1er DIMANCHE de CARÊME : TRIOMPHE de l’ORTHODOXIE

Hébr. XI, 24-26,32- XII, 2

Jean I, 43-51

 

AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT ESPRIT

Bien-aimés Frères et Sœurs

 

IDimanche dernier, nous étions dans la tristesse de l’accablement d’Adam chassé du Paradis. Effectivement, dès les vêpres du Pardon, nous sommes passés aux ornements noirs et nous avons commencé le Grand Jeûne. Mais Dieu ne nous laisse pas longtemps dans le désarroi : aujourd’hui Premier Dimanche de Carême, très régulièrement, nous fêtons cette grande fête de consolation qu’est le Triomphe de l’Orthodoxie.

L’iconoclasme, déclenché par deux décrets de l’empereur de Constantinople Léon III (726 et 728) a duré cent vingt ans – avec des hauts et des bas - et cela a été pour nos frères orthodoxes qui vivaient alors une persécution épouvantable. On détruisait les icônes dont on vidait les églises, on persécutait tous ceux qui les vénéraient. Quiconque avait une croix sur lui risquait la mort.

Il y a eu une brève accalmie sous le règne de l’impératrice Irène qui régnait aux alentours de 800. Le septième concile s’était pourtant prononcé en faveur des icônes. Le fanatisme destructeur, influencé probablement par le comportement des musulmans et des juifs, a repris … Mais, à la mort de Théodule, redoutable iconoclaste (842), c’est sa femme Théodora qui a assumé la régence, et Théodora a rétabli avec autorité la vénération des icônes. L’iconoclasme était terminé, et, en cette fête, l’Église rend hommage plusieurs fois dans les offices de la veille « aux saint empereurs, Michel et Théodora » - Théodora était régente et Michel III, comme on le voit sur l’icône du jour, était encore un enfant.

IILes icônes sont fondamentales pour nous, vous le savez ; aux iconoclastes de tout bord qui disaient : « nul n’a jamais vu Dieu », les orthodoxes répondaient : « Mais nous, nous L’avons vu ! ». L’icône est l’affirmation de la Divinité du Christ. C’est pourquoi nous représentons le Christ et les saints qui sont tous l’image du Christ, et la Mère de Dieu a sa place rituelle dans toutes nos églises.

Dans le passage d’aujourd’hui de l’épître aux Hébreux, après avoir rendu un hommage appuyé à Moïse qui « devenu grand » refusa d’être appelé fils de la fille de Pharaon, pour rejoindre ses frères, renonçant ainsi aux gloires passagères, l’apôtre Paul évoque ensuite, à partir de Gédéon, tous ces autres grands Hébreux dont les œuvres furent exceptionnelles par la foi – c’est le leitmotiv de ces évocations : ils ont vaincu les ennemis, conquis des royaumes, ils ont ressuscité des morts. Leur courage dans les épreuves, volontaires ou infligées n’est pas moins remarquable : on les a tués, sciés, lapidés. Ils vivaient dans des cavernes ou des trous de la terre, vêtus de peaux de bêtes, eux dont le monde était indigne.

Cependant, poursuit l’apôtre, ils n’ont pas reçu la récompense espérée et promise !

Est-ce un surprenant paradoxe, pourrions-nous demander …

Non, poursuit l’apôtre : Dieu ne voulait pas – pour accroître la plénitude de la récompense – qu’ils parviennent sans nous à l’aboutissement.

Mais nous, avec de tels témoins – dont la valeur n’est pas méconnue ! – prenons le Christ pour guide et pour modèle, le Christ qui a choisi la Croix et subi l’humiliation, mais qui siège à la droite de Dieu.

IIICette gloire impérissable qui entourait le Christ, même en cette vie, nous en avons une idée et un reflet saisissants dans l’épisode de Nathanaël. Jésus venait de choisir Philippe, comme Il le faisait généralement en lui disant simplement : « Suis-moi ! ». Adhésion immédiate et totale de Philippe ! Celui-ci rencontre, peu après, Nathanaël et il lui : « Celui dont Moïse et les prophètes ont parlé, nous l’avons trouvé : c’est Jésus, le fils de Joseph de Nazareth ». Nathanaël n’attendait rien de bon de Nazareth, mais il suit Philippe. Jésus, le voyant arriver dit : « Voici un vrai Israélite en qui il n’y a point de fraude ». « Comment me connais-tu ? », demande Nathanaël stupéfait. Jésus répond : « Avant que Philippe t’appelle, quand tu étais sous le figuier je t’ai vu ! » Nathanël, bouleversé par cette « double vue » de Jésus, Le reconnaît aussitôt comme Fils de Dieu et roi d’israël. Mais le Christ annonce d’avantage : vous verrez le ciel ouvert et les anges monter et descendre sur le Fils de l’homme.

