4-e DIMANCHE de CARÊME
Saint Jean Climaque ou de l’Echelle


Liturgie : Hébr. VI : 13-20 ; Marc IX : 17-31
Eph.
V : 9-19 ; Mat. IV :25-V :12


AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,


I – L’apôtre, dans un paragraphe précédent poursuivait ses exhortations morales bien adaptées à ce temps pénitentiel : persévérez, ne vous relâchez pas, étant ceux qui, par la foi sont devenus héritiers de la Promesse, et de là il en vient au texte que vous avez entendu, c’est-à-dire à la Promesse de Dieu à Abraham : « Je te bénirai et multiplierai ta postérité … », mais il souligne que Dieu promet cela par serment, un serment sur lui-même, puisqu’il n’a pas de supérieur. Nous avons donc, comme Abraham dont nous sommes les héritiers, la Promesse ET le Serment. C’est là, ajoute-t-il, l’ancre – la métaphore est étrange – l’ancre par laquelle notre âme se trouve amarrée, une ancre qui pénètre au-dedans du rideau [le rideau mystique qui sépare le Sanctuaire du Temple où sont les fidèles], là donc où est entré notre « Précurseur », comme dit saint Paul, le CHRIST, grand Prêtre éternel selon l’ordre de Melchisédech. L’épître nous a fait passer du plan de la morale et de la bonne conduite aux réalités mystiques.

II – La péricope évangélique nous ramène, pourrait-on presque dire au plan de la quotidienneté – du miracle, cependant ! – puisqu’il s’agit de la guérison de l’enfant que notre médecine qualifierait d’épileptique, cet enfant possédé du démon lequel le faisait tomber dans des crises de tétanie et autres, le jetant éventuellement dans le feu ou dans l’eau.

Nous nous trouvons au plan de la thaumaturgie. Le Père qui amène son malade au Christ, lui dit qu’il l’a préalablement montré aux apôtres qui n’ont pu le guérir … « Hommes de peu de foi !» dit le Seigneur. Lui-même guérit l’enfant, ainsi que raconte l’évangile.

Mais le Christ dit au père : « Crois-tu ? ». La foi – dont témoigne aussitôt le malheureux père –, est l’adhésion indispensable de celui qui recourt au Christ.

Cette guérison – qui ne nous surprend pas ! – suscite par contre l’interrogation des apôtres : « Pourquoi, nous, n’avons-nous pu le guérir ? ». Or le Christ leur répond : « Cette race de démons ne peut être vaincue que par le jeûne et la prière ». Le jeûne et la prière, nous y sommes particulièrement adaptés en cette période de Carême, nous en expérimentons chaque jour la dimension morale et spirituelle. Nous progressons par le jeûne et la prière. Mais l’enseignement du Christ notre Dieu nous en fait percevoir ici la dimension MYSTIQUE. Nous connaissons leur dimension humaine et morale, mais le Christ nous fait percevoir leur efficacité AU DELA DU VOILE, dans cet au-delà du voile, où, par le Christ, nous sommes ancrés – comme un navire, selon la métaphore de l’apôtre Paul.

Etant ainsi prédisposés à comprendre, nous comprenons que la péricope évangélique se poursuive par l’annonce de la Passion et de la Résurrection : Celui qui, sous nos yeux a guéri le jeune épileptique, Il est notre grand prêtre éternel selon l’ordre de Melchisédech. Les miracles qu’Il accomplit sont le prélude de cette GUÉRISON éternelle qu’est le Salut, accompli « une fois pour toutes » par notre grand prêtre éternel, le Christ.

III – « Vous étiez dans les ténèbres, mais vous êtes lumière dans le Seigneur : Marchez donc comme des enfants de lumière ! » dit l’épître aux Ephésiens qui détaille ensuite tous les fruits de l’esprit, la bonté, la justice, la vérité. C’est pourquoi il était dit : « Réveille-toi, toi qui dors et le Christ t’éclairera ! ». Mais l’évangile qui suit, en l’honneur du guide des moines qu’était saint Jean de l’Echelle, n’est autre que le «grand» évangile des béatitudes, celui que l’on trouve chez saint Matthieu et celui que nous entendons tous les dimanches. Sagesse surhumaine et divine, inépuisable et au-delà de tout commentaire et qu’on ne peut cesser de contempler et d’adorer !

