13eDIMANCHE après PENTECÔTE

 

Matines : Marc XVI, 1-8

Liturgie :  1 Cor. XVI, 13-24 ; Mat. XXI, 33-42

 

AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT ESPRIT !

Bien-aimés Frères et Sœurs,

 

L’évangile de ce jour décrit la mauvaise foi et la persévérance dans le mal de mauvais employés. Leur maître leur avait concédé en location – en métairie, dirions-nous plus exactement – la vigne qu’il avait plantée, qu’il avait entourée de barrières, qu’il avait dotée de pressoir, où il avait construit un bâtiment …

La saison des fruits étant proche, le maître envoya des serviteurs pour recevoir la part de production qui lui revenait, puisqu’il s’agissait de métairie.

Mais les vignerons, au lieu de s’acquitter de leur dû, maltraitèrent les serviteurs, les frappant, les chassant, en tuant même …

Le Maître envoya d’autres serviteurs qui furent aussi mal reçus, battus, chassés, lapidés ou tués..

Si bien – vous voyez à la longueur de ces divers épisodes, qu’il s’agit de plus que d’un simple récit ! – si bien que le maître envoya son propre fils en pensant que les employés de la vigne auraient au moins du respect pour le fils du maître. Mais eux se dirent : « C’est l’héritier ! Tuons-le et la vigne sera à nous ! »

C’est ce qu’ils firent : ils tuèrent le fils et héritier et jetèrent son corps hors de la vigne

Retenez cette circonstance : Christ aussi, le Fils Unique de Dieu, a été crucifié hors de la ville.

Vous le comprenez alors, cette parabole est l’évocation de l’histoire du peuple juif. Dieu lui avait attribué cette vigne féconde,c’est-à-dire la Terre Promise, afin qu’ils en retirent les produits comme le peuple élu qu’ils étaient. Mais ils étaient le Peuple Elu, parce qu’ils avaient reçu la première Révélation les mettant à même de rendre à Dieu le culte qui Lui était dû. L’histoire juive colle aux circonstances de la parabole.

Les Juifs furent infidèles : Dieu leur envoya Ses serviteurs –c’est-à-dire les prophètesles uns après les autres. Ils les maltraitèrent, les chassèrent, tuèrent certains d’entre aux, comme Zacharie abattu entre le temple des fidèles et le sanctuaire …

Finalement, Dieu envoya Son Fils Unique et bien-aimé : et ils Le tuèrent en dehors de la ville, comme nous l’avons compris en écoutant cette circonstance de la parabole.

« Que fera donc le Maître à ces vignerons ? » demande le Seigneur. « Il les châtiera, lui est-il répondu et il louera sa vigne à d’autres ».

Vous le comprenez, il s’agit du transfert du sacerdoce divin des Juifs aux « Gentils », c’est-à-dire à nous-mêmes, de la substitution de l’Eglise à la Synagogue.

Mais ici, le Christ notre Dieu rompt avec cette pédagogie de l’explication de la parabole, par l’évocation de cet autre et fondamental passage de l’Ecriture : « N’avez-vous pas lu que la pierre rejetée par les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle »

La pierre d’angle, fondamentale dans la construction de tout bâtiment, c’est Lui, le Christ sur Lequel repose l’Eglise. A l’apôtre Simon, qui à la demande du Seigneur « Que dit-on que je suis », avait répondu : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant, le Christ  déclare : « Tu es Pierre et sur cette pierre sera fondée Mon Eglise ». C'est à dire : sur cette confession dure comme de la pierre.

Il n’y a pas d’autre fondement quele Christ.

Le Royaume de Dieu sera ôté aux Juifs ; et, précise-t-Il, « quiconque tombera sur cette pierre sera brisé. Le Christ est la pierre de scandale sur laquelle les hommes se diviseront. Il est aussi la pierre de touche, celle du jugement. Le Christ, en effet,  est Celuisur Lequel et par Lequel tout homme sera jugé.

Redoutable enseignement !Nous sommes loin, bien-aimés Frères et Sœurs, du laxisme du monde moderne, du relativisme inhérent à nos mentalités et à cet œcuménisme dont saint Philarète disait, dans son Épître de douleur, qu’il est la « synthèse de toutes les hérésies » … La Vérité, en effet, est Une, comme le Christ est Un.

Soyons tout entiers à Lui, bien-aimés Frères et Sœurs, totalement et sans réticences. 