Vision mystique ! qui fut celle des apôtres ou du précurseur – pensons notamment au Baptême, à la Transfiguration , à l’Ensevelissement, à tous ceux, en général, que le Christ choisit …

Voir « au-delà des apparences » n’est-ce pas à cela que nous convient nos saintes icônes que nous fêtons aujourd’hui ? VÉNÉRONS-LES !

 

AMIN

 



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DIMANCHE de l’EXPULSION d’ADAM

Matines : Jean XX, 11-18

Liturgie : Rom. XIII, 11 – XIV, 4 ; Matt. VI, 14-21


AU NOM DU PERE DU FILS ET DU SAINT ESPRIT

Bien-aimés Frères et Sœurs

 

Ce dimanche est aussi celui de la Tyrophagie, c’est-à-dire, ce soir même, la fin des Laitages, et le commencement du Grand Carême, temps de Pénitence absolue, conduisant à la PÂQUE du Christ souffrant et Rédempteur.

1 – Ces quarante jours rappellent immédiatement les quarante jours de Lamentations et de désespoir d’Adam et d’Eve au pied des murs du Paradis Terrestre dont ils venaient d’être chassés pour leur désobéissance. Après le péché, raconte la Genèse, Adam et Eve entendirent la « Voix » de Dieu – qui ne leur avait pas encore parlé ! Mais Dieu est Parole qui se promenait au Paradis terrestre, par ce beau jour ensoleillé. Ils se cachèrent car ils étaient nus et, maintenant, ils le savaient ! Et Dieu – le Christ, qui se promenait, et qui, en tant qu’homme ne sait pas tout –, les appelle : « Adam, Adam ! Où es-tu ? »

« … Je t’ai entendu marcher dans le Paradis et j’ai eu peur, parce que je suis nu ! ». Ainsi Adam confessait-il sa faute. Il fut chassé du Paradis, et pendant quarante jours, il se lamenta autour des murs du Paradis.

Nous avons eu, dès avant le début du Grand Carême, le chant du Psaume 136 « Près des fleuves de Babylone assis, nous pleurions en nous souvenant de Sion … » autre chant d’exil et de douleur.

Mais fondamentale s’avère la notion de PARDON, qui, peu avant la péricope de ce jour consacrée à la prière, figure évidemment dans le « Notre Père » enseigné en ce jour par le Christ à Ses apôtres, mais est en outre soulignée par ce commentaire du Seigneur Lui-même : « Si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus ».

Ce dimanche, en effet, est celui du Pardon !

2 – Réveillez-vous du sommeil ! Le temps presse, dit l’apôtre Paul, le Salut est plus près de nous que quand nous nous sommes convertis – puisqu’il s’agit, en effet, en ce dimanche, de la proximité de la Pâque. Rejetons les œuvres de ténèbres !

L’épître poursuit : « Ne nous jugeons pas les uns les autres ». Certains jeûnent beaucoup, d’autres jeûnent moins. Nous n’avons pas le pouvoir de juger.

3 - Il y a des jeûnes ostentatoires : ils ont en eux-mêmes leur récompense, dit quant à lui l’apôtre Matthieu.

Le vrai jeûne est pour Dieu Seul : on jeûne dans le secret et Dieu nous voit.

Il convient en effet d’être détaché des biens et des valeurs de ce monde – où il y a, nous la savons, des parasites et des voleurs : les vrais trésors sont ceux que l’on amasse dans le Ciel.

Notre modèle absolu du détachement et de l’ascèse est évidemment le CHRIST en sa Passion volontaire.

Mais, dans cet évangile même, le thème de l’ascèse n’est en aucune manière disjoint de celui du pardon : « Si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous pardonnera aussi les vôtres. Si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus les vôtres ».

Si bien que ce dimanche qui précède immédiatement le Grand Carême est aussi celui du Pardon. Le dimanche précédent qui était celui du Jugement, vous avez observé que le Christ dans la prosopopée de son discours aux élus et aux damnés, ne parle nullement des devoirs envers Dieu, mais uniquement de la charité – ou du manque de charité – envers le prochain. Il va sans dire que nous nous engageons aujourd’hui dans le Carême par amour pour Dieu, et donc par loyauté envers Ses commandements. Mais nul ne peut aimer Dieu s’il n’aime pas son prochain : le premier et le « second » commandement sont liés et ils sont semblables. C’est donc de grand cœur que tout à l’heure nous nous pardonnerons les uns les autres.