En l’honneur de ce moine et guide spirituel éminent, en la pensée aussi de tous ceux qui sont dans les ténèbres et la recherche, de ceux qui sont dans l’angoisse et de tous ceux qui, dans notre paroisse, ont des raisons d’inquiétude ou de tristesse, je vais lire à nouveau ce « sermon des béatitudes » :

Bienheureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux,

Bienheureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés,

Bienheureux les doux car ils hériteront la terre,

Bienheureux ceux qui ont faim et soif de justice car ils seront rassasiés,

Bienheureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde,

Bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu,

Bienheureux les pacificateurs, car ils seront appelés fils de Dieu,

Bienheureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux,

Bienheureux serez vous quand à cause de moi, on vous injuriera, on vous persécutera, on dira faussement de vous toute sorte de mal,

Réjouissez-vous alors et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense sera grande dans les cieux, car ainsi ont été persécutés les prophètes qui ont été avant vous.

Par les prières de saint Jean et des saints moines ascètes, puissions-nous nous aussi surmonter nos avanies et nos tristesses et parvenir à la pureté du cœur et à l’Illumination divine !


AMIN

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En ce dimanche où l’Église célèbre la mémoire de nos saints Nouveaux-Martyrs et Confesseurs de Russie, que tous les Russes orthodoxe de par le monde vénèrent, nous nous sommes ressouvenus de notre cher regretté Archevêque Antony, authentique prince de l’Église, Archipasteur aimant et aimé, digne héritier de l'éminent fondateur de l’Église Russe Hors-Frontières S.B. Le Métropolite Antoine /Khrapovitsky/. Cela fait 20 ans que notre cher Mgr Antony a quitté cette terre, mais nous tous, ses enfants spirituels, nous nous souvenons avec quel amour il nous parlait de l'exploit ascétique des saints Nouveaux-Martyrs, et comme il savait par ses homélies mémorables enflammer le cœur des fidèles d'un amour identique pour ces intrépides témoins de la Vérité du Christ qui ont fleuri sur notre terre.

Comme témoignage de ce don homilétique de l'Archevêque Antony, nous proposons une traduction d'un sermon prononcé pour ce jour en 1986. Bien que datant de 27 ans, son enseignement n'a non seulement pas vieilli, mais reste d'une actualité brûlante pour chacun de nous.

Protod. Germain

 

Sermon à la mémoire des

Saints Nouveaux-Martyrs et Confesseurs de Russie

 

Les Livres de l'Ancien Testament nous apprennent à quelle terrible épreuve fut soumis le peuple d'Israël lors de la captivité de Babylone. Le roi de Babylone Nabuchodonosor avait élevé une énorme statue d'or et avait annoncé au peuple que tous ceux qui vénéreraient cette statue et la glorifieraient comme Dieu seraient graciés, en revanche, ceux qui refuseraient de le faire seraient jetés au milieu d'une fournaise ardente.

Et voilà qu'au son de la trompette tous se prosternèrent devant cette statue et seuls trois jeunes hommes d'Israël refusèrent de le faire et dirent au roi : nous croyons en un Dieu Un et Véridique et nous ne vénérons pas tes dieux et nous ne les glorifions pas. Alors ils furent jetés dans cette terrible fournaise, mais ils ne craignaient rien car ils croyaient au Dieu Véritable et Unique et, de cette fournaise, ils Lui élevèrent leur prière : « Béni es-tu, Dieu de nos pères, ton Nom est loué et glorifié dans les siècles ». Et le Seigneur entendit leur prière et leur envoya un ange qui refroidit la fournaise et préserva les jeunes gens dans le feu.

Bien-aimés frères et sœurs, nous nous trompons lorsque nous ne croyons pas que cette statue s'élève aujourd'hui encore attendant que non seulement le peuple babylonien se prosterne devant elle, mais exigeant que devant elle se prosterne l'univers entier. Et malheur à celui qui ne vénérera pas cette idole contemporaine.

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3-e DIMANCHE de CARÊME :

VÉNÉRATION de la CROIX et ANNONCIATION


Liturgie : Hébr. IV, 14-V, 6 ; Marc VIII, 34-IX,1


AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,


I – Ce troisième dimanche de Carême est celui de la Croix. Nous avons eu, avec le Triomphe de l’Orthodoxie, la fête des Icônes qui sont le signe visible de la Divinité du Christ. « Dieu, nous L’avons vu », c’est le cri de victoire des orthodoxes. Nous L’avons vu et nous Le voyons dans toutes nos églises, dans toutes nos maisons, présent dans Ses saintes icônes que nous vénérons avec piété, sur lesquelles nous
déposons avec ferveur le baiser de nos lèvres.

