quand une troisième fois le Christ lui demande : « Pierre, m’aimes-tu ? », Pierre attristé répond : « Tu sais tout : tu sais bien que je t’aime ! » Suit l’annonce du martyre de Pierre. Mais ce qui est important, fondamental pour nous, clercs, c’est cette exigence : « M’aimes-tu ». Elle est première et elle est immédiatement suivie de l’ordre : « Pais mes agneaux ». Ce qui est l’exigence première pour l’homme d’Eglise, c’est l’amour pour le Christ, et à celui qui l’aime, le Christ confie ses agneaux.

Certes Pierre n’était pas un intellectuel, mais quel enseignement nous apporte-t-il en ce jour !
Mais la péricope évangélique d’aujourd’hui est, pourrait-on dire, plus inépuisable encore. Christ interroge ses apôtres : « Qui dit-on que je suis ? ». Certains, répondent-ils, disent que tu es Jean-Baptiste. D’autre disent que tu es Elie dont le retour était annoncé. Ou bien Jérémie. Ou bien quelque autre des Prophètes.
- « Et vous, qui dites-vous que je suis ? » Pierre, prenant la parole, répond : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! »

Vérité qui est le fondement et comme la synthèse de la théologie, le Christ était l’Attendu et Pierre le reconnaît dans le fils de Marie, et la VIE de Dieu, qui émane de Lui, c’est le SAINT-ESPRIT.

SAINT PIERRE ET SAINT PAUL LES DEUX CORYPHÉES SONT AUSSI PRESTIGIEUX L’UN QUE L’AUTRE, CAR LA SAGESSE DIVINE ÉTAIT EN EUX !


AMIN

 

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4e DIMANCHE après la PENTECÔTE

 

Matines : Luc XXIV, 1-12

Liturgie : Rom. VI, 12-23 ; Matt. VIII, 5-13

 

AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !

Bien-aimés Frères et Sœurs,

 

En ce Dimanche béni, qui est celui du Centurion, nous percevons face à face les entraves qui pèsent encore sur les plus anciennement convertis, et, en regard, la spontanéité merveilleuse de la Foi chez ceux qui, comme ce Centurion romain, ne connaissaient encore le Christ que par ouï-dire.

I – Croyants fondamentaux pourraient-on dire étaient les onze apôtres restants (puisque Judas avait trahi), mais lorsque Marie-Madeleine, Jeanne, Marie mère de Jacques leur rapportèrent ce que les anges leur avaient dit, au Tombeau, sur la Résurrection advenue, sur les raisons de la Passion et de la Résurrection …, ils ne les crurent pas ! De qui, mieux que d’eux aurait-on pu dire qu’ils savaient tout ? Et cependant … Tel est le poids, Frères et Sœurs, des habitudes mentales antérieures !

Quant aux « Romains » – Juifs ou Grecs convertis – auxquels s’adresse Paul, eux aussi ils avaient adhéré consciemment au Christianisme : mais à quelle lente PÉDAGOGIE est contraint de recourir l’apôtre ! Nous sommes morts au péché, vivant pour Dieu en Jésus-Christ. Que le péché, ajoute-t-il, ne domine pas vos corps, ne donnez pas vos membres à l’injustice … Et encore : soyez à Dieu comme des morts devenus vivants, que vos membres soient les instruments de la justice de Dieu et ainsi de suite …

Comme le savent tous les maîtres d’école la répétition est la mère de l’enseignement : povtorenie mat' outchenia …

Nécessaire pesanteur de l’apostolat …

II Lumineuse et rafraîchissante spontanéité, au contraire, de la foi du Centurion ! Celui-ci n’était pas Juif, il était un militaire de l’armée d’occupation du conquérant romain … Mais comme souvent les « coloniaux », il savait la langue des indigènes – l’araméen – et, son serviteur étant gravement malade, paralysé, et souffrant beaucoup il vient spontanément demander le secours de Jésus. Jésus lui répond aussitôt : « Je viens le guérir ! ». Le centurion réplique cette parole d’humilité qui est passée dans l’Eglise chrétienne : « Seigneur, je ne suis pas digne que tu viennes dans ma maison : mais dis seulement une parole et mon serviteurmon âme, disons-nous – sera guéri ! »

Tout naturellement, le Centurion explicite les raisons de sa confiance absolue. J’ai des chefs et j’ai des subordonnés. Quand je dis à l’un deux : « Va ! » il va ; quand je dis à autre : « viens ! » Il vient. Je dis à mon serviteur : « fais ceci ! » et il le fait. C’est la discipline, militaire en l’occurrence.