Allons au Christ Sauveur en nous unissant à Lui par la souffrance, celle en particulier que comporte la privation de nourritures et de toutes les autres jouissances mondaines.

Lui qui est Dieu !

Mais allons aussi à Lui par l’amour pour nos frères.

Dans le Carême, nous nous acheminons, par la souffrance, vers la Pâque. Mais, en liaison avec la préoccupation constante du prochain, cet autre thème est présent  dans les textes de ce jour : Ne jugeons pas ! …

En effet, le seul Juge est Dieu.

Juge terrible, en vérité (Le Dimanche du Jugement est tout proche !)

- Pensons au long exil de la descendance d’Adam,

- Pensons au long exil de Babylone,

- Pensons à la fin redoutable du Psaume « Près des fleuves de Babylone » :: « Fille de Babylone … Heureux qui saisira tes enfants, et les brisera contre le rocher ».

Dieu, certes, est le Juge Terrible,

Mais Il est aussi notre Sauveur et notre Rédempteur.

 

AMIN




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DIMANCHE du JUGEMENT

 

 

Matines : Jean XX, 1-10

Liturgie : 1 Cor. VIII, 8 - IX, 2 ; Matt. XXV, 31-46

 

AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT ESPRIT !

Bien aimés Frères et Sœurs !

 

I - Ce dimanche qui est celui du Jugement, est également le dimanche de « Carnaval » - ce qui veut dire : « adieu, la viande ! » - et marque l’accès dans le jeûne, relativement limité, de la « Semaine des Laitages ».

Ceci nous explique immédiatement le thème de l’épître aux Corinthiens qui vient d’être lue. L’apôtre parle du jeûne, d’une certaine manière quant au fond : la nourriture ne nous rapproche, ni ne nous éloigne de Dieu : si nous mangeons, nous n’aurons rien de plus, et si nous ne mangeons pas, rien de moins. Cela remet les choses au point : le jeûne n’est pas un concours d’athlétisme, on ne regarde pas qui jeûne plus ou moins.

Mais attention : il peut arriver qu’un croyant pieux soit amené un jour – par telle circonstance momentanée – à ne pas jeûner ... Mais si un fidèle moins averti, le voit ne pas jeûner en un lieu public (comme étaient les temples païens) et s’il est scandalisé, alors il faut s’abstenir de ce repas afin de ne pas scandaliser ce fidèle innocent pour lequel Christ est mort ! Plutôt que de scandaliser un frère, conclut l’apôtre, j’aime mieux ne plus jamais manger de viande.

L’abstention de certaines nourritures reste également dans le Carême une règle de spiritualité : il s’agit, pour nous, de nous priver des nourritures carnées – qui sont des excitants et qui, comme telles, contrarient la prière.

IILe Carême est une période bénie d’affinement dans notre acheminement annuel et perpétuel, vers le Seigneur, Pâques d’abord qui est la fête de notre Salut, et ensuite le Jour Terrible du Jugement, celui qui nous attend au-delà de notre vie. Dans la péricope d’aujourd’hui, le Christ évoque Son retour, avec tous les anges, lorsqu’Il viendra pour juger tous les hommes. Le monde actuel, fondamentalement païen, n’y pense pas, mais il y aura ce Jugement final certains seront condamnés, tandis que d’autres seront sauvés.

« Tous les hommes seront sauvés ! » disent aujourd’hui les sots, les jouisseurs, certains « intellos », voire certaines pseudo églises. Du tout ! Le Christ notre Dieu dit explicitement le contraire ! Au jour terrible, Il séparera Lui-même les brebis d’avec les boucs, les bons qui donnent du fruit et les mauvais qui n’en donnent pas !

Le critère de discernement du Juge est explicité. Aux brebis Il dira : « Venez les bénis de mon Père au Royaume préparé pour vous dès le commencement du monde » car, poursuit-Il, « j’ai eu faim et vous m’avez nourri, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire, j’étais nu et vous m’avez vêtu, malade et vous m’avez soigné, prisonnier et vous m’avez visité »… Mais ces bons répondront avec stupeur : « quand t’avons-nous trouvé affamé et t’avons-nous nourri ? Quand, assoiffé et t’avons-nous désaltéré »… et ainsi de suite pour tous les autres secours évoqués. Ils sont ébahis, mais le Christ leur répond : « Quand vous l’avez fait au plus petit d’entre mes frères, c’est à Moi que vous l’avez fait ».