Le deuxième dimanche de Carême était celui de ce maître de la mystique, Grégoire Palamas, guide de nos âmes par l’hésychasme, lequel, par l’inhabitation en nous du Nom de Jésus, nous conduit à la participation de la Lumière incréée, la Lumière du Thabor.

Dans la continuation de ce cheminement de Carême, voici que, en ce troisième dimanche, nous sommes directement face à face avec la Croix, avec le Christ Lui-même qui nous a sauvés et rachetés par Sa Croix.
Mais, cette année-ci, nous célébrons le même jour, l’Annonciation qui est, comme ont dit les Pères, le commencement de notre salut.

II – L’Épître aux Hébreux, dans la péricope d’aujourd’hui, est tout entière consacrée au Sacerdoce de Jésus-Christ, sacerdoce souverain et éternel. Nous avons en Christ le Souverain Sacrificateur qui peut offrir le Don pour le Peuple puisqu’Il connaît par son Humanité notre humanité qu’Il élève vers Dieu. Ces offrandes, Il les a accomplies une fois pour toutes, puisqu’Il s’est offert Lui-même par la Croix. Cette médiation, poursuit l’Apôtre, nul ne peut s’en investir soi-même. Aussi le Christ ne s’est-Il pas attribué la gloire d’être souverain
sacrificateur. Il l’a reçue de
Celui qui a dit : « Tu es Mon Fils : aujourd’hui, - c’est-à-dire éternellement,- Je t’ai engendré ». Mais le Même a dit aussi : « Tu es prêtre pour l’éternité selon l’ordre de Melchisédech ». L’« ordre de Melchisédech » correspond au Nouveau Sacerdoce – celui de la Foi, alors que le sacerdoce ancien, celui d’Aaron et des lévites, était l’ancienne Loi.

Les textes liturgiques de l’Annonciation comportent deux prémonitions théophaniques. La première, tirée de l’Exode est l’épisode du Buisson ardent qui brûlait dans le désert sans se consumer et à travers lequel Dieu parle à Moïse : c’est une image de la conception virginale de Marie qui n’a pas été consumée, elle qui portait Dieu ; l’autre est l’épisode du songe de Jacob, représentation de l’échelle mystique, image de la contemplation et aussi de la Mère de Dieu : d’où la « terreur sacrée du Patriarche ».

III – La révélation plénière de ce Jour de la Croix se trouve dans la péricope de l’évangile de Marc. C’est une révélation traumatisante : Quiconque veut venir à Moi, qu’il se charge de sa croix et qu’il Me suive !
Et le Christ précise : «
Quiconque voudra sauver sa vie, la perdra, mais quiconque perdra sa vie pour l’amour de Moi et de l’Évangile la sauvera ! »

Ce sont des enseignements rudes, mais c’est toute la sagesse chrétienne !

En regard il y a le message de l’Annonciation. « La stérile enfantera ! » Cela s’appliquait à Élisabeth. Mais à Marie qui s’étonne qu’elle-même enfantera, l’ange réplique que rien n’est impossible à Dieu.
Rude exigence chrétienne, mais en même temps certitude et ampleur de la Miséricorde de Dieu !

 

Amen

 

 

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DIMANCHE de l’EXPULSION d’ADAM


Matines : Jean XX, 11-18
Liturgie : Romains XIII, 11 – XIV, 4 ; Matt. VI, 14-21


AU NOM DU PERE DU FILS ET DU SAINT ESPRIT !
Bien-aimés Frères et Sœurs,


Ce dimanche est aussi celui de la Tyrophagie, c’est-à-dire, ce soir même, la fin des Laitages, et le commencement du Grand Carême, temps de Pénitence absolue, conduisant à la PÂQUE du Christ souffrant et Rédempteur.