                                                                                  AMIN

 

 

 

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4-e DIMANCHE après PENTECÔTE


 Matines : Luc XXIV, 1-12
Liturgie : Rom. VI, 18-23 ; Mat. VIII, 5-13

Philip. II, 5-11 ; Luc X, 38-42,XI, 27-28

 
AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,


En ce Dimanche béni, qui est celui du Centurion, nous percevons face à face les entraves qui pèsent encore sur les plus anciennement convertis, et, en regard, la spontanéité merveilleuse de la Foi chez ceux qui, comme ce Centurion romain, ne connaissaient encore le Christ que par ouï-dire.

ICroyants fondamentaux pourraient-on dire étaient les onze apôtres restants (puisque Judas avait trahi), mais lorsque Marie-Madeleine, Jeanne, Marie mère de Jacques leur rapportèrent ce que les anges leur avaient dit, au Tombeau, sur la Résurrection advenue, sur les raisons de la Passion et de la Résurrection …, ils ne les crurent pas ! De qui, mieux que d’eux aurait-on pu dire qu’ils savaient tout ? Et cependant … Tel est le poids, Frères et Sœurs, des habitudes mentales antérieures !

Quant aux « Romains » –  Juifs ou Grecs convertis – auxquels s’adresse Paul, eux aussi ils avaient adhéré consciemment au Christianisme : mais à quelle lente PÉDAGOGIE est contraint de recourir l’apôtre ! Nous sommes morts au péché, vivant pour Dieu en Jésus-Christ. Que le péché, ajoute-t-il, ne domine pas vos corps, ne donnez pas vos membres à l’injustice … Et encore : soyez à Dieu comme des morts devenus vivants, que vos membres soient les instruments de la justice de Dieu et ainsi de suite …

Comme le savent tous les maîtres d’école la répétition est la mère de l’enseignement : povtorenie … Nécessaire pesanteur de l’apostolat …

IILumineuse et rafraîchissante spontanéité, au contraire, de la foi du Centurion ! Celui-ci n’était pas Juif, il était un militaire de l’armée d’occupation du conquérant romain … Mais comme souvent les « coloniaux », il savait la langue des indigènes – l’araméen – et, son serviteur étant gravement malade, paralysé, et souffrant beaucoup il vient spontanément demander le secours de Jésus. Jésus lui répond aussitôt : « Je viens le guérir ! ». Le centurion réplique cette parole d’humilité qui est passée dans l’église chrétienne : « Seigneur, je ne suis pas digne que tu viennes dans ma maison : mais dis seulement une parole et mon serviteur – mon âme, disons-nous – sera guéri ! »

Tout naturellement, le Centurion explicite les raisons de sa confiance absolue. J’ai des chefs et j’ai des subordonnés. Quand je dis à l’un deux : « Va ! » il va ; quand je dis à autre : « viens ! » Il vient. Je dis à mon serviteur : « fais ceci ! » et il le fait. C’est la discipline, militaire en l’occurrence.

Le Seigneur entendit, il fut étonné et il dit à ceux qui l’accompagnaient : « Jamais Je n’ai trouvé une telle foi en Israël ! ». Il poursuit en annonçant : « Beaucoup viendront de l’Orient ou de l’Occident – c’est l’expansion universelle du Christianisme – et ils entreront avec Abraham, Isaac et Jacob dans le royaume des cieux ! ». Et les fils non convertis du Royaume « seront jetés dans les ténèbres extérieures où il y aura des pleurs et des grincements de dents » … Il répond alors au centurion : « Va, et qu’il soit fait selon ta foi » ! Et, dans l’instant, son serviteur fut guéri.

N’hésitons pas, dans nos malheurs et nos tribulations, à recourir, avec une confiance totale, au Christ notre Dieu ! Que l’humilité et la foi du Centurion soient dans nos cœurs !

IIIC’est aujourd’hui une fête mariale, la rencontre de l’icône de Vladimir.

L’Epître est ce passage de la Lettre aux Philippiens qui souligne l’humilité du Christ qui étant « l’égal de Dieu » s’est anéanti jusqu’à se faire homme, et à souffert la mort – et quelle mort, la mort sur la croix ! – et a été exalté au dessus de tout autre nom, « afin qu’au nom de Jésus tous fléchissent le genou, sur la terre et dans les cieux ».