« Au plus petit D’ENTRE MES FRÈRES … » : C’est généreux, sans aucun doute, d’envoyer de l’argent à Haïti ou ailleurs. Mais les frères du Christ c’est ceux qui se rattachent à Lui, ecclésiastiques et fidèles, et qui, par suite, reçoivent et donnent A CAUSE DE LUI.

Comme nous le savons, et comme je le rappelais plus haut, le jeûne est un moyen privilégié d’affinement et d’approfondissement spirituel. Mais, comme il est dit ailleurs dans les évangiles, il ne s’agit pas de s’isoler dans son propre ascétisme, de prendre la mine contrite et de se replier sur soi : ayez au contraire un comportement bienveillant et souriant comme si vous ne jeûniez pas : pratiquons le jeûne, mais n’oublions pas le prochain – c’est-à-dire les plus proches, au sens étymologique du terme. Le jeûne ne doit pas se disjoindre de la charité.

Ainsi armés par ces commandements salutaires, acheminons-nous fraternellement vers un SAINT CARÊME !

 

AMIN

 


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DIMANCHE du « FILS PRODIGUE »

Matines : Luc XXIV, 36-53

Liturgie : 1 Cor. VI, 12-20 ; Luc XV, 11-32

 

AU NOM DU PERE DU FILS ET DU SAINT ESPRIT !

Bien-aimés Frères et Sœurs !


I - Des choses sont permises, nous dit l’Epître aux Corinthiens, mais tout ce qui est licite n’est pas utile. Il ne faut pas être esclave de ce dont on fait usage, et ceci est une amorce, encore lointaine, du thème du jeûne. Les viandes en effet, les nourritures, sont pour le corps, mais les viandes et le corps seront également détruits.

Mais plus grave est la débauche et il s’agit en effet en ce jour du « fils débauché » - on dit couramment en français le fils « prodigue », mais cette « prodigalité » est un euphémisme occidental ! Celui qui pèche avec son corps, poursuit l’apôtre, devient tout un avec la « débauchée » avec laquelle il pèche.

C’est de la même manière que l’apôtre s’exprime en évoquant le « grand sacrement » du mariage : l’homme « collera » à son épouse et ils deviendront un seul être … c’est pour cela que l’homme « quittera son père et sa mère » et vivra avec sa femme. Ces paroles reprennent exactement celles d’Adam (Genèse) lors de la création d’Eve.

Or s’unir à la prostituée, c’est également devenir tout un avec elle. Vous le voyez, l’apôtre est bien loin de minimiser les « unions illégitimes » ou passagères !

Car le corps est pour Dieu. : il appartient à Dieu dont il est le Temple.

D’où la gravité de la faute de ce Fils « débauché » d’aujourd’hui.

Retenez cela, vous les « ados » ! Et retenez-le aussi, vous les pères : ne soyez pas trop « cool », comme on l’est aujourd’hui …

II - L’évangile développe cette histoire du Fils débauché qui demande à son Père sa part d’héritage et l’ayant reçue s’en va dans la « ville de perdition » où il dépense tout avec des femmes ...

Survient une famine, le Fils, ruiné par ses dépenses de débauche, est contraint de travailler, il devient gardien de porcs, il aimerait bien se rassasier des caroubes (ou carouges) que mangent les porcs, personne ne lui en donne ! Il réfléchit et il décide de rentrer chez son père où même les domestiques mangent à leur faim.

Or le Père le voit venir de loin …Il l’attendait, vous le comprenez, comme un père attend toujours le retour à la raison d’un fils révolté et égaré.  Ce père, alors, va au devant de ce Fils, il l’accueille … le Fils, d’ailleurs, se repent humblement, il ne se juge plus digne d’être appelé le fils de son Père et demande à être traité comme un simple domestique. Mais le Père fait faire une fête, tuer le veau gras, habiller richement le Fils … et la fête commence !

Mais, vous le constatez, ce Père n’était pas allé chercher le fils « dans la ville de perdition » C’est un autre avertissement pour les parents ! Certains d’entre eux, pour ne pas perdre le contact avec les enfants « ados » se mettent à aller dans leur sens ... On voit des parents prendre leurs distances avec les normes d’autrefois ! Des mères se mettent à s’habiller en mini jupes … N’allez pas chercher vos enfants égarés « dans la ville de perdition » : attendez leur retour dans la demeure paternelle, c’est-à-dire dans les comportements que vous avez reçu vous-mêmes de vos pères !