I – Ces quarante jours rappellent immédiatement les quarante jours de Lamentations et de désespoir d’Adam et d’Eve au pied des murs du Paradis Terrestre dont ils venaient d’être chassés pour leur désobéissance. Après le péché, raconte la Genèse, Adam et Eve entendirent la « Voix » de Dieu – qui ne leur avait pas encore parlé ! Mais Dieu est Parole – qui se promenait au Paradis terrestre, par ce beau jour ensoleillé. Ils se cachèrent car ils étaient nus et, maintenant, ils le savaient ! Et Dieu – le Christ, qui se promenait, et qui, en tant qu’homme ne sait pas tout –, les appelle : « Adam, Adam ! Où es-tu ? ». « … Je t’ai entendu marcher dans le Paradis et j’ai eu peur, parce que je suis nu ! ».

Ainsi Adam confessait-il sa faute. Il fut chassé du Paradis, et pendant quarante jours, il se lamenta autour des murs du Paradis.

Nous avons eu, dès avant le début du Grand Carême, le chant du Psaume 137 «Près des fleuves de Babylone assis, nous pleurions en nous souvenant de Sion …» autre chant d’exil et de douleur. Mais fondamentale, s’avère la notion de PARDON, qui, peu avant la péricope de ce jour consacrée à la prière, figure évidemment dans le «Notre Père» enseigné en ce jour par le Christ à Ses apôtres, mais qui est en outre soulignée par ce commentaire du Seigneur Lui-même : «Si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus».

Ce dimanche, en effet, est celui du Pardon !

II – Réveillez-vous du sommeil ! Le temps presse, dit l’apôtre Paul, le Salut est plus près de nous que quand nous nous sommes convertis – puisqu’il s’agit, en effet, en ce dimanche, de la proximité de la Pâque. Rejetons les œuvres de ténèbres ! L’épître poursuit : «Ne nous jugeons pas les uns les autres». Certains jeûnent beaucoup, d’autres jeûnent moins. Nous n’avons pas le pouvoir de juger.

III – Il y a des jeûnes ostentatoires : ils ont en eux-mêmes leur récompense, dit quant à lui l’apôtre Mathieu. Le vrai jeûne est pour Dieu seul : on jeûne dans le secret et Dieu nous voit.

Il convient en effet d’être détaché des biens et des valeurs de ce monde – où il y a, nous la savons, des parasites et des voleurs : les vrais trésors sont ceux que l’on amasse dans le Ciel. Notre modèle absolu du détachement et de l’ascèse est évidemment le CHRIST en Sa Passion volontaire.

Mais, dans cet évangile même, le thème de l’ascèse n’est en aucune manière disjoint de celui du pardon : «Si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous pardonnera aussi les vôtres. Si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus les vôtres».

Si bien que ce dimanche qui précède immédiatement le Grand Carême est aussi celui du Pardon. Le dimanche précédent – qui était celui du Jugement –, vous avez observé que le Christ dans la prosopopée de son discours aux élus et aux damnés, ne parle nullement des devoirs envers Dieu, mais uniquement de la charité – ou du manque de charité – envers le prochain. Il va sans dire que nous nous engageons aujourd’hui dans le Carême par amour pour Dieu, et donc par loyauté envers Ses commandements. Mais nul ne peut aimer Dieu s’il n’aime pas son prochain : le premier et le « second » commandement sont liés et ils sont semblables. C’est donc de grand cœur que tout à l’heure nous nous pardonnerons les uns les autres.

Allons au Christ Sauveur en nous unissant à Lui par la souffrance, celle en particulier que comporte la privation de nourritures et de toutes les autres jouissances mondaines. Lui qui est Dieu ! Mais allons aussi à Lui par l’amour pour nos frères.

Dans le Carême, nous nous acheminons, par la souffrance, vers la Pâque. Mais, en liaison avec la préoccupation constante du prochain, cet autre thème est présent dans les textes de ce jour : Ne jugeons pas ! … En effet, le seul Juge est Dieu. Juge terrible, en vérité (Le Dimanche du Jugement est tout proche !)

- Pensons au long exil de la descendance d’Adam,

- Pensons au long exil de Babylone,

- Pensons à la fin redoutable du Psaume «Près des fleuves de Babylone» : «Fille de Babylone … Heureux qui saisira tes enfants, et les brisera contre le rocher».

Dieu, certes, est le Juge Terrible.

Mais il est aussi notre Sauveur et notre Rédempteur.