Le Seigneur entendit, Il fut étonné et Il dit à ceux qui L’accompagnaient : « Jamais Je n’ai trouvé une telle foi en Israël ! »

Il poursuit en annonçant : « Beaucoup viendront de l’Orient ou de l’Occidentc’est l’expansion universelle du Christianisme – et ils entreront avec Abraham, Isaac et Jacob dans le royaume des cieux ! »

Et les fils non convertis du Royaume « seront jetés dans les ténèbres extérieures où il y aura des pleurs et des grincements de dents »…

Il répond alors au centurion : « Va, et qu’il soit fait selon ta foi »!

Et, dans l’instant, son serviteur fut guéri.

N’hésitons pas, dans nos malheurs et nos tribulations, à recourir, avec une confiance totale, au Christ notre Dieu !

Que l’humilité et la foi du Centurion soient dans nos cœurs !

 

AMIN



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3-e DIMANCHE après la PENTECÔTE

Matines :  Mk, XVI, 9-20

Liturgie : Rom., V, 1-10 ; Matt., VI 22-33

 

AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT ESPRIT !

Bien-aimés Frères et Sœurs,

 

IDirigés par la Foi, commence le saint apôtre Paul, nous sommes dans la paix, par la Grâce de Jésus-Christ.

Nous nous félicitons, poursuit-il, même dans les afflictions. Allant au devant de notre surprise, il explique : de ce qui nous est infligé, procède la patience.

De la patience, procède la sage expérience – iskustvo –, le juste discernement. De cette juste expérience acquise, procède l’espérance. Là aussi, Frères et Sœurs, le bon sens a sa place ; il ne s’agit pas de s’imaginer qu’on est les plus malheureux des hommes, ni non plus d’espérer n’importe quoi : Non, nous évaluons de manière équilibrée notre affliction et nous espérons en conséquence,

Mais cette sage espérance explique l’apôtre, ne se trompe pas CAR DIEU EST DANS NOS CŒURS par le Saint-Esprit : nous sommes tout de suite, en effet, après la Pentecôte, et dans la lignée bénie de tous les saints … que nous venons de célébrer dans les deux dimanches précédents.

Or quelle est la raison suprême de cette espérance ? Christ est mort pour nous quand nous étions pécheurs. A plus forte raison serons-nous sauvés par Son Sang maintenant que nous sommes dans la Grâce.

II L’évangile commence par une considération sur l’œil – souvenez-vous du juste discernement de tout à l’heure –, l’œil qui est la lumière du corps, et le Christ poursuit en disant qu’on ne peut pas servir deux maîtres : ou bien on aimera l’un et on méprisera l’autre ou le contraire, on ne peut pas servir DIEU ET MAMMON – Mammon, c’est-à-dire la richesse.

L’application suit immédiatement, « au ras des pâquerettes », c’est-à-dire au niveau de notre mentalité de tous les jours : Ne vous préoccupez pas des besoins du corps, la nourriture, la boisson, le vêtement, les éléments constitutifs en somme de notre « train de vie » et de la banalité de nos préoccupations quotidiennes …

C’est pourtant bien nécessaire, aurait-on tendance à dire : il faut manger tous les jours, il faut s’habiller, se loger …

Le Christ écarte d’un revers de main ces préoccupations dont nous faisons le centre de nos mentalités – et nous ajouterions, dans la foulée, la voiture, les vacances, les divertissements … Tout cela, c’est, vous le comprenez, bien-aimés Frères et Sœurs, MAMMON, c’est-à-dire les biens matériels que nous divinisons – c’est-à-dire que nous les faisons passez avant tout !

Regardez les oiseaux du ciel : ils ne plantent ni ne sèment, ils ne filent ni ne tissent …

Regardez le lys des champs dont la parure est plus belle que celle de Salomon dans toute sa gloire ! …

Ce sont les « païens », ajoute le Christ, qui se préoccupent de ces choses. Les « païens », c’est-à-dire les matérialistes qui nous entourent.

Mais voici le juste discernement, la sage espérance dont il était question tout à l’heure. Votre Père qui est aux cieux sait de quoi vous avez besoin.

VOUS, cherchez plutôt PREMIÈREMENT le ROYAUME DE DIEU ! Tout le reste vous sera donné par surcroît.

Ce n’est pas, vous le comprenez, qu’il ne faille pas s’occuper des besoins matériels, de sa famille, de ses enfants. Il faut s’en préoccuper, mais avec justesse et en mettant par-dessus tout DIEU, et le service de Dieu.

Le troisième évangile de la Résurrection, celui qui était lu hier soir, dit les miracles qui accompagneront les évangélisateurs : ils chasseront les démons, ils parleront de nouvelles langues, ils chasseront les serpents, les poisons ne leur feront pas de mal, ils guériront les malades. Tout cela, en somme, c’est ce que Dieu nous donne « par surcroît ». Mais ce qui est fondamental, c’est le service de Dieu : « Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé, celui qui ne croira pas sera condamné ».

Que le Christ notre Dieu nous donne de Le servir toujours et de L'aimer par-dessus tout !

 

AMIN


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