Mais quand le fils égaré revient et se repent, accueillez-le avec amour, facilitez son retour.

Cet amour bienveillant n’est pas toujours compris. Ici, en effet, quand survient le Fils aîné, fidèle et travailleur, celui-ci s’irrite – justement …  Le Père  va vers lui et lui dit 1) « Tout ce qui est à moi est à toi » 2) « Ton frère était mort et il est retrouvé »

Le Repentir entraîne le Pardon.

« Il y a plus de joie dans le Royaume des cieux pour un pécheur qui se convertit, que pour quatre-vingt dix-neuf justes qui persévèrent ».

LE PERE de cette péricope, vous le comprenez, EST DIEU. Le Fils revient et il rencontre DIEU.

Tels le fils débauché, revenons humblement vers Dieu et demandons-lui Pardon.

 

AMIN



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FÊTE de la SAINTE RENCONTRE

Matines : Luc II, 25-32

Liturgie : Hébr. VII, 7-17 ; Luc II, 22-40

 

AU NOM DU PÈRE DU FILS ET DU SAINT ESPRIT !

Bien-aimés Frères et Sœurs,

 

Ce jour de la Sainte Rencontre est mystiquement notre fête à tous !

IMelchisédech est le personnage le plus énigmatique de l’histoire de notre salut « Sans père, sans mère, sans généalogie, souligne l’apôtre, sans commencement de ses jours ni fin de vie étant ainsi semblable au Fils de Dieu, il demeure sacrificateur pour toujours ».

Lorsque Abraham revint de la défaite des rois, Melchisédech se manifeste, il le bénit – il lui donna du pain et du vin est-il dit dans un autre texte, ce qui est une image du mystère central de notre Foi, l’Eucharistie – et il reçut d’Abraham vainqueur la dîme, l’impôt ecclésiastique par excellence.

Sa supériorité par rapport à notre patriarche Abraham est patente et soulignée. C’est le supérieur qui bénit et c’est le supérieur qui reçoit la dîme. Par Abraham son ancêtre – en qui il était présent selon l’anthropologie biblique –, c’est Lévi, c’est-à-dire le sacerdoce israélite qui a reçu de Melchisédech la bénédiction que le supérieur donne à l’inférieur et qui lui a payé la dîme.

Or si l’on avait pu s’élever à la perfection par le sacerdoce lévitique, c’est-à-dire celui de la Loi, quel besoin y aurait-il eu d’un autre sacerdoce ?

Le Christ descend de Juda – dans la descendance de qui il n’y avait jamais eu de prêtre. Or le Christ est prêtre pour l’éternité selon l’ordre de Melchisédech.

Avec le Christ, le peuple élu passe donc de la loi à la foi et à la grâce, du sacerdoce issu de Moïse au Sacerdoce Eternel selon l’ordre de Melchisédech.

IILa péricope de Luc est le cœur de notre fête à tous. La prière du juste vieillard Siméon, nous la savons tous par cœur et dans l’église, rituellement, on la récite d’innombrables fois : « Et maintenant, Seigneur, tu laisses ton serviteur s’en aller en paix selon Ta parole, car mes yeux ont vu le Salut que tu as préparé pour être mis devant tous les peuples, lumière qui doit briller sur toutes les nations et gloire de ton peuple Israël ».

Siméon était un vieillard très pieux et l’Esprit Saint lui avait révélé qu’il ne mourrait pas sans avoir vu le Christ.

Or, quand Joseph et Marie arrivèrent au Temple pour la présentation de ce tout petit enfant, Siméon le reconnut aussitôt – car on reconnaît toujours Dieu ! – et il adressa la prière que nous répétons si souvent avec amour : « Et maintenant, Seigneur, … »

La prophétesse Anne, très vieille et très pieuse joignait ses actions de grâces à celle de Siméon. C’est vraiment aussi le jour de notre émerveillement et de notre reconnaissance éperdue …

Mais n’oublions pas non plus que Siméon a ajouté – ce que tous les siècles ont confirmé … – que Jésus serait l’occasion de la chute et du relèvement de plusieurs. Il sera signe de contradictions et, ajoute-t-il pour Marie : une épée transpercera ton cœur.

C’est notre Fête et Christ est notre Salut, mais, spécialement en ce début de Carême, sachons que le Salut même comporte la souffrance.

Reconnaissons Dieu et mettons en Lui tout notre amour !

AMIN



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