L’Evangile de ce jour est ce passage qui met en relief l’élection de Marie, sœur de Marhe : Marie a choisi la meilleure part … L’Evangile se poursuit par cette exclamation d’une simple femme : « Heureuse les flancs qui t’ont porté et les mamelles qui t’ont allaité » … Mais Jésus  répond : « Dites plutôt : Heureux ceux qui reçoivent la parole de Dieu et qui la gardent ! »

Instruits par l’exemple du Centurion, sachons garder toujours la Parole de Dieu !

Amen

 

 


 

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3-e DIMANCHE après PENTECÔTE


Matines : MarcXVI, 9-20
Liturgie : Rom. V, 1-10 ; Matt. VI, 22-33



AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,


I – Dirigés par la Foi, commence le saint apôtre Paul, nous sommes dans la paix, par la Grâce de Jésus-Christ. Nous nous félicitons, poursuit-il, même dans les afflictions. Allant au devant de notre surprise, il explique : de ce qui nous est infligé, procède la patience.

De la patience, procède la sage expérience – iskustvo –, le juste discernement. De cette juste expérience acquise, procède l’espérance. Là aussi, Frères et Sœurs, le bon sens a sa place ; il ne s’agit pas de s’imaginer qu’on est les plus malheureux des hommes, ni non plus d’espérer n’importe quoi : Non, nous évaluons de manière équilibrée notre affliction et nous espérons en conséquence.

Mais cette sage espérance explique l’apôtre, ne se trompe pas CAR DIEU EST DANS NOS CŒURS par le Saint-Esprit : nous sommes tout de suite, en effet, après la Pentecôte, et dans la lignée bénie de tous les saints … que nous venons de célébrer dans les deux dimanches précédents.

Or quelle est la raison suprême de cette espérance ? Christ est mort pour nous quand nous étions pécheurs. A plus forte raison serons-nous sauvés par Son Sang maintenant que nous sommes dans la Grâce.

II – L’évangile commence par une considération sur l’œil – souvenez-vous du juste discernement de tout à l’heure –, l’œil qui est la lumière du corps et le Christ poursuit en disant qu’on ne peut pas servir deux maîtres : ou bien on aimera l’un et on méprisera l’autre ou le contraire, on ne peut pas servir DIEU ET MAMMON – Mammon, c’est-à-dire la richesse.

L’application suit immédiatement, « au ras des pâquerettes », c’est-à-dire au niveau de notre mentalité de tous les jours : Ne vous préoccupez pas des besoins du corps, la nourriture, la boisson, le vêtement, les éléments constitutifs en somme de notre « train de vie » et de la banalité de nos préoccupations quotidiennes … C’est pourtant bien nécessaires, aurait-on tendance à dire : il faut manger tous les jours, il faut s’habiller, se loger …

Le Christ écarte d’un revers de main ces préoccupations dont nous faisons le centre de nos mentalités – et nous ajouterions, dans la foulée, la voiture, les vacances, les divertissements … Tout cela, c’est, vous le comprenez, bien-aimés Frères et Sœurs, MAMMON, c’est-à-dire les biens matériels que nous divinisons – c’est-à-dire que nous les faisons passez avant tout !

Regardez les oiseaux du ciel : ils ne plantent ni ne sèment, ils ne filent ni ne tissent …

Regardez le lys des champs dont la parure est plus belle que celle de Salomon dans toute sa gloire ! … Ce sont les « païens », ajoute le Christ, qui se préoccupent de ces choses. Les « païens », c’est-à-dire les matérialistes qui nous entourent.

Mais voici le juste discernement, la sage espérance dont il était question tout à l’heure. Votre Père qui est aux cieux s3° D.ait de quoi vous avez besoin. VOUS, cherchez plutôt PREMIÈREMENT le ROYAUME DE DIEU ! Tout le reste vous sera donné par surcroît. Ce n’est pas, vous le comprenez, qu’il ne faille pas s’occuper des besoins matériels, de sa famille, de ses enfants. Il faut s’en préoccuper, mais avec justesse et en mettant par-dessus tout DIEU, et le service de Dieu.

III – Le troisième évangile de la Résurrection, celui qui était lu hier soir, dit les miracles qui accompagneront les évangélisateurs : ils chasseront les démons, ils parleront de nouvelles langues, ils chasseront les serpents, les poisons ne leur feront pas de mal, ils guériront les malades. Tout cela, en somme, c’est ce que Dieu nous donne « par surcroît ». Mais ce qui est fondamental, c’est le service de Dieu : « Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé, celui qui ne croira pas sera condamné ».

Que le Christ notre Dieu nous donne de le servir toujours et de l’aimer par-dessus tout !