AMIN



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DIMANCHE de CARNAVAL

Matines : Jean XX, 1-10
Liturgie : 1 Cor. VIII, 8 - IX, 2 ; Matt. XXV, 31-46



AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT ESPRIT !
Bien aimés Frères et Sœurs,


I – Ce dimanche qui est celui du Jugement, est également le dimanche de «Carnaval» – ce qui veut dire : «adieu, la viande !» – et marque l’accès dans le jeûne, relativement limité, de la «Semaine des Laitages». Ceci nous explique immédiatement le thème de l’épître aux Corinthiens qui vient d’être lue. L’apôtre parle du jeûne, d’une certaine manière quant au fond : la nourriture ne nous rapproche ni ne nous éloigne de Dieu : si nous mangeons, nous n’aurons rien de plus, et si nous ne mangeons pas, rien de moins. Cela remet les choses au point : le jeûne n’est pas un concours d’athlétisme, on ne regarde pas qui jeûne plus ou moins. Mais attention : il peut arriver qu’un croyant pieux soit amené un jour – par telle circonstance momentanée – à ne pas jeûner ... Mais si un fidèle moins averti, le voit ne pas jeûner en un lieu public (comme étaient les temples païens) et s’il est scandalisé, alors il faut s’abstenir de ce repas afin de ne pas scandaliser ce fidèle innocent pour lequel Christ est mort ! Plutôt que de scandaliser un frère, conclut l’apôtre, j’aime mieux ne plus jamais manger de viande.

L’abstention de certaines nourritures reste également dans le Carême une règle de spiritualité : il s’agit, pour nous, de nous priver des nourritures carnées – qui sont des excitants – et qui, comme telles, contrarient la prière.

II – Le Carême est une période bénie d’affinement dans notre acheminement annuel et perpétuel, vers le Seigneur, Pâques d’abord qui est la fête de notre Salut, et ensuite le Jour Terrible du Jugement, celui qui nous attend au-delà de notre vie. Dans la péricope d’aujourd’hui, le Christ évoque Son retour, avec tous les anges, lorsqu’Il viendra pour juger tous les hommes. Le monde actuel, fondamentalement païen, n’y pense pas, mais il y aura ce Jugement final où certains seront condamnés, tandis que d’autres seront sauvés.

«Tous les hommes seront sauvés !» disent aujourd’hui les sots, les jouisseurs, certains «intellos», voire certaines pseudo églises. Du tout ! Le Christ notre Dieu dit explicitement le contraire ! Au jour terrible, Il séparera Lui-même les brebis d’avec les boucs, les bons qui donnent du fruit et les mauvais qui n’en donnent pas !

Le critère de discernement du Juge est explicité. Aux brebis Il dira : «Venez les bénis de mon Père au Royaume préparé pour vous dès le commencement du monde» car, poursuit-il, «j’ai eu faim et vous m’avez nourri, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire, j’étais nu et vous m’avez vêtu, malade et vous m’avez soigné, prisonnier et vous m’avez visité» … Mais ces bons répondront avec stupeur : «quand t’avons-nous trouvé affamé et t’avons-nous nourri ? Quand, assoiffé et t’avons-nous désaltéré … et ainsi de suite pour tous les autres secours évoqués. Ils sont ébahis, mais le Christ leur répond : «Quand vous l’avez fait au plus petit d’entre mes frères*, c’est à Moi que vous l’avez fait».

«Au plus petit D’ENTRE MES FRÈRES …» : C’est généreux, sans aucun doute, d’envoyer de l’argent à Haïti ou ailleurs. Mais les frères du Christ c’est ceux qui se rattachent à Lui, ecclésiastiques et fidèles, et qui, par suite, reçoivent et donnent A CAUSE DE LUI.

Comme nous le savons, et comme je le rappelais plus haut, le jeûne est un moyen privilégié d’affinement et d’approfondissement spirituel. Mais, comme il est dit ailleurs dans les évangiles, il ne s’agit pas de s’isoler dans son propre ascétisme, de prendre la mine contrite et de se replier sur soi : ayez au contraire un comportement bienveillant et souriant comme si vous ne jeûniez pas : pratiquons le jeûne, mais n’oublions pas le prochain – c’est-à-dire les plus proches, au sens étymologique du terme. Le jeûne ne doit pas se disjoindre de la charité.

Ainsi armés par ces commandements salutaires, acheminons-nous fraternellement vers un SAINT CARÊME !

AMIN

 

 

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