AMIN

 

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2-eDIMANCHE après PENTECÔTE
Tous les Saints de la Terre Russe


Vêpres : Isaïe XLIII, 9-14 – Sages. Sal. III, 1-9 – Sages. Sal. V, 15 - VI, 3
Matines : Marc XVI, 1-8
Lit
urgie : Rom. II, 10-16 ; Matt. IV, 18-23


AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,


Les textes de ce jour béni donnent l’enseignement spécifique de l’Eglise sur les saints.

«Vous êtes mes témoins, - dit Dieu au prophète Isaïe, - Il n’y a pas d’autre Dieu que Moi !». Les sages sont dans la main de Dieu, dit la Sagesse de Salomon. Dieu regarde les humbles. Ils ont paru souffrir mais leur espérance est sans fin. Dieu les a éprouvés comme l’or au creuset et les a trouvés dignes de Lui. Ils jugeront les Nations et le Seigneur régnera avec eux pour les siècles. Et encore : ils recevront la couronne de justice et la Main de Dieu les couvrira de Sa force. Tels sont les saints.

I – L’épître des Saints de la Russie est ce passage même de la Lettre aux Hébreux où l’apôtre Paul évoque l’héroïsme des saints d’Israël, leurs prodiges de valeur, l’étonnante grandeur d’âme dont ils firent preuve également dans les tourments : or l’apôtre aboutit à cette conclusion paradoxale : tous ces saints héroïques, ces prodiges d’ascétisme n’obtinrent pas la récompense promise. Ils devaient en effet obtenir ce sort meilleur : de triompher avec nous, c’est-à-dire avec le Christ et dans le Christ.

Mais l’Epître de ce deuxième Dimanche après la Pentecôte nous illumine, au-delà des paradoxes apparents, sur le processus qui conduit à l’aboutissement, c’est-à-dire à la rétribution du Jugement final. La gloire et l’honneur seront pour l’homme qui fait le bien, pour les Juifs d’abord – puisqu’ils ont été les premiers à recevoir la promesse – et également pour les Gentils, c’est-à-dire ceux qui, nés de Nations extérieures, recevront l’évangile. Ce n’est pas ceux qui écoutent la loi qui sont justes, ce sont ceux qui observent la loi qui seront justifiés – qui donc deviendront et seront reconnus justes. L’apôtre précise sans crainte : les gentils qui n’ont pas eu la loi, lorsqu’ils font des choses bonnes, appliquent la Loi qui est en eux dans leur cœur.

II – L’évangile de ce jour est la péricope qui raconte la vocation de Simon-Pierre et d’André, son frère – le «premier appelé». Le Seigneur les appelle, Il leur dit : «Suivez-Moi !». Il ajoute : «Je vous ferai pêcheurs d’hommes». Peu après, Il appelle Jacques et Jean, les fils de Zébédée, qui eux aussi Le suivirent immédiatement, abandonnant leur vieux père - nous savons ce qu’a dit le Christ sur les parents et les proches … Jésus, ajoute la péricope, prêchait le royaume de Dieu, … guérissant tous les malades
Nous avons la grâce, en ce jour, d’être instruits sur le zèle et la charité des ascètes.

Adorons ce mystère.


AMIN

 

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1-er DIMANCHE après PENTECÔTE

Dimanche de Tous les Saints

 

Vêpres : Isaïe XLIII, 9-14 – Sages. Sal. III, 1-9 – Sages. Sal. V, 15-VI, 3
Matines : Matt. XXVIII, 16-20
Liturgie: Hébr. XI, 33–XII, 2 ; Matt. X, 32-33, 37-38, XIX, 27-30


AU NOM DU PÊRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,

A ceux qui constatent que nos grandes fêtes sont toujours « en retard » par rapport aux fêtes homonymes de l’Occident, il est possible de dire que, par contre, nous sommes en avance par rapport à eux qui fêtent la Toussaint le 1er novembre et « tous les morts » le 2.

Pour nous, la Toussaint n’est pas un jour de brumes automnales : nous la célébrons le Dimanche qui suit la Pentecôte, ce qui est normal puisque les saints sont les fruits de la descente du Saint Esprit, et pour nous c’est une grande fête lumineuse : Duminica mare ! dit-on en roumain. Et tous les saints, ce ne sont pas uniquement ceux qui sont inscrits dans le calendrier, c’est tous ceux qui sont morts en Jésus-Christ, nos ancêtres et nos frères. De la même manière quand l’apôtre Paul écrit à une Église, il écrit à «tous les saints», c’est-à-dire les baptisés qui s’y trouvent.

Jour de lumière et de joie, puisque nous fêtons l’immense multitude des saints, connus et inconnus, qui ont vécu et se sont endormis en Jésus-Christ.

Les textes de ce jour béni donnent l’enseignement spécifique de l’Eglise sur les saints : le monde laïque et déchristianisé aurait volontiers tendance, dans la moins mauvaise hypothèse, à les mettre sur le même plan que les grands hommes, les héros …

« Vous êtes mes témoins, dit Dieu au prophète Isaïe, Il n’y a pas d’autre Dieu que Moi ! ». Les sages sont dans la main de Dieu, dit la Sagesse de Salomon. Dieu regarde les humbles. Ils ont paru souffrir, mais leur espérance est sans fin. Dieu les a éprouvés comme l’or au creuset et les a trouvés dignes de Lui. Ils jugeront les Nations et le Seigneur régnera avec eux pour les siècles. Et encore : ils recevront la couronne de justice et la Main de Dieu les couvrira de Sa force. Tels sont les saints.

L’évangile des matines, d’une certaine manière, donne la clé de leur vocation : « Evangélisez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit » De ce terreau des baptisés sortent les « témoins de Dieu » : les saints se sont oubliés eux-mêmes, aimant Dieu par-dessus tout et le Christ sera avec eux jusqu’à la fin du monde.

I – L’épître ne laisse pas d’être un peu déconcertante. L’apôtre évoque les merveilles des saints d’Israël : ils ont conquis des royaumes, exercé la justice, obtenu l’effet des promesses, fermé la gueule des lions, ils ont mis en déroute des armées d’étrangers, ils ont ressuscité des enfants morts. Leurs souffrances et leurs martyres ne sont pas moins étonnants, ils ont été tourmentés, lapidés, sciés, ils ont vécu en ascètes, vêtus de peaux de bêtes, vivant dans des trous de la terre, eux dont le monde n’étaient pas dignes, mais – là est le paradoxe dont se sert l’apôtre – tous ces saints admirables N’ONT PAS EU LEUR RECOMPENSE … Nous restons sans voix ! et il poursuit tranquillement « parce que Dieu voulait pour eux un sort MEILLEUR ». Ils recevront en effet leur récompense avec nous qui avons eu comme guide et comme modèle LE CHRIST QUI A SOUFFERT ET QUI A ÉTÉ CRUCIFIÉ, alors qu’ils n’avaient connus, eux, le Christ seulement en espérance.

II – L’évangile, complexe et ardu, est néanmoins résolutif :

A) « Quiconque Me confessera devant les hommes, je le confesserai devant mon Père qui est aux cieux, et quiconque Me reniera, je le renierai devant mon Père ».

B) « Celui qui aime son père ou sa mère… son fils ou sa fille plus que Moi, n’est pas digne de Moi ».Quand j’étais enfant, ces paroles me scandalisaient un peu : le plus grand amour que peut connaître un gamin, c’est évidemment celui de son père et de sa mère. Mais il faut la sagesse que donnent les années, les épreuves, la prière et la Grâce non seulement pour savoir, mais pour expérimenter que l’amour suprême est celui que nous porte le Christ notre Dieu, si bien qu’il dépasse infiniment celui que nous portent nos proches les plus affectueux.

Mais le Christ notre Dieu ajoute : « Celui qui ne prend pas sa croix n’est pas digne de Moi ».

L’ascèse est inhérente à la marche vers le salut, et nous le comprenons liturgiquement en ce dimanche de tous les saints qui prélude à un Carême.

Celui qui aura sauvé sa vie, poursuit le Christ dans le même esprit de répudiation des jouissances la perdra, mais celui qui aura perdu sa vie à cause de Moi, la sauvera.

Le Christ est notre MODELE absolu d’ascèse !

C) La solution définitive est dans Matt. XIX, 27-30 : « Et nous, demande Pierre, nous qui avons tout quitté pour Toi ? … ». Christ répond : vous serez sur douze trône jugeant les tribus d’IsraëlQuiconque aura laissé son père, sa femme, ses fils … recevra au centuple dans le royaume des cieux

La conclusion définitive est le renversement des valeurs. Les premiers (héros, grands hommes, etc.) seront les derniers, et les derniers seront les premiers.

Que le Christ notre Dieu, bien-aimés Frères et Sœurs, nous donne l’humilité d’être les derniers et de Le suivre jusqu’à la fin !

AMIN

